Décrocheurs de portrait présidentiel en procès.

Bourg-en-Bresse: Ce 28 mai se tiendra un procès à l’encontre de six militants “climatiques”, agissant sous la bannière Alternatiba –ANVCOP21 Beaujolais Val de Saône, accusés d’avoir décroché des portraits officiels du président Macron.

Décrochages reconnus mais bien évidemment dans le but d’attirer l’attention sur la problématique climatique. Ces personnes s’estiment être des lanceurs d’alerte climatique et non pas des voleurs de portraits. Ils se heurtent ici, comme d’autres (1), à la criminalisation de l’opposition politique par un régime ayant clairement choisi une option fascisante. Fascisante au sens d’être basée sur le culte de la personnalité du dirigeant suprême, culte menant au détournement des principes de droit et de la force publique au profit de ses intérêts et à l’encontre de ses opposants.

Criminalisation des oppositions.

Le principe de sûreté, c’est-à-dire l’assurance de ne pas être soumis à l’arbitraire, n’existe plus en France dès lors qu’il s’agit d’opposition au régime. Les violences policières à l’encontre des Gilets Jaunes, que même Le Monde commence à trouver exagérées (2), ainsi que l’hypocrisie éhontée des “responsables” politiques tel Castaner qui peuvent mentir sans résistance institutionnelle – l’Assemblée Nationale et la Justice s’étant ici rangées derrière le pouvoir -, ont instauré un climat qui ne diffère de la Turquie ou de la Russie que par une question de degré, pas de principe (3).

Dans ce contexte, et même si à titre personnel je considère que les protestations en tous genres “pour le climat” mettent la charrue avant les bœufs au sens où les objectifs et lignes d’actions concrètes (c’est-à-dire autres que purement idéologiques) ne sont pas encore définies et que l’urgence est surtout de les définir démocratiquement, il faut réagir contre la criminalisation de l’opposition politique.

Ce que dit Vanessa Codaccioni, spécialiste de la justice pénale et de la répression, sur la criminalisation de l’opposition politique au micro de Reporterre:

Témoignage d’un prévenu.

Je retranscris ci-dessous la présentation faite par l’un des accusés passant en “justice” le 28 mai, un certain Vincent:

Bon, maintenant vous le savez : le 28 mai à Bourg en Bresse se tiendra le premier procès contre l’INACTION CLIMATIQUE de notre président 😉 ! Enfin, on espère que ce sera ça car pour le moment moi et mes 5 amis citoyens engagés d’Alternatiba –ANVCOP21 Beaujolais Val de Saône y sommes juste convoqués ….  comme prévenus pour vol et pas  comme LANCEURS D’ALERTE CLIMATIQUE ; on risque donc chacun 5 ans de prison et 75000€ d’amende pour avoir tenté d’alerter, par une action symbolique, sur ce qui constitue déjà le plus grand crime contre l’humanité !

Anne So , Nico et Jean Marie, 3 de mes « complices », ont déjà très bien détaillé la catastrophe qui se prépare dans les posts Facebook où ils se sont présentés. La littérature ne manque pas, les rapports de scientifiques, plus alarmistes les uns que les autres  se succèdent ; le dernier sur l’extinction des espèces ne peut laisser personne indifférent sauf peut-être les derniers climato sceptiques de la Trump d’un Pascal Praud !

Ce sont moi aussi ces lectures qui, il y a environ deux ans, m’ont fait prendre réellement conscience de la gravité de la situation et de l’urgence (11 ans !) d’essayer de faire quelque chose contre le dérèglement climatique et ses conséquences funestes. Dans le même temps j’ai découvert la désobéissance civile et la stratégie de la non-violence à travers le film « Irrintzina » ou encore le bouquin « La lutte Non Violente en 50 points » : un panneau « baignade interdite »  doit-il m’empêcher  de plonger pour essayer de sauver un gosse qui se noie ? Et les résistants étaient-ils dans la légalité ? Ce qui est illégal est-il pour autant toujours illégitime ?…

Révolté par toutes les injustices sociales, fiscales, climatiques…j’ai trouvé dans la désobéissance civile non violente un moyen supplémentaire de  mettre mes idées et mes actes en harmonie et ça fait du bien de se sentir ainsi aligné… ; je vous le recommande !

A bientôt 53 ans, de nature assez cartésienne et avec une expérience professionnelle dans des boulots nécessitant d’être assez méthodique, j’ai tendance à analyser les choses de manière plutôt structurée : face à un risque, j’essaye d’en voir les causes, les conséquences et ensuite les actions qu’il conviendrait de mettre en place pour éviter ou limiter ce risque et ses effets. Ce processus s’applique parfaitement au problème du dérèglement climatique….et tous nos éminents gouvernants en connaissent donc parfaitement les causes (et les responsables…) et les conséquences.

Ils savent quelles solutions il faudrait mettre en place et ils savent qu’elles existent déjà ! Alors pourquoi ne nous le disent-ils pas clairement et surtout ne font-ils rien qui soit à la hauteur à part des effets d’annonce ? Je veux bien entendre que certains ne veulent pas croire ce qu’ils savent….la peur peut inhiber, et comme le dit Fred Vargas dans « Le Péril de l’Humanité » : « l’homme ne perçoit