Positive Hell, ou “enfer positif” est un documentaire de 28 minutes relatant les vies de cinq espagnols diagnostiqués séropositifs. Il est un peu la suite, par les mêmes auteurs, du film Positively False que j’ai pu voir lors d’une conférence en juin 2012 sur la “dissidence” envers la théorie classique de la cause du Sida (selon laquelle le Sida a pour seule et unique cause l’infection par un rétrovirus, le Vih), qui trente ans après sa supposée découverte pose toujours autant de problèmes pour lui trouver un remède définitif (1).
Ce film, réalisé par Andi Reiss et Joan Shenton, s’est vu programmé au fameux Portobello Film Festival qui se tient actuellement à Londres. Pour se faire ensuite déprogrammer avant l’ouverture du festival, pour des raisons qui ne sont pas affichées mais que la journaliste Elizabeth Ely détaille dans un article sur truthbarrier.com (2).
Qu’un festival de cinéma, alternatif ou non, décide de programmer ou non tel ou tel film relève évidemment de son droit le plus strict, et il n’a pas à justifier ses choix auprès du public. Mais qu’un festival, en l’occurrence réputé “alternatif”, programme un film puis le déprogramme en réponse à des pressions externes qui n’osent se déclarer publiquement, est tout autre chose. Et ce peu importe le sujet du film.
C’est un nouveau cas de censure, très similaire à la récente affaire de la déprogrammation du film Vaxxed au festival Tribeca (présidé par Robert de Niro) en mars dernier. Après avoir initialement accepté ce documentaire, certes sujet à controverse, de Niro s’est vu obligé de le retirer suite à pressions “d’en haut”. Ce qui ne l’empêche pas d’être visible ailleurs, tout comme Positive Hell qui est même accessible en ligne (voir en bas de page).
L’origine de la censure de Positive Hell, d’après Ely, est un appel de l’éditeur du magasine LGBT BuzzFeed News, Patrick Strudwick (4), demandant le retrait du film au nom du principe de “no-platforming“. Ce terme se réfère au principe d’interdiction de tout événement pouvant servir de “plateforme” à des organisation jugées dangereuses, de type terroriste. Il est fort peu probable qu’en droit le mouvement dissident, plaidant pour une réévaluation de la théorie dominante sur la cause du Sida, puisse être classé “terroriste” même si ce mot sert aujourd’hui de fourre-tout à à peu près tout et n’importe quoi en fonction des intérêts politiciens du moment (5). Mais, d’après Ely toujours, la non-explication qui lui fut fournie par la direction du festival contenait également une référence au financement. L’argent, nerf de la guerre et arme de première ligne de la censure.
Le but de la censure est de ne mettre en avant que le point de vue défendu par le censeur. Le censeur représente l’establishment, qui représente l’argent qui finance ses campagnes, et qui considère naturellement comme dangereuse toute initiative pouvant avoir un impact négatif sur le status quo. Une remise en question publique, aussi bien des méthodes de vaccination de masse que du traitement du Sida – toutes choses hautement rentables pour les industries en question et sources de moult lobbying et conflits d’intérêts – se doit évidemment d’être contrée par tous les moyens à disposition.
La question n’est pas de savoir qui a raison, ou si le film est parfaitement objectif ou non. Dans nos deux cas d’espèce, il y a clairement un biais dans la production du film (tout comme il y a un biais dans les films de promotion des dogmes institutionnalisés) mais l’information présentée reste pertinente. Au public de juger et de s’informer plus avant sur la nature des protagonistes et de leurs arguments s’il le désire. La question est de comment éviter que des points de vue, a minima suffisamment argumentés que pour permettre la production de livres et de documentaires, ne soient censurés sur ordre d’un point de vue dominant. La censure est naturelle en Chine, en Corée du Nord, en Turquie, en terre islamique mais elle le redevient également dans nos supposées démocraties éclairées. Or avec la censure adieu la liberté d’expression, et sans liberté d’expression adieu la démocratie.
J’ai pu moi-même le vérifier récemment, ayant publié un article sur mon blog Mediapart (6) sur ce même sujet de Vih (toujours visible sur ce blog-ci bien sur (7)). Or ce blog Mediapart contient plusieurs autres articles sur ce même sujet polémique, et bien plus saignants encore, mais qui ne furent pas censurés. Pourquoi celui-ci? Je n’en sais rien mais quelques tweets me laissent penser qu’une certaine association proche du monde LGBT à du protester. La raison officielle est le non-respect de la Charte des utilisateur du site, et plus précisément l’interdiction de diffuser de fausses informations. En l’occurrence lesquelles, précisément? Pas de réponse. Je n’ose imaginer l’hécatombe dans les milieux politico-médiatiques si ce dernier principe était effectivement mis en oeuvre…
POSITIVE HELL – FRENCH SUBTITLES from Immunity Resource Foundation on Vimeo.
Notes:
(3) http://deadline.com/2016/03/robert-de-niro-vaxxed-tribeca-film-festival-statement-1201726799/
(4) https://www.buzzfeed.com/patrickstrudwick?language=en
(6) https://blogs.mediapart.fr/vincentv/blog
(7) https://zerhubarbeblog.net/2016/08/30/menfin-il-est-ou-ce-vih/