Le New York Times de ce matin titre “France Grants Its Recognition to Syria Rebels“, suite à la déclaration de Laurent Fabius tel qu’on la lit dans Nordeclair.fr par exemple: “Paris va également “soutenir” la Coalition, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à l’issue d’une rencontre au Caire avec son chef Ahmad Moaz Al-Khatib, et George Sabra, chef du CNS, principale composante de la nouvelle formation.”
Les six membres du Conseil de Coopération du Golfe, tous bien sûr des démocraties exemplaires dénuées de tout intérêt autre que le bien des Syriens (Arabie saoudite, Qatar, Koweït, Emirats arabes unis, Bahreïn et Oman) ainsi que les grands défenseurs habituels de la liberté à coups de bombes et de drones, USA et UK, en appellent à la démission de Bachar al-Assad et à la concertation des différentes factions au sein de cette “Coalition” des opposants au pouvoir Syrien actuel. La France s’est donc courageusement jointe à cette mouvance visant à mettre à terre un régime, certes brutal dans la tradition des régimes du Moyen-Orient mais toujours reconnu légitime par la majorité de la population Syrienne, au profit de bandes armées composées en grande partie de mercenaires (payés par qui, ça reste à démontrer) et d’islamistes qui font le tour des cours de récréation du coin: Irak, Libye, Syrie…
Même si on peut, du confort de nos salons européens, souhaiter des régimes plus progressistes au Moyen-Orient, le fait est que dans tous les cas et même ceux où la réalité d’un soulèvement populaire ne peut être mise en cause (Egypte, Tunisie…) les renversements de régimes ne sont finalement que des remplacement de régimes brutaux stables par des régimes brutaux instables à forte composante islamiste. Que cela soit le choix des populations moyen-orientales (ce dont je doute quand même), très bien mais je ne vois pas en quoi cela constituerait un progrès ni mériterait un soutien quelconque de pays occidentaux. Sauf s’il y a quelque part des promesses alléchantes de pillage – pardon, d’exploitation commune – de ressources naturelles, ou d’allégeances stratégiques en échanges d’une myopie certaine sur d’autres plans… Barbus ou pas, business is business.
La chute de Bachar-al-Assad plongerait (je ne sais pas s’il faut utiliser ici le conditionnel ou le futur) la Syrie dans un chaos de type Libyen, terrible pour les habitants mais ouvert à toues les influences prédatrices habituelles. Cette région est devenue un champ de bataille par proxi entre la sphère d’influence US et la sphère sino-russe, dominé par les intérêts pétroliers, miniers et militaires. Les gouvernements auto-proclamés chantres de la liberté et du respect du droit n’hésitent pas à en appeler au renversement par la force de régimes jusque là reconnus comme légitimes dès que cela les arrange, pour profiter du chaos qu’ils ont eux-mêmes aidés à installer en finançant et équipant des “opposants” à la solde du plus offrant. Pathétique.
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Table-ronde-sur-la-conference-de-Doha-avec-Pierre-Dortiguier-et-Bassam-Tahhan-14870.html
[…] barbus et du support politique de pays affamés de liberté et de démocratie (hé hé, voir cet article) contre l’atroce Assad, a du plomb dans […]
[…] barbus et du support politique de pays affamés de liberté et de démocratie (hé hé, voir cet article) contre l’atroce Assad, a du plomb dans […]
Merci,Rhubarbe,pour cette efficace synthèse géopolitique…
Néanmoins,je crois que quand vous écrivez :”au profit de bandes armées composées en grande partie de mercenaires (payés par qui, ça reste à démontrer) “,il est temps de désigner les criminels…ou peut être,”presque” temps…
Notre “ministre” des affaires étrangères,mais d’autres également,auront quelques comptes à rendre…