BHL ou la crème des hypocrites.

BHL et les tartes à la crème, une longue histoire d’amour dont l’un des partenaires principaux est Noël Godin dit “l’entarteur”. Voici ce que disait Godin de BHL après son huitième entartage, mi-2015:

Il restera toujours pour nous la tête à tarte par excellence. C’est l’incarnation du pouvoir dans toute son horreur et nous avons le poil particulièrement hérissé par son arrogance nombrilesque. Il se prend tragiquement au sérieux, est de plus en plus influent et absolument antipathique. Vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de chauffeurs de taxi et de barmen que nous avons rencontrés qui nous ont dit : “Il nous a pris de haut.” Nous luttons contre cette personnification méprisante du pouvoir.

En plus d’être “une personnification méprisante du pouvoir” tout à fait en phase avec le régime actuel, BHL a également des hectolitres de sang sur les mains du fait de sa campagne anti-Kadhafi au profit de la corruption sarkozyste, campagne ayant contribué à la désintégration de la Libye en 2011. La Libye est depuis lors devenue le bac à sable des terroristes en tous genres, un camp de concentration à ciel ouvert pour les Africains qui s’y aventurent, bref un succès de la déstabilisation moyen-orientale au profit d’agendas politiques mais aussi religieux, comme présenté dans le billet “Les dieux criminels au coeur des conflits” (1).

C’est ce même BHL qui appelait la France à suivre les américains dans leur aventure irakienne, qui en appelait au renversement de Bachar-el-Assad puis au bombardement de la Syrie. Le même qui se pavanait en 2014 place Maîdan à Kiev, mélangeant tout au profit d’une diatribe ruisselante d’hypocrisie et de mauvais foi, la marque du personnage en quelques sorte (2).

C’est lui qui hochait gravement la tête en ce même mois de mars 2014 quand Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, se fendait d’un discours surréaliste au Trocadéro où il mettait les juifs “à l’avant-garde de la société”, parti pris communautariste reléguant le citoyen français non juif au statut de citoyen de seconde zone. Illustration magistrale d’une forme de non-pensée entièrement basée sur la récupération victimaire permettant de justifier tout et n’importe quoi.

L’accusation d’anti-sémitisme, aujourd’hui associée par le politiquement correct à l’anti-sionisme grâce, notamment, à ce même Manuel Valls, est l’arme fatale de toute opposition à BHL et aux gens de son acabit tel Patrick Cohen. Heureusement il existe des juifs qui se rendent compte de l’impasse à laquelle mène l’usage systématique de ce bouclier, tel Rony Brauman lors de cette émission radio d’Alain Finkielkraut face à BHL:

BHL est un opportuniste pur jus qui profite pleinement du système actuel et qui, à l’image de la Nouvelle Classe dont nous parlions dans “De la tectonique des classes” (3), est prêt à tout pour maintenir “le peuple” à sa juste place, celle qui se limite à légitimer par le vote la prédation des élites.

Cette posture fut récemment illustrée par l’intéressé dans une interview au journal suisse Le Temps (4). Son appel à un renforcement de l’Union Européenne est en soi tout à fait respectable mais, comme d’habitude, il argumente son discours avec des parti-pris idéologiques présentés comme des vérités. Ainsi la Russie de Poutine viserait à détruire l’Europe. Ca se discute en soi mais, surtout, l’antagonisme actuel a ses racines dans la tentative occidentale de bloquer la Russie, de la menacer, et de mener – merci BHL – une politique moyen-orientale catastrophique qui a donné à cette Russie une opportunité royale pour rétablir son statut, un moment perdu, de grande puissance géopolitique. Qui sème le vent récolte la tempête.

BHL dit également ceci sur la notion de souveraineté du peuple:

Le populisme est d’abord une forme de découragement démocratique. Nos démocraties sont devenues folles et beaucoup de gens sont déboussolés. Mais arrêtons de sacraliser le peuple. En Europe, le peuple ne doit pas être le seul souverain! Ou, s’il l’est, il doit l’être comme tous les autres souverains: avec des limites, des bornes à sa toute-puissance. La démocratie a besoin de transcendance.

