Nous sommes tous au courant de la problématique économique sans doute sans précédant auquel fait face une grande partie de la population grecque. Situation liée au plan d’austérité (le mot est faible) concocté par politiciens, technocrates et banquiers du monde pour “sauver” une économie minée par Goldman Sachs et la mafia bancaire, la corruption et l’évasion fiscale. Je ne reviendrai pas ici sur les causes du désastre ni la pertinence ou non des mesures de sauvetage, mais sur ce que les gens peuvent faire de mieux, sur le terrain, pour se soustraire à l’emprise d’un système symbolisé par l’Euro: ne plus s’en servir.
A Volos, capitale économique d Thessalie comptant 71 000 âmes et ville touristique en bord de mer, une initiative citoyenne se développe autour d’une monnaie alternative, le TEM. Avec peu d’Euros en poche mais des besoins autant que des aptitudes, les habitants de Volos découvrent une monnaie de troc, très similaire à ce que nous connaissons dans le cadre des SEL: à chaque produit ou service répertorié dans un fichier central (en fait, la banque centrale TEM) est attribué une valeur en TEM, sur la base de 1 Euro = 1 TEM. Les participants au réseau (aujourd’hui 800 personnes environ) vendent et achètent en échangeant des TEM, chaque participant disposant d’un compte qui est alimenté ou débité en fonction des transactions réalisées. Le procédé reste actuellement manuel, les TEM prenant la forme d’un bout de papier avec les références de l’acheteur, du vendeur, et du montant. Ces transactions sont ensuite encodées dans un ordinateur (ordinateur et fondateur Yiannis Grigoriou sont présents sur une simple table au milieu du marché). On peut acheter de tout: produits alimentaires, joaillerie, plantes, services divers tels coiffure, cours de langues, yoga… Certains services sont payés avec une combinaison d’Euro et de TEM, tels des services d’animation pour enfants.
Pour Mr Grigoriou, le système permet des échanges et donc une vitalité économique qui n’existerait pas (ou plus) sur la seule base de l’Euro, mais aussi et surtout de redonner de l’espoir à une population passablement traumatisée. “On se rend compte que l’on a pas besoin de l’Euro”, explique t’il. Le maire de Volos, Panos Skotinotis, supporte le projet mais estime que les deux monnaies, TEM et Euro, peuvent très bien vivre côte-à-côte et que l’Euro n’est certainement pas en danger du fait des TEM.
Ci-dessous un petit reportage de la BBC:
Si le concept de monnaie alternative / parallèle / locale vous intéresse, ce blog contient un certain nombre d’articles sur le sujet. J’ai également réalisé un rapport succinct dans le cadre d’un projet en Bourgogne du Sud, visible en ligne sur Atramenta.
un blog remarquable, bravo. continuez!
Voir l’article dans la revue WE DEMAIN n°2: Les monnaies parallèles font sauter la banque