C’est parti pour dix jours de COP21, rebaptisée “FLIC21” dans cet article du 8 novembre (1), sans que je me doute alors à quel point ce titre était prémonitoire. Au-delà du couvercle sécuritaire que l’Etat impose sur la liberté d’expression de la société civile désirant se faire entendre aux portes des salles de congrès du Bourget (merci Daech), se pose la question du réalisme des objectifs et de la posture des participants.
Le message central véhiculé par la FLIC21 est simple (2):
Un réchauffement supérieur à 2°C entraînerait des conséquences graves, comme la multiplication des événements climatiques extrêmes. À Copenhague en 2009, les pays ont affirmé leur volonté de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici 2100. Pour atteindre cet objectif, les experts climatiques du GIEC (en savoir plus sur le GIEC) estiment que les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de 40 % à 70 % d’ici à 2050 et que la neutralité carbone (zéro émission) doit être atteinte au plus tard à la fin du siècle.
On parle ici de 2° au-dessus de la température à l’aube de la période industrielle, et on fait comme si cette limite de température était un objectif réaliste. Ce qui n’est aucunement le cas dans le cadre du paradigme du réchauffement de nature anthropique (lié à l’activité humaine de l’ère industrielle), socle de tout l’édifice.
Il faut bien se rendre compte que nous sommes déjà à 1°C au-dessus du niveau de départ, et que même si le monde diminuait dès aujourd’hui (et non en 2050) l’ensemble de ses émissions de CO2 de 60%, le niveau de réchauffement, tel calculé par les experts autorisés évidement, serait de 1,6° en 2100 du fait de l’inertie du réchauffement déjà en place. Diminution qui n’aura évidemment pas lieu.
Selon l’étude anglaise présentée par Sylvestre Huet sur son blog scientifique dans Libé (3), le niveau d’émission global de CO2 qu’il faudrait atteindre en 2030, pour espérer arriver à cette température cible de 2°C, devrait être de l’ordre de 36 gigatonnes. Or, sur base des intentions formulées par les pays participants à la FLIC21 de Paris, ce total serait en fait de 60 gigatonnes. C’est mieux que si rien ne se faisait, mais c’est très loin d’être suffisant pour limiter le réchauffement à 2°C à l’horizon 2100 – toujours selon le paradigme anthropique bien sur. Cet état de fait est parfaitement reconnu par les Nations Unies, comme en témoigne ce communiqué de presse du 30 octobre (4): “Les INDC (intentions de réduction, ndt) ont la capacité de limiter la hausse des températures à 2,7°c à l’horizon de 2100, ce qui n’est pas suffisant mais mieux que les 4°, 5° ou plus envisagés avant les INDC”.
Donc, à partir du moment où même dans le meilleur des cas (les pays appliquent leurs intentions, ce qui est loin d’être gagné), la cible des 2°c n’est pas tenable, pourquoi reste t’elle si centrale dans la promotion et la justification de la COP21? A quoi peut servir la mise en avant d’objectifs irréalistes?
On peut argumenter d’un impact psychologique positif: estimer qu’un effort somme toute raisonnable pour atteindre une cible symbolique est plus motivant que poser un objectif totalement impossible. Faire quelque chose même en sachant que cela ne suffira pas est toujours mieux que ne rien faire. Sans doute, mais baser une stratégie mondiale sur une tromperie qui, pire encore, fait que l’on ne se pose pas les bonnes questions (que faut-il faire pour vivre dans un monde réaliste à +3°c plutôt que dans un monde irréaliste à +2°c) est en soi parfaitement malhonnête. Voir criminel s’il s’avère qu’une partie au moins des efforts et moyens mis en oeuvre pour éviter l’inévitable eussent été mieux employés pour se préparer à l’inévitable: un monde à +3°C, voir plus.
Malheureusement la communication catastrophiste de la COP21 rend difficile la prise en compte, dans l’espace public du moins, de cette réalité. Le clip (5) assimilant la Terre à un corps humain ayant de la fièvre, outre l’imbécillité propre à ce type de comparaison anthropomorphique, implique l’impossibilité d’accepter l’idée d’un tel état fiévreux (37° + 3° = 40° de “fièvre mortelle”, un niveau intenable dans la – fausse – logique anthropomorphique). On est donc coincé entre un objectif proclamé partout alors qu’il est reconnu comme irréaliste, et une réalité avec laquelle il faudra bien composer mais d’office déclarée cataclysmique.
La Terre, en soi, se portera très bien avec +3° ou 4° en 2100. Elle a déjà connu bien pire. La biosphère s’adaptera comme elle l’a fait maintes fois par le passé. Le problème, c’est nous. On a survécu à la dernière glaciation et à pas mal de changements climatiques depuis l’avènement de Homo Sapiens voici, en gros, 100 000 ans. Mais jamais dans des circonstances et avec un niveau de population comparable, donc tout reste à inventer. Réduire les émissions de GES découle du bon sens, mais le réel challenge est de voir comment on va s’organiser pour l’avenir – le vrai, pas celui du marketing vert.
Notes:
(1) http://zerhubarbeblog.net/2015/11/08/flic21-perte-de-temps-et-crise-dangoisse-climatique/
(2) http://www.cop21.gouv.fr/pourquoi-parle-t-on-des-2c/
(3) http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2015/08/cop-21-les-promesses-loin-des-2c.html
(4) http://newsroom.unfccc.int/unfccc-newsroom/indc-synthesis-report-press-release/
Effectivement 2° de Véritable irréalisme à Là, Seconde…
L’Esprit, Simplement… Tu me L’avais déjà bien Promis, avec de l’intimité pour mon anniversaire à Wéris. Infini Grand Bleu grâce à Ton, micro climatique Présent. Conséquemment habituée encore Haut, nuages illusoires de Notre, Humeur par de Là. 1, Destin pour Tous. Encore fallait-il me Le, Prouver consciemment.
https://laguenon.wordpress.com/2015/12/09/grand-bleu-grace-a-sa-micro-climatique-presence-a-bruxelles/
[…] COP21 ou 2 degrés d’irréalisme. 30 novembre 2015 […]
[…] (4) https://zerhubarbeblog.net/2015/11/30/cop21-ou-2-degres-dirrealisme/ […]
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