Il n’y a pas de limites au pouvoir du peuple autres que celles qu’il se donne à lui-même, ce qui s’appelle le Droit. Mais quand le droit est dévoyé par les représentants de la Nouvelle Classe à leur profit, ce Droit devient illégitime et alors là, en effet, il n’y a plus de limites et cela mène soit à la dictature soit à ce que l’on appelle communément “la Révolution”.

J’ignore si c’est vers cela que se dirige la France face à l’insurrection des Gilets Jaunes, mais ce qui est certain c’est que le régime Macron, dont BHL est évidemment un ardent défenseur, fait tout ce qu’il peut pour pousser dans ce sens en dévoyant le principe même du Droit et le rendant donc illégitime. C’est précisément ce qu’il vient de se passer avec le vote de l’Assemblée Nationale en faveur de la loi “anti-casseurs” (5).

Le clou est brillamment enfoncé, comme souvent, par l’avocat Régis de Castelnau sur son blog Vu du Droit, dont je me permets (j’espère qu’il ne m’en voudra pas) de citer ici un extrait du dernier billet (6):

Pour tenter de rester au pouvoir et d’accomplir le mandat donné par l’oligarchie financière et la haute fonction publique d’État, Emmanuel Macron dispose désormais de deux outils.

Tout d’abord dans les têtes de la macronie s’est installée une idéologie liberticide. Considérant comme incontournable l’exécution de la feuille de route donnée à leur champion, c’est-à-dire la destruction la plus rapide possible de l’État-providence français et l’arrimage définitif à l’ordo-libéralisme allemand, les macronistes considèrent que la fin justifie les moyens. Que s’il faut basculer dans la société autoritaire, voire dictatoriale, il n’y a aucun problème. C’est pour la bonne cause. La violence, sans précédent depuis la guerre d’Algérie, des répressions policières et judiciaires contre le mouvement des gilets jaunes en est la traduction. Le bilan des violences physiques est catastrophique, celui des violences judiciaires, même si on en parle peu ne l’est pas moins.

Le deuxième outil est l’empressement de la justice dans la mise en œuvre d’une stratégie aussi illégale qu’antirépublicaine. Depuis les élections truquées de 2017 qui ont porté Emmanuel Macron à la présidence, accordant à la macronie une impunité choquante et obéissant aux exigences des places Vendôme et Beauvau, la justice pénale s’est complètement déconsidérée. Les milliers d’arrestations dont certaines préventives (!), les poursuites souvent absurdes, les procédures violées, les incriminations fantaisistes et la dureté des peines, montrent que parquets et juges du siège confondus exécutent avec zèle les ordres de l’exécutif.

Le plus terrible est qu’à peu près tout le monde s’accorde pour trouver BHL nul mais qu’à peu près tout le monde en parle, même ici. S’il n’était que nul sans être dangereux on n’en parlerait pas, mais il a largement démontré sa dangerosité et on peut alors se justifier en disant qu’il faut avant tout le dénoncer, quitte à en faire en même temps la promotion.

Liens et sources:

(2) http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2014/03/03/31002-20140303ARTFIG00076-reponse-au-discours-de-bhl-place-maidan-la-diplomatie-plutot-que-l-indignation.php

(4) https://www.letemps.ch/monde/bernardhenri-levy-europe-peuple-ne-seul-souverain

(5) https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/loi-anti-casseurs-l-assemblee-vote-un-nouveau-delit-de-dissimulation-du-visage-lors-des-manifestations_3169057.html

(6) http://www.vududroit.com/2019/01/macron-lexecution-de-feuille-de-route-prix-de-nos-libertes/?fbclid=IwAR20VbEPxvhQP_eOi7z5kIbKzo_iXRWQjx2k7byoMBNAw0qAxUfnUIg1P6w

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

7 réponses

  1. J’applaudis, pour ce passage entre autres : “C’est lui qui hochait gravement la tête en ce même mois de mars 2014 quand Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, se fendait d’un discours surréaliste au Trocadéro où il mettait les juifs « à l’avant-garde de la société », parti pris communautariste reléguant le citoyen français non juif au statut de citoyen de seconde zone”
    Allez-vous vous faire traiter d’antisémite ?
    Et je suis d’accord, Ronny Brauman est quelqu’un de bien. C’est lui, je crois qui a dit il y a longtemps que l’occident devait arrêter de se prendre pour le chevalier blanc (“exporter nos valeurs, comme l’a formulé le doux – et défunt – Manuel Valls).

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