Les rapports entre la police et la population étant un de mes intérêts récurrents, je lisais hier sur Le Parisien cet article intitulé Tunisie : des policiers défilent, la province entame une marche vers la capitale où l’on découvre des policiers “repentis” demandant pardon à la foule pour leurs exactions envers elle sous Ben Ali, ainsi que la création d’un syndicat. J’imagine qu’en cas de révolution en terre de France suite à une confrontation plus ou moins sanglante avec les forces de l’ordre, on pourrait aussi voir ici ce genre de scènes. Mais la question reste: pourquoi les policiers, s’ils ne sont pas d’accord dès le départ avec la politique liberticide que leur impose tel ou tel régime, font-ils néanmoins le boulot – jusqu’à tuer des manifestants – alors que personne, en réalité, ne peut les y obliger? En effet, ils détiennent les armes et hors l’armée personne n’a vraiment les moyens de les forcer à faire quoi que ce soit. D’autant que dans le cas Tunisien (et sans doute dans le cas Français, si l’expérience de de Gaulle en 68 peut encore servir de guide), l’armée n’est pas disposée à aider la police à massacrer la population civile de son propre pays.
Faut-il en déduire que les policiers qui se “repentent” sont en fait des lâches qui ne font que retourner leur veste en fonction du sens du vent, où existe t-il réellement un système coercitif, un lavage de cerveau spécifique “police”, un dressage rendant possible de faire commettre des actions terribles à des flics qui ne se “réveillent” que lorsque leur maître tombe à son tour? La réalité est certainement plus complexe que ce simple choix binaire, et même en Tunisie de nombreux flics regrettent certainement Ben Ali, l’ordre et la discipline des régimes policiers; tout comme ici la majorité des flics se sentent nettement plus proches d’un(e) le Pen, d’un Hortefeux ou d’un Sarkozy que d’un Besancenot.
Du flic tordu utilisant la puissance de l’uniforme pour assouvir ses pulsions de domination sadique au flic bienveillant dont le seul souci est de maintenir l’ordre nécessaire au bien commun, la distance est grande et la question sera de savoir comment faire le tri, le jour ou il faudra le faire.