Le goût de l'avenir

Hier soir un groupe d’associations clunisoises d’éducation populaire invitait Jean-Claude Guillebaud pour une conférence intitulée “le Goût de l’Avenir”, titre tiré de l’un de ses sept livres traitant des changements que nous vivons depuis vingt ans, et de ceux encore à venir.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, JC Guillebaud fut pendant 20 ans grand reporter au Monde, puis éditeur au Seuil, et depuis 10 ans écrivain reconnu pour son oeuvre dans le domaine des sciences humaines.

JC Guillebaud se défini lui-même comme un optimiste, cherchant à comprendre ce qui se passe dans le monde afin d’en garder ce qui semble positif et en limiter les aspects négatifs. Exercice qui passe par une compréhension des éléments techniques de base des grandes disciplines (économie, génétique, géopolitiqe, etc..) et de ce qui les relie. Il importe également d’apprendre à distinguer ce qu’il appelle le “clapot”, un mouvement de surface d’ampleur faible ou moyenne allant dans une certaine direction, de la “houle”, mouvement de grande ampleur, plus lent et moins visible. En gros, pour lui, les médias parlent du clapot. Voir la houle implique d’analyser des paramètres fondamentaux qui évoluent lentement, tel que le taux d’éducation des femmes, le niveau de natalité, etc… Même si le clapot actuel donne une impression d’un monde régressif à feu et à sang, l’analyse de la houle démontre un rapprochement et un métissage croissant des grandes civilisations.

JC Guillebaud réfute complètement la notion de “choc des civilisations”, développé par Samuel Huntington dans les années 90 et appliquée par l’administration Bush depuis le 11 septembre 2001, avec les résutlats catastrophique que l’on sait. Notion dont l’administration Obama à clairement fait le deuil.

JC Guillebaud résume la révolution qui tourmente le monde depuis 20 ans comme équivalente au passage à l’ère Néolithique, voici 12 000 ans, période ou l’homme s’est sédentarisé et à commencé à fonder de vraies civilisations. Mais ce qui prenait des siècles à l’époque prend aujourd’hui quelques décennies seulement, et nous ne sommes pas équipés pour réagir aussi vite.

Il divise cette grande révolution en 4 éléments, ou vecteurs, distincts:

1) La révolution informatique, dont nous n’imaginons pas encore la réelle capacité à modifier nos vies. C’est ce fameux sixième continent, cet endroit virtuel ou tout le monde va se promener, va jouer, va faire des affaires (honnêtes ou non), continent sans réel cadre légal.

2) La révolution génétique, dont les promesses d’un avenir radieux (éradication des maladies génétiques, reproduction d’organes, meilleure santé) sont à défendre contre l’égale promesse d’un “brave new world” de clonage, reproduction choisie, etc…

3) La révolution économique, ou la mondialisation, qui sape les fondements de la démocratie classique. Il décrit la mondialisation comme un cheval fou qui parcours le monde à sa guise, et sur lequel il est urgent de remettre un licol et une selle.

4) La révolution écologique, ou la reconnaissance par tous les acteurs des effets destructeurs de leur propre environnement d’actions qui ne prennent pas en compte la réalité écologique.

Il est pour lui vital de se positionner par rapport à tous ces vecteurs, et se positionner implique de se forger des convictions. Sans conviction, sans avis, l’homme devient consommateur le jour, téléspectateur la nuit, manipulé et abruti par les pouvoirs médiatiques, politiques,économiques. Comme le colibri de la fable amerindienne qui essaie d’éteindre un incendie de forêt en amenant l’eau de fleuve goutte par goutte, l’important est de faire sa part. Il faut avoir le courage de défendre ses convictions, et s’autoriser la saine colère envers l’inacceptable.

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A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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