SeaFrance, Calais, Boulogne: et maintenant?

La société est liquidée mais les jeux ne sont pas fais pour autant: la SNCF propose (avec un indice de crédibilité très incertain, certes) de reprendre 500 ex-employés, mais on se doute que tous ne trouverons pas une place dans le Nord-Pas-de-Calais. On apprend également que Louis Dreyfus Armateur, qui opère déjà des navires entre Calais et Douvres, prévoit de reprendre 300 personnes sur ses propres navires. Certes à des conditions LDA et non plus SeaFrance, où le rythme était du type 48h à bord, 48h repose trois fois de suite puis six jours de repos, et des salaires très corrects semble t’il. Chez LDA c’est plutôt du genre 15 jours à bord, 15 jours à terre, et des salaires plus compressés. Et on se doute que les candidats associés de trop près à la CFDT Maritime partent avec un handicap. Néanmoins, 300 + 500 ca fait presque le compte des 870 ex-SeaFrance aujourd’hui sans emploi, si (et c’est un gros “si”) tout le monde tient ses promesses.

Ce que je trouve énervant, en tant que nouvel arrivant à Boulogne-sur-Mer, c’est que tout se passe à Calais. Deux nouveaux ferries aux couleurs de LDA-DFDS sont attendus d’ici un ou deux mois pour récupérer le marché laissé vacant par SeaFrance. Déjà, P&O et Brittany Ferries opèrent de là, créant ainsi une base emploi importante et donc une activité économique alimentée par cette industrie (employés, voyageurs et services associés) plutôt importante. Alors qu’ici à Boulogne, malgré la construction d’un port spécial (Hub port) à 45 millions d’euros voici seulement trois ans pour desservir, notamment, une ligne LDA qui est partie sur la pointe des pieds en septembre 2010, rien. Plus de ferries à Boulogne et le port commercial est tombé en faillite, un grand désert flambant neuf aux portes de la ville avec pour seul signe de vie le remorqueur Abeille Languedoc, rattaché à Boulogne depuis octobre 2011. L’aire de départ des hovercrafts, que je fréquentais ado avec mes parents lors de voyages en Angleterre voici trente ans (déjà !), disparaît sous les sables. Quel gâchis.

Quelques images:

Promenade à Boulogne-sur-Mer par rhubarbare

Et guère d’espoir de pouvoir faire jouer la concurrence entre les ports vue que les ports de Dunkerque, Calais et Boulogne sont gérés par par une Super-CCI de la Côte d’Opale regroupant, depuis début 2011, les CCI de ces trois villes. Cette CCI ne veut pas de concurrence interne et le marché des ferries est donc réservé à Calais, Boulogne gardant la pêche et un grand point d’interrogation sur l’avenir de ses infrastructures et de son économie. La question ne pose également pour la gare maritime de Boulogne et son port de plaisance, la première un autre désert en plein centre-ville et le second largement trop petit par rapport à la demande. Il y a des projets bien sur, mais ca semble terriblement compliqué car ces espaces appartiennent au Conseil Régional (et non à la ville) et leur gestion est déléguée à la CCI Côte d’Opale. Visiblement la CCI et l’agglomération du Boulonnais (CAB) n’ont pas les mêmes idées sur ce qu’il convient de faire, et la CAB fait ce qu’elle peut pour récupérer la propriété des terrains de la gare maritime afin d’être maître chez elle. Ajoutez à cela une rumeur persistante accordant à la Franc-maçonnerie la main-mise sur la politique et l’économie locale et on peut penser que la ville n’est pas sortie du détroit, mais cela veut aussi dire qu’il a des choses à faire. Par exemple, en novembre dernier le maire de Boulogne, Frédéric Cuvillier, lançait lors de la remise des prix de l’ESS l’idée d’une monnaie locale. Voilà un sujet que j’ai déjà pas mal couvert sur ce blog, et à partir du moment où l’objectif de cette monnaie est bien défini et la communication bien faîte, c’est certainement une excellente initiative.

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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