Pour y avoir un peu vécu, être né pas très loin et en partager une certaine culture à base de bière, de patates et de Mer du Nord, j’aime bien le Nord. Terre de grandes gueules et de gueules noires, mélange civilisationnel où se croisent, pas toujours facilement, les descendants de travailleurs immigrés arrivés, après-guerre, par camions dans les industriels minières, sidérurgiques et textiles. Un pays un peu féodal de gauche qui se souvient de sa grandeur passée et aujourd’hui se relève, petit à petit, de la désertification économique qui l’assèche depuis plus de trente ans.
Un pays récemment rebaptisé Hauts-de-France et qui vient pourtant de courber l’échine, de se mettre à genoux devant les islamopithèques et psychopathes assimilés: annulation de la braderie de Lille, pour la première fois en 70 ans, alors sous l’Occupation. Certes, les annulations arrivent à la pelle depuis l’attentat de Nice donc la mairie de Lille n’innove pas, mais là c’est du lourd: 2 millions de visiteurs, un sacré coup de pied au fesses de milliers de commerces, et une tradition qui date du XIIème siècle mise à mal par peur. Non pas réellement par peur d’un attentat en soi, car à moins de faire un couvre-feu permanent et arrêter toute activité l’attentat est toujours possible. Le moindre marché d’une ville lambda agrège des centaines de personnes sur une surface réduite tout à fait accessible à n’importe quel poids-lourd ou commando. Aubry va t’elle fermer Wazemmes, l’un des plus grands marchés de France ouvert trois fois par semaine, et plein d’Arabes en plus?
Non, c’est la peur du carnage politique au cas où il y aurait effectivement un attentat. Les dirigeants politiques ou préfectoraux, surtout les gros avec des ambitions, ont peur d’une chose et d’une seule: qu’en cas de problème on les accuse “de ne pas avoir pris leurs responsabilités” et que le tsunami politico-médiatique les emporte, pour quelques temps (en France les politiciens sont quasi tous des morts-vivants, ils reviennent toujours) dans les limbes de l’oubli cathodique.
On doit bien rigoler dans la maison Daech. Il a suffit d’un taré, à Nice, dépressif, violent, chiqueur et bisexuel, bref un vrai salafiste, se revendiquant au dernier moment d’une organisation dont il ne connaissait que la violence haineuse, pour mettre à genoux des dizaines de villes et maintenant la Braderie de Lille. Et ce n’est même pas une blague.
On invoque le principe de précaution. On invoque l’impossibilité de tout sécuriser. On invoque, en fait, le rêve technocratique d’une grande prison à ciel ouvert, un pays sous occupation policière permanente où chacun a intérêt à avoir son permis de pisser en règle pour ne pas finir dans la merde. Junker et bon nombre de “responsables” considèrent encore et toujours recevable la demande turque d’intégration à l’UE, malgré la triste réalité de la dictature d’Erdogan et des purges staliniennes qui y ont lieu en ce moment. C’est que le modèle Erdogan, justement, conviendrait parfaitement à pas mal d’apparatchiks, technocrates, flics et politiciens de bas étage qui voient dans le tout sécuritaire et son inévitable corollaire, l’Etat de non-droit, un bel aboutissement de leurs carrières avec à la clé quelques belles statues sur des places publiques interdites au public.
Là, j’avoue, j’ai du mal. Après s’être mis à genoux, faudra t’il se prosterner et se taper le front au sol, pour finir à plat ventre et servir de paillasson au Grand Babouche et ses fidèles aux bottes cloutées défilant au pas de l’oie?