Jeu de mots facile d’autant que Valls est loin d’être le seul visé ici, mais il est quand même membre d’un gouvernement socialiste qui “éloigne” à peu près autant de sans-papiers que la bande à Sarko, dans des conditions tout aussi inhumaines (voir cette présentation du camp de concentration – pardon, centre de rétention administrative – Mesnil-Amelot2). Gouvernement donc, issu d’un PS qui ose se fendre d’une lettre compassionnelle au sujet du drame (qui n’en est qu’un parmi tant d’autres du même genre) de Lampedusa. On peut y lire, entre autres:
“Nos pensées vont vers ces familles qui ont perdu des proches et vers les habitants de Lampedusa qui font face à ce drame immense.”
Ben voyons. Et les vingt à trente mille expulsés que Valls compte bien réaliser chaque année, dont de très nombreuses personnes sans papiers certes mais avec un travail, aux études ou avec des enfants scolarisés, qui subissent un traumatisme et une dégradation de leurs conditions de vie quasi inimaginables pour des gens “normaux”, quelles pensées? N’est-il pas possible que parmi les noyés de Lampedusa se trouvent des gens expulsés qui tentent de revenir?
“L’Union Européenne doit aujourd’hui s’interroger sur la gestion de ses frontières maritimes qui la transforment parfois en forteresse notamment pour les demandeurs d’asile.”
C’est un fait, et c’est aussi une volonté affichée de tous les pays de l’UE que de la transformer en forteresse, tout en sachant que les drames de type Lampedusa sont, et seront, inévitables vu que les gens essaieront de passer quand même, quoi qu’il en coûte.
Politiques et technocrates, assumez au moins les conséquences de vos choix!
Mais cette forteresse n’est pas encore assez étanche pour certains, tel Mr Copé qui demande la mise en place d’un vrai corps de garde-frontières afin de garantir “une immigration choisie, pas une immigration subie, au service d’une intégration réussie“. Immigration choisie au sujet de laquelle le député UMP Thierry Mariani, peut susceptible d’anti-droite, reconnait que les politiques visant à attirer plus de professionnels avaient été “un échec”. En 2012, seulement 9 % des entrées sur le sol français (environ 18 000 titres sur 200 000) avaient un motif professionnel (1). Mais bien sûr, pour les bas de plafond tel Mr Copé rien ne vaut la matraque pour régler les problèmes sociaux. J’aimerai quand même savoir quelles consignes on donnerait aux gardes-côtes abordant des bateaux chargés de migrants: Nettoyage à la mitrailleuse? Eperonnage (méthode tunisienne) ? Entraînement des militaires au tir de précision? Ou tout simplement les empêcher de progresser vers leur destination jusqu’à ce que leur bateau coule tout seul?
Il n’y a pas de bonne solution au problème des migrants illégaux: d’une part personne ici (hors peut être quelques esclavagistes du BTP et autres trafiquants d’organes) n’a intérêt à avoir des hordes de migrants crever de faim dans les rues, et d’autre part, si on veut vraiment éviter les drames, on ne peut pas les empêcher d’arriver une fois qu’ils sont partis. La seule solution est de faire en sorte qu’ils ne veuillent plus partir, du moins plus en si grand nombre, car leur avenir se situerait d’abord chez eux. Autrement dit, arrêter l’exploitation des pays africains aux seuls profits des investisseurs étrangers et des élites locales corrompues. Arrêter d’attaquer des pays, mêmes peu recommandables d’un point de vue de démocratie occidentale (rires), pour y mettre un bordel monstre et y laisser régner les prédateurs habituels comme c’est le cas en Irak, en Afghanistan, en Libye et peut-être bientôt en Syrie.
Malheureusement, ceux-là même qui pourraient agir sont aussi ceux qui financent le terrorisme, qui sert à justifier les guerres, qui elles-même permettent ensuite aux copains de se gorger sur les ressources naturelles laissées en friche. Et ils se foutent éperdument des quelques centaines ou milliers de migrants en perdition sur leurs vieux rafiots, dont la presse ne parlera déjà plus d’ici quelques jours.