Etat et politique culturelle

Le Monde Diplomatique du 20 juillet publie un article intitulé “La politique culturelle en toutes lettres“.

Il s’agit, sans surprise, d’une analyse plutôt négative de l’action du régime Sarkozy en la matière.

Extrait:

Désormais, l’activité artistique et son patrimoine seront exploités à des fins numériques dans le seul dessein d’en faire profit. C’est le sens des effets d’annonce multisectoriels qui ponctuent ses propos depuis plus de deux ans : « captations de spectacle » pour relancer l’éducation artistique ; « cartes musique sur Internet » pour les jeunes ; numérisation des fonds des bibliothèques mais aussi des films, loi Hadopi, baisse de la TVA pour le livre numérique… Tout permet, malgré les déclarations de bonnes intentions sur le spectacle vivant, la lutte contre le piratage ou les vertus (discutables) de la gratuité dans les musées, de comprendre que les finalités ultimes de la nouvelle politique culturelle sont de privilégier la culture de l’image sur celle de l’écrit. Et, par extension commerciale, celle de l’écran sur celle de la scène. Puisque le nouveau pouvoir culturel appartient désormais aux opérateurs téléphoniques, à Google, Apple et quelques majors américaines (Universal, Sony, EMI…), l’Etat va se donner le beau rôle d’avoir à arbitrer sans avoir à financer. C’est ainsi qu’à coup de sponsoring, lobbying, et rapports publics commandités à leurs cadres dirigeants, ces industries du futur se sont mises à occuper l’espace politique pour servir leurs intérêts.

En clair, le cadre est posé pour faire de la culture un business comme les autres. L’équivalence de la culture et du show-business, avec ses produits d’appel, son prêt-à-porter, son haut de gamme chic et ses big boss fumant cigares et comptant les billets.

Mais voyons les choses d’un autre oeil: la main-mise de l’Etat sur la culture est-elle réellement une si bonne chose? Certes la France a connu une période glorieuse sous Mitterand/Lang de développement culturel financé à grande échelle (toutes proportions gardées) par l’Etat et je suis moi-même bénévole dans des structures culturelle associatives dont les anciens se souviennent avec nostalgie de cette époque, mais le risque de conformisme et de dépendance inhérent à cette prodigalité est néanmoins évident, on le voit bien aujourd’hui avec les problèmes que cause le retrait de l’Etat en matière culturelle.

Bien sur il y aura toujours une forme de culture d’Etat comme il existe des cultures d’entreprises, mais quel système élaborer pour permettre le jaillissement de la création culturelle envers tous les publics sans dépendance commerciale ni institutionnelle?

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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