La France rejette le droit au secret des sources pour les blogueurs

Encore une fois, la France “Pays des droits de l’Homme et de la liberté d’expression” remets un tour de vis à cette fameuse liberté d’expression en refusant le principe du secret des sources au journalistes “non-professionnels” – et ce malgré l’avis très ferme de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) avait qui jugé “essentiel de ne pas limiter la protection des sources aux seuls journalistes professionnels“, n’y voyant que corporatisme. Question qui fut abordée récemment dans mon billet “Du journalisme au journalisme open source“.

En ajoutant: “La CNCDH tient à souligner que les conséquences d’une extension du secret des sources (aux non journalistes) n’aurait pas pour conséquence de permettre à tous de publier des informations erronées ou portant notamment atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne, à sa dignité ou à sa vie privée (…). Toute personne qui publie des informations est tenue de s’assurer de leur véracité, en tout cas de leur sérieux, et de le prouver, le cas échéant, devant un tribunal“.

La CNCDH fait remarquer qu’une telle initiative du gouvernement Belge avait été bloquée par l’équivalent belge de la CNCDH (la Cour Constitutionnelle) qui avait censuré cette tentative de différentiation du droit entre journalistes professionnels et journalistes dits “non-professionnel” tels les blogueurs, réalisateurs de documentaires et la galaxie des passionnés qui font du journalisme non rémunéré. Espérons que le Conseil Constitutionnel français aura le même respect des principes de base de la liberté d’expression car, comme le rappelle l’excellente conclusion de cet article de Numerama:

Une liberté d’expression qui ne peut s’exprimer pleinement que lorsque ses sources savent qu’elles sont protégées, et qu’elles n’ont donc pas à demander à celui qui peut diffuser l’information d’en cacher tout ou partie par crainte de représailles.

On pourrait se poser la question de ce qui motive un gouvernement à vouloir instaurer – ou maintenir – une telle différence de traitement. La réponse me paraît claire: les affaires Wikileaks et Snowden ont montré qu’il existe des gens capable d’accéder à des secrets d’Etat plutôt gênants pour les politiciens au pouvoir et qu’il est donc hors de question pour nos “représentants” de laisser le champ libre aux lanceur d’alerte susceptible de sommeiller en chacun d’entre nous.

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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