Migrants de Calais, quelles solutions?

Dans la jungle calaisienne
Dans la jungle calaisienne

Depuis le démantèlement du camp de réfugiés de Sangatte en 2002,  des milliers de migrants, venus d’Afrique et d’Asie, continuent d’arriver à Calais dans l’espoir de traverser la Manche pour atteindre l’Eldorado que serait l’Angleterre. La présence sur place de famille ou de connaissances, la relative facilité de trouver du travail, le marketing des mafias de passeurs alimentent une machine à migration qu’empruntent, à leurs risques et périls, ces ressortissants de pays à hauts risques (Afghanistan, Ethiopie, Érythrée, Somalie pour n’en citer que les principaux). Mais l’Angleterre ne veut pas de cette immigration non choisie et, en accord avec le gouvernement français mais aux frais des calaisiens d’une part et des migrants eux-même d’autre part, bloque ces gens dans les sous-bois et les terrains vagues de Calais et des environs, jusqu’à Dunkerque, Saint-Omer et Boulogne-sur-Mer.

Une jeune africaine sur un point de distribution de vêtements
Une jeune africaine sur un point de distribution de vêtements
Distribution de vêtements
Distribution de vêtements

Comme le dit d’ailleurs le maire de Calais, Mme Natasha Bouchard (réélue en 2014), Calais est pris en otage: pas de proposition de solution de la part des gouvernements anglais ou français, et l’obligation de faire face à une situation humanitaire et sociale de plus en plus difficile avec les moyens du bord. Ce qui se traduit inévitablement par des tensions avec d’un côté un ras-le-bol bien compréhensible de nombreux calaisiens, ras-le-bol qui malheureusement fait le lit d’une extrême-droite aux propos xénophobes et violents, s’en prenant tout autant aux migrants qu’à ceux et celles qui les aident (voir la liste “Sauvons Calais” sur Facebook, montée par un certain Kevin Reche pour le “Parti de la France”, encore plus nationaliste que le FN); et d’autre part un kaléidoscope d’associations plus ou moins politisées (voir sur Facebook les pages “Calais, Ouverture et Humanité”, “No Borders” ou encore “Réveil Voyageur”) qui cherchent à aider les migrants en offrant nourriture, vêtements, tentes, etc… Place également aux initiatives personnelles, comme illustré dans cette vidéo:

La plus médiatisée de ces associations est sans doute Salam, qui s’occupe notamment de nourrir les migrants. Entre ces deux pôles, un jeu dangereux du chat et de la souris entre les “forces de l’ordre” et les migrants. La police locale est confrontée à une situation très complexe, avec des moyens limités. En gros leur priorité est d’éviter l’explosion. Du côté de la Préfecture, le but du jeu est de dégoûter les migrants (et ceux qui les aident) pour qu’ils partent ailleurs (où?) en démantelant les camps (aussi appelées “jungles”) et en harcelant les migrants: contrôles, gazage des tentes, coups de bâtons dans les genoux pour les empêcher de courir, confiscation des chaussures… Dans cette situation sans solution, l’Etat repasse les plats pour occuper le terrain médiatique, par exemple l’annonce récente par le ministre de l’Intérieur de la création d’un camp d’accueil de jour pour 400 migrants. Certes, mais que vont faire ces gens la nuit, et ils ne sont pas 400 mais 2 500 à Calais. Cette ouverture permettra en outre de justifier de nouveaux démantèlements de “jungles”, ce qui mettra ces gens dans les rues et conduira sans doute à de nouvelles violences et la création de nouveaux camps d’infortune.

Joseph témoigne
Joseph témoigne

Bref, tout sauf travailler à de réelles solutions, mais quelles solutions? Transformer l’Europe en forteresse? Dangereuse illusion technocratique qui fait fi du droit naturel de l’homme à migrer et ne peut que mener à notre propre emprisonnement car, comme le disait Roosevelt, abandonner la liberté au nom de la sécurité (fondement de la dictature) mène in fine à n’avoir ni l’une, ni l’autre (réalité de la dictature). Illusion également du fait que ce qui domine le monde actuel est la corruption et que les mafias de passeurs sont expertes en la matière.

Renvoyer tous les migrants chez eux, de force? Hors le fait que cela passerait encore difficilement dans l’opinion, cela n’empêcherait pas les migrants de revenir.

Ne rien faire et jouer la carte de l’usure? C’est le choix politique actuel, qui favorise la montée des extrêmes et laisse la situation se détériorer.

Les laisser passer en Angleterre? Oui, car c’est la volonté des migrants, et c’est aux Anglais de gérer cette situation car ils en ont la responsabilité et les moyens. Une fois sur place, confrontés à la réalité de la situation au terme de leur voyage, les migrants devront s’adapter et décider de leur avenir (ou le subir) et cela risque d’être douloureux pour beaucoup, mais au moins ils auront quitté cet entre-deux kafkaïen où tout le monde perd son temps.

 

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

1 réponse

  1. Soyons raisonnables. De même que le terrorisme, la finance, les migrants sont un problème mondial qui nécessite un règlement mondial. C’est donc au gouvernement mondial de s’en occuper. Zut ! Il n’existe pas. Ce n’est pas pour cela que la France doit prendre des initiatives solitaires et intempestives. Comme pour la finance ou le terrorisme. Donc, ne rien faire, juste un écran de fumée ou des apparences de mesures. (Là on sait faire)
    Les millions de gens que le désordre, les conflits et la misère du monde vont jeter sur les routes vont se retrouver dans les pays les plus attractifs, les plus mous, les plus démagogiques, les plus acoquinés avec le mondialisme.

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