Sur un coin de forêt bordant le Danube, dans un no-man’s-land entre Croatie et Serbie, flotte un drôle de drapeau jaune, bleu et noir. Jaune pour la liberté, bleu pour le Danube, et noir pour l’opposition au “système”. Lundi 13 avril, jour de l’anniversaire de Thomas Jefferson, ce coin de terre de 7 km² fut déclaré terres du Liberland par le député eurosceptique tchèque Vit Jedlicka et deux autres libertaires. Une semaine plus tard ils avaient déjà reçu 200 000 candidatures à la citoyenneté Liberlandienne provenant des quatre coins du monde.
Pour Jedlicka, “un ordre se met en place spontanément… Des gens ont planifié la ville en trois jours et d’autres veulent réellement venir et investir… ce qui ne semblait qu’un rêve devient réellement possible.” Tout le monde peut être candidat à condition de n’avoir aucun casier judiciaire et de n’avoir pas été membre d’un parti nazi ou communiste. Les obligations sont simples: respect des droits, des opinions et de la propriété privée d’autrui. Son modèle est Thomas Jefferson justement, d’où le choix de la date de naissance de Liberland.
L’impôt sera optionnel et les citoyens financeront des projets de développement spécifiques. Ce système fiscal avantageux sera un élément essentiel de l’attractivité du Liberland, Jedlicka n’hésitant pas à envisager un Monaco, Lichtenstein ou Hong Kong – bis qui amènera de la prospérité à ce coin perdu.
Le Liberland, coup de pub d’un eurosceptique libertaire ou réelle création d’un nouvel embryon d’Etat susceptible d’être reconnu comme tel? Le territoire est sous contrôle croate mais n’appartient pas formellement à la Croatie vu qu’il est au centre d’une dispute territoriale entre celle-ci et la Serbie voisine, ce depuis plus de 15 ans. Le trio sus-mentionné forme l’actuel gouvernement mais la page internet du Liberland mentionne une forme de gouvernement de type” République constitutionnelle avec des éléments de démocratie directe”, donc on peut supposer que des élections auront un jour lieu afin de nommer les vingt représentants à l’Assemblée Nationale, telle que l’indique la Constitution du Liberland.
Sa philosophie libertaire, sa vocation de devenir un nouveau paradis fiscal associé, sans doute, à un euroscepticisme féroce, ne laissent rien présager de bon concernant de possibles relations diplomatiques avec les autres pays européens. Mais par contre tout cela peut sembler très attractifs aussi bien à certains nantis recherchant un havre fiscal qu’à des anarchistes désirant tenter une réelle alternative, ou à des gens – tant qu’à faire jeunes, aimant le camping, en bonne santé et avec quelques moyens quand même – qui en ont simplement assez de vivre en des pays stérilisés par l’hypocrisie, la corruption et Big Brother.
La devise du Liberland est: “Vivre et laisser vivre”. Tout un programme.
Si c’est vraiment comme ça, j’aimerais bien y aller là-bas et y passer quelques jours. Qui sait si après quelque temps, je finirais par m’y installer ?