Le chiffre de la vie serait…

Arthur Dent, si vous pouviez dire à Deep Thought qu’il n’est qu’un gros tas de ferraille inutile… la réponse n’est pas 42!

Il faut sans doute être anglophile et avoir plus de 40 ans pour comprendre, pour les autres je ne peux que conseiller de lire cette petite page, en français, sur l’une des – non, la – plus grande oeuvre litero-radio-génialo-débilo-anglo de tous les temps, le Guide du voyageur galactique et sa grande question sur la vie, l’univers et le reste.

Dans cette série, la réponse du superordinateur Deep Thought à cette question (qu’il ne connait pas) est 42. Mais il est peut être temps de tourner casaque depuis la publication, par deux mathématiciens et astrophysiciens de l’Institut d’astrophysique Fesenkov à Almaty, Kazakhstan, de deux papiers (1) sur le code génétique, et dont la conclusion est que ce dernier est très probablement une création intelligente du fait de ses caractéristiques très particulières – caractéristiques qu’il est possible de mettre en lumière au travers d’une analyse mathématique approfondie.

Le code génétique, a ne pas confondre avec le génome, est l’ensemble des règles – inchangées depuis l’avènement de la vie sur Terre et identiques à tous les organismes vivants – qui permettent la traduction de l’ADN en protéines. Maxim Makukov et Vladimir shCherbak ont analysé ce code, présenté comme une forme de puzzle combinatoire, pour y déceler d’éventuelles régularités cachées difficilement attribuable à des processus purement naturels.

Selon eux, ce code n’a pas une structure aléatoire, et de fait l’on sait depuis les années 60, suite aux recherches par le mathématicien soviétique Yuri Rumer, que le code génétique se divise en deux parties égales avec d’un côté les familles de codons entiers (dont tous les quatre codons T, G, A et C avec les deux mêmes premières lettres encodent les mêmes acides aminées). En face, les “familles divisées” de codons qui n’ont pas cette propriété. Il n’y a pas de “bonne raison” pour cette symétrie, d’autant plus qu’une simple règle (remplacer G par T et C par A) converti une moitié du code en l’autre.

En 1996, la mathématicienne Olga Zhaksybayeva, de l’université kazakhe al-Farabi (c’est une spécialité régionale, dirait-on) a montré que la probabilité d’une telle propriété arrivant “par chance” est de 3.09 × 10-32. Creusant la chose plus avant, nos chercheurs ont pu établir d’autres relations mathématiques qui font ressortir des multiples du nombre premier 37. Avec une probabilité de hasard de 10-13….

Leur conclusion est que l’importance du nombre 37 au sein du code génétique est le signe, non pas simplement d’une origine extra-terrestre de la vie (panspermie) mais d’une volonté intelligente qui a signé son “oeuvre” avec ce nombre.

Pause vodka 37%.

Cette idée de “panspermie dirigée” n’est pas nouvelle, elle date de 1973 avec la publication par Francis Crick, co-découvreur de la structure de l’ADN, d’un papier dans la revue scientifique Icarus (dont Carl Sagan était le rédacteur en chef de l’époque) où il demande: “La vie terrestre aurait-elle pu démarrer de l’infection par des micro-organismes délibérément envoyés ici, par une société technologique sur une autre planète, via des vaisseaux robotisés au long cours?”.

Cette question fut à l’origine du programme SETI et la recherche de signaux radio venant de l’espace. SETI ne donna rien, à l’exception possible d’un court signal de 72 secondes, le fameux  signal Wow! qui, malheureusement, ne se répéta jamais. Devant ce manque de résultat, la recherche pour un signe, un message, se tourna à nouveau vers ce qui existe d’ores et déjà sur Terre, et notamment le génome. Le physicien George Marx se posait la question en 1979, suivi en 2010 par Paul Davies dans son ouvrage “The Eerie Silence“.

L’innovation de Makukov et de shCherbak est de se pencher sur le code génétique lui-même, plutôt que de chercher une aiguille dans la botte de foin que représente le génome. Ce code est stable, et donc un endroit idéal où placer un message.

La question subsidiaire, évidemment, est “qui”, ou “quoi”, aurait pu envoyer ce code qui nous serait parvenu voici quelques 4 milliards d’années?

 

1) Papiers source:  The “Wow! signal” of the terrestrial genetic code et Space ethics to test directed panspermia

2) Une critique de cette découverte, avec intervention de l’auteur Maxim Makukov dans les commentaires. A lire! http://scienceblogs.com/pharyngula/2013/03/15/the-genetic-code-is-not-a-synonym-for-the-bible-code/

3) Quelques autres articles sur ce blog sur le même thème:

Être ou ne pas être … une simulation

100 milliards de planètes, et nous et nous et nous?

De l’origine des origines

– Evolution humaine et ADN: plus ca avance, plus c’est mystérieux

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

3 réponses

  1. paultre

    Les statistiques mathématiques s’appliquent très bien aux systèmes physiques infiniment plus simples que les systèmes vivants. Pour ces derniers les mathématiques statistiques ou non s’appliquent très mal et relèvent souvent d’élucubrations assez fantaisistes. Les “mathématiques du vivant” sont à inventer sur des paradigmes très différents portant sur la simultanéité et la complexité

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