Que se passe t’il à Fukushima?

Bon résumé par le correspondant à Vienne (Autriche) de France 24:

Selon le New York Times de ce matin, la situation reste extrêmement délicate suite à la série noire qui frappe le site de Fukushima depuis l’arrêt automatique des réacteurs pendant le tremblement de terre.  Pour Hiroaki Koide, spécialiste des réacteurs nucléaires de l’Institut de Recherches en Réacteurs de l’Université de Kyoto “on peut présumer que l’enceinte de confinement du réacteur 2 est déjà percée. S’il y a une fonte importante au sein du réacteur, il y aura certainement beaucoup de libération de radiation”.

Un des problèmes majeurs est le fait que les travailleurs oeuvrant à proximité des réacteurs pour tenter de les refroidir encaissent les millisieverts et ne peuvent rester longtemps sur place, or sans main d’oeuvre sur place les réacteurs sont de facto laissés à leur propre sort.  Des 800 travailleurs sur site en début de semaine, il en reste aujourd’hui une cinquantaine pour faire face au multiples fronts. On mesurait hier des pointes de radioactivité à proximité du site de 400 millisieverts par heure, ce qui correspond pour 7 minutes d’exposition à une dose annuelle maximale, et pour 75 minutes d’exposition à une dose hautement dommageable pour la santé et sans doute mortelle à terme. Seul point positif: les vents poussent actuellement le nuage radioactif vers le Pacifique plutôt que vers l’intérieur du pays. Les trois explosions en quatre jours placent clairement Fukushima, avec un score de 6/7 pour l’instant, juste derrière Tchernobyl en matière de gravité d’accident nucléaire (7/7) et loin devant Three Mile Island (4/7).

On peut résumer cette série noire ainsi: malgré le fait que la mise à l’arrêt automatique des réacteurs s’est correctement effectuée (insertion des barres de contrôle afin d’arrêter la réaction nucléaire), le nécessaire circuit de refroidissement des barres est tombé en panne sous l’effet du tremblement de terre. Le système de secours n’a pas pu démarré, toujours à cause des dégâts causés par le tremblement. Les barres de combustible n’ont donc pas pu se refroidir et ont créé un effet cocotte-minute, transformant l’eau présente autour du réacteur en vapeur et augmentant la pression – principalement au niveau du réacteur 2. La réponse fut alors de pomper de l’eau de mer dans les enceintes pour compenser le non fonctionnement des circuits de refroidissement, chose complexe à réaliser sans alimentation électrique locale, dans des conditions de stress et de danger maximum et avec, en plus, un défaut de vanne empêchant pendant plusieurs heures l’alimentation en eau du réacteur 2. De ce fait les barres de combustible se sont retrouvées au sec et ont chauffé d’autant plus vite, atteignant sans doute, par endroits, le point de fusion ou “meltdown”.

Le réacteur 4, à l’arrêt depuis plusieurs mois, a pris feu car ses barres de combustible, stockées dans une piscine de refroidissement, se sont retrouvées à l’air libre du fait du défaut des circuits de refroidissement. Ce feu est à présent sous contrôle.

Même si les équipes sur site arrivent à empêcher un meltdown complet et immédiat du réacteur 2, les deux possibilités qui subsistent posent de graves problèmes: d’une part continuer à pomper de l’eau de mer pour refroidir et laisser échapper suffisamment de vapeur radioactive pour éviter l’explosion de l’enceinte sous pression, ce qui n’est possible que tant que les vents poussent au large. D’autre part arrêter de pomper et espérer que le réacteur aura suffisamment refroidi pour ne pas fondre, gardant en son sein et pour l’éternité les particules radioactives. Mais s’il n’a pas assez refroidi, on se retrouvera dans la même situation qu’à Tchernobyl.

Ce dramatique accident replace encore aune fois la question du nucléaire au coeur de l’espace médiatique. Il me semble peu productif de commenter à chaud d’autant qu’au même moment des gens se battent au péril de leur vie pour essayer de sauver ce qui peut l’être dans l’enfer de Fukushima, et qu’un peuple tout entier vient de subir – est toujours en train de subir – une catastrophe à trois étages (tremblement de terre, tsunami et accident nucléaire) d’une férocité et d’une ampleur difficilement imaginable.  Attendons, faute de mieux, que la situation se stabilise d’une manière ou d’une autre avant d’en tirer toutes les conséquences.

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

1 réponse

  1. esha

    Sortir du nucléaire, est-ce possible ? Ce sera le thème d’une émission ce vendredi 14/10 à 19h sur le média numérique Opinews. Pas besoin de vous déplacer, tout se fait depuis vos ordinateurs avec 3 modes d’intervention possible 1/webcam (5 sur la même interface) 2/ Mode radio 3/ Tchat instantané. Venez-nous faire part de vos lumières 😉

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