Chronique de la Bêtise n°7: Ya bon Français!

Relevé cette semaine:

Eric Besson: « Si cela vous choque que des étrangers deviennent de “bons petits Français”, moi je trouve que c’est une excellente nouvelle. Etre des “bons Français”, ça ne veut pas dire renier son histoire, ses origines ou sa culture française. Si mon ministère peut être une machine à fabriquer de bon Français, je serai très heureux. »

Nadine Morano: « Moi, ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c’est qu’il aime son pays, c’est qu’il trouve un travail, c’est qu’il ne parle pas le verlan, qu’il ne mette pas sa casquette à l’envers. »

Question: si on comprend bien qu’un immigré mal intégré est un mauvais français, un français de souche délinquant peut-il aussi être un mauvais français ou est-ce une catégorie réservée?

L’adjectif “petit” employé par Besson fait-il référence au Guide Suprême, NS? Un bon français doit-il être petit? Merde, c’est mal parti pour moi, c’est pas demain que je deviendrai français…

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

5 réponses

  1. Bradley

    Cetes, il y a des relents racistes de la pire espèce dans toutes ces déclarations mais il reste tout de même un problème à régler qui est un problème de fond. Instrumentalisé ou pas, ce problème n’a jamais été traité que dans la forme alors que la délinquance qui peut lui être rattachée et qui en est la pire manifestation est liée à l’histoire particulière et aux racines de la population visée par ces remarques désobligeantes. Cette délinquance qui empêche de fait une intégration en bonne et due forme doit donc faire l’objet d’un traitement spécifique qui prenne en compte cette dimension historique. Vaste question mêlant fierté des origines, réalités économiques et sociales et sur laquelle, je le crains, on n’a pas fini de se casser les dents.

  2. Vincent Verschoore

    Bien d’accord avec vous, mais l’amalgame fait entre la délinquance et la culture est contre-productive, du moins en termes d’action préventive. C’est certainement productif en termes de récupération politique. La délinquance existe et il faut la contrer, mais l’approche stigmatisante et uniquement répressive ne fonctionne pas, de toute évidence. On sait depuis longtemps que la réflexion et la matraque ne sont pas compatibles.

  3. Bradley

    Je ne m’exprimais pas du tout en tant que spécialiste de la question, ce dont vous vous êtes sûrement aperçu, mais en tant que citoyen confronté à un certain type de comportements. J’ai vécu à ROUBAIX toute mon enfance jusqu’à l’âge de 40 ans et les raisons pour lesquelles j’en suis parti sont étroitement liées à des problèmes de cet ordre. A une même forme de délinquance, je crois qu’on peut trouver plusieurs causes différentes: un tel tournera mal du fait d’un contexte familial difficile, tel autre parce qu’il aura subi des violences durant l’enfance. Je crois que, concernant les populations incriminées, les causes sont à rechercher ailleurs et qu’elles le sont davantage du côté d’une fierté collective bafouée. La culture d’origine, la mentalité, l’éducation et que sais-je encore … Tenez, j’y pensais encore un peu plus tôt dans la journée mais récemment, j’ai eu à faire pour la première fois de ma vie (j’ai 53 ans) à une employée de l’administration d’origine magrébine âgée d’une quarantaine d’années. Cela dans le cadre de mon activité artisanale et je me trouvais pour cette occasion particulière dans la position du solliciteur. Peut-être n’y a-t-il pas lieu d’établir le moindre lien de cause à effet dans ma mésaventure mais je peux vous assurer que pour la raison la plus futile qui soit, cette dame s’est mise dans un état d’hystérie incroyable pour me passer la pire des rares avoines que j’ai jamais eues à subir dans toute ma vie d’adulte. Elle ne m’a rien épargné allant jusqu’à me faire la morale et à me traiter comme un garnement. Mais pour en revenir à nos moutons, pour comprendre le ras le bol, il faut avoir vécu le problème de l’intérieur, savoir ce que c’est que de devoir s’écraser devant des petits caïds 10 fois par jour et savoir garder ses nerfs au risque des pires représailles. Non, je n’exagère pas: je me suis fait, en plein jour et devant tout un immeuble, cracher en pleine figure par un père d’une dizaine d’années de plus que moi parce que j’avais eu un geste d’impatience à l’égard de sa gamine qui n’en finissait pas d’hésiter à traverser. Croyez-moi, je ne sais pas quel profit je pourrais tirer à vous dire tout ça. Et si ça me soulage, c’est sans doute parce qu’il y a une bonne part de vérité.

  4. Vincent Verschoore

    Merci pour ce témoignage! J’ai la chance de vivre dans une petite ville de campagne mais j’imagine parfaitement le sentiment d’angoisse et de haine que doit générer le fait d’être constamment soumis à la loi humiliante des caids des cités. C’est pas pour rien que le FN ratisse large dans les banlieues populaires. Que faire? Le chantier de reconstruction de cette société est énorme, et la politique sarkozyste consistant à jeter de l’huile sur le feu pour faire peur et glaner les votes sécuritaires est criminelle. Il faut mettre en place un système combinant éducation, économie, culture avec un horizon d’une génération, vu d’où l’on part. Ca demande autre chose aux manettes qu’une bande de matraqueurs véreux.

  5. Bradley

    Un grand merci pour votre compréhension Vincent Verschoore mais quant à moi, je ne me sens pas du tout l’âme d’un abbé Pierre. Ils sont juste en train de débattre des moines de Thibérine dans “C dans l’air” à l’instant même où je vous écris et bien que sensible au triste sort de ces braves hommes, je n’éprouve pas le moindre intérêt pour le sujet.

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