Bureaucratie. Le moyen le plus rationnel que l’on connaisse pour exercer un contrôle impératif sur des êtres humains. Max Weber.
La bureaucratie est un élément intrinsèque à tout système institutionnel. Son rôle positif est d’être une courroie de transmission entre le pouvoir et les administrés, permettant la mise en oeuvre des règles institutionnelles et garantissant un traitement égalitaire pour tous. Néanmoins toute bureaucratie a tendance à l’inflation, à la complexification et à la défense non plus des intérêts de ses “clients” mais à la défense de ses propres intérêts, de son pouvoir, des privilèges de ses fonctionnaires et donneurs d’ordres.
Elle est en cela facilement transformable en un outil de domination sociale, un ensemble de filtres dans lesquels la complexité organique du monde des gens réels, et parfois sa beauté, se voit éclatée en cases, fiches, procédures, bilans, approbations ou mises en demeure. La bureaucratie peut devenir harcèlement administratif, un étau comprimant entre ses pinces, et jusqu’au dernier souffle, la vie d’hommes et de femmes qu’elle estime gênantes, qu’il s’agisse par exemple de petits agriculteurs ou de migrants (1).
Elle peut être une arme de dissuasion visant à limiter l’accès à certains droits ou services d’une partie de la population. Elle peut devenir un instrument de racket (2). Elle peut devenir un outil de déni de démocratie pur et simple, en imposant par exemple des barrages administratifs visant à limiter le droit de vote, une procédure courante aux USA notamment. Elle peut, enfin, se transformer en monstre de corruption et de violence au profit de régimes autoritaires.
Le collectif clunisois “noyau doux” auquel je participe imagine un projet artistique sur le thème de la violence bureaucratique. Proche du lieu où s’est joué le drame de Jérôme Laronze et connaissant tous quelqu’un ayant connu cet éleveur abattu par les gendarmes (1), le sujet interpelle mais l’idée n’est pas de faire un procès en parallèle à l’officiel, l’idée est de travailler sur la situation de la violence bureaucratique au sens structurel.
Il n’est pas question de traiter de plaintes liées à quelque fonctionnaire borné mais de procédures, de méthodes opprimantes, humiliantes, illégitimes même si légales; d’abus de pouvoir, d’injustices, de corruption. Si vous avez connu ce type de situation, merci de nous en faire part via le formulaire ci-dessous. Ce témoignage peut être anonyme ou pas, l’identifiant peut être votre nom ou un pseudo, et le mail facultatif même si préférable car permettant de communiquer par la suite – sachant qu’il ne sera jamais publié.
Le blog du collectif est https://noyaudoux.wordpress.com/ D’avance, merci!
(1) https://zerhubarbeblog.net/2018/10/02/avis-de-mort-par-bureaucratie/
(2) https://zerhubarbeblog.net/2018/10/10/letat-et-le-racket-des-radars-mobiles/