Un vent de folie souffle de Paris à Ankara

On dit que ce sont les situations extraordinaires qui révèlent la vraie nature des hommes. La situation extraordinaire initiée le 13 novembre par les attentats parisiens a révélé la nature veule, opportuniste et moralement corrompue de la grande majorité des élus français, ainsi que des non-élus qui trustent le pouvoir – à commencer par Manuel Valls. Déclarer une guerre contre un ennemi que l’on ne sait pas cerner, dans tous les sens du terme, et sans les moyens de ses ambitions, n’est que le prétexte à la mise sous tutelle pour une période indéfinie des restes de la démocratie française.

Mais, comme dit le proverbe, on a les élus que l’on mérite et si tant de gens semblent accepter aujourd’hui la perte des libertés pour lesquelles nos parents et grands-parents combattaient les nazis d’hier, c’est peut être qu’un cycle civilisationnel arrive à son terme et qu’il doit d’effondrer avant de renaître sous une autre forme. La marche aux enfers que nous promet la junte actuellement au pouvoir à Paris et à Bruxelles comme à Ryadh et Ankara risque d’être longue et douloureuse. Hypocrisie, mensonge et corruption sont des termes beaucoup plus adaptés à la réalité que liberté, égalité et fraternité.

Après le premier mouvement de ce nouvel Acte qui a démarré ce funeste vendredi 13, le second mouvement commence aujourd’hui avec la destruction d’un chasseur-bombardier russe par les forces turques (1). Il est peu probable que les Russes aient eu l’intention d’attaquer la Turquie. Cette dernière, par contre, n’apprécie pas du tout que les Russes affaiblissent Daech et par conséquence, renforcent les Kurdes.

Le problème de l’Arabie Saoudite c’est l’Iran, et Daech est leur bras armé sunnite leur permettant de contrer le géant chiite. Le problème de la Turquie sont les Kurdes, et à nouveau Daech devait leur permettre de les éradiquer à moindre frais. Devait, car cela se passe moins bien que prévu du fait des Russes. La junte menée par Erdogan, qui ose tout (voir le proverbe…), semble avoir décidé que provoquer les Russes à une réponse militaire contre un pays de l’Otan, donc à une possible escalation monstrueuse du conflit, sert leur intérêts.

Notre ennemi immédiat, on sait très bien où il se trouve et les bombes ne l’affectent pas: Daech et Abdelhamid Abaaoud sont aux islamistes de nos cités ce que la révolution cubaine et Che Guevara pouvaient êtres à certains de nos parents communistes radicaux: un appel à l’action violente contre “le système” perçu comme fondamentalement corrompu et inattaquable par d’autres voies. Les mots et filiations sont très différentes, tout comme la fin – l’Internationale pour les uns et la Charia pour les autres -, mais la dynamique comparable. Renforcer l’image de martyrs de Daech ne fera que renforcer la haine ici. C’est la politique de la peur dans toute sa splendeur, le renforcement du risque terroriste ici avalisant d’autant plus les politiques liberticides “au nom de notre sécurité”.

Un vent de folie souffle aujourd’hui sur notre monde, et fait vaciller ses quelques Lumières encore debout.

 

(1) https://francais.rt.com/international/10920-avion-chasse-syrie

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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