Ah, cette période de voeux politiciens où le brossage dans le sens du poil des uns dispute l’espace médiatique aux platitudes politiquement correctes des autres. On va se refaire une petite dose commémorative Charlie Hebdo pour justifier l’Etat d’urgence (il y en a qui doivent se tordre de rire dans leurs tombes) combinée avec une séquence Tonton nostalgie sous-titrée “d’un François à l’autre”. Heureusement que les saoudiens sont là pour nous aider à garder la tête froide.
La France officielle “déplore” la décapitation par le régime wahhabite de 47 personnes dont le cheikh chiite al-Nimr, oncle du jeune Ali al-Nimr également dans le couloir de la mort pour critique des autorités saoudiennes (1). Pour un client doté d’un potentiel d’achats en armes de l’ordre de 50 milliards de dollars pour 2016, on comprend que ladite France officielle se limite à “déplorer” l’exécution, par l’engeance islamiste wahhabite, de ce qui représente plus du tiers des exécutions réalisées par le frère jumeau de ladite engeance, Daech, à Paris le 13 novembre dernier. Sans parler des 175 exécutions saoudiennes répertoriées entre janvier et août 2015. Déplorable, effectivement.
Les événements de 2015 ont appelé une réponse étatique inepte et politicienne, dont la très calculée hypocrisie se trouve encore une fois confirmée par ce dernier épisode. Mais au moins les choses sont claires: la classe politique française est un corps moisi maintenu en place par un squelette institutionnel vacillant. Une classe qui ne connait rien d’autre que la tactique et l’opportunisme politicien, une caste de professionnels du clientélisme et de la novlangue dont on ne peut attendre que manipulations à la petite semaine, lançant de temps à autre un os à ronger à “l’opinion publique” afin de faire passer tout le reste.
L’affaire de la déchéance de double nationalité est un cas d’exemple: d’abord les terroristes actuels et à venir franco-français, d’origine arabe ou autre, ne sont pas concernés et ensuite les franco-quelque-chose se fichent pas mal de perdre leur passeport français, les vierges promises par Allah aux tueurs d’infidèles n’étant pas a priori à la recherche d’une nouvelle vie ici-bas.
L’inutilité de la mesure étant reconnue de tous, le débat s’est déporté sur la possible nature de français de seconde zone pour ceux et celles dotés de la double nationalité. Faux débat à mon avis, car si certains français dotés de la double nationalité craignent que l’avantage certain que leur confère cette double appartenance ne les transforme en citoyens au rabais, ils n’ont qu’à abandonner leur passeport non-français. Peu le feront. Mais entre-temps on ne parle plus du vrai problème: une politique étrangère catastrophique (mais dont les retombées sonnantes et trébuchantes, officielles ou sous enveloppe, ne sont pas perdues pour tout le monde) et la récupération sécuritaire et anti-démocratique du terrorisme fait maison. Les voyants concernant l’hypocrisie, la corruption et la violence d’Etat sont tous au vert, heureusement d’ailleurs vu le prix de la COP21 (2).
La ligne de front est clairement dessinée. D’un côté les barbouzes qui trustent les échelons du pouvoir et leurs innombrables clients, de l’autre ceux qui considèrent qu’il faut s’en débarrasser et ce, sans doute, en jouant la seule carte légale et non violente qui nous reste: la déchéance de légitimité au travers du refus du vote.
C’est mal parti, mais en écho au vœux de l’Empire (3) je souhaite néanmoins un exécrable 2016 aux barbouzes de la République.
Notes:
(1) http://zerhubarbeblog.net/2015/09/18/ali-al-nimr-lislam-le-sabre-et-la-croix/
(2) http://zerhubarbeblog.net/2015/12/14/faire-de-la-politique-autrement-quils-disent/
(3) http://zerhubarbeblog.net/2015/12/24/joyeux-noel-a-lempire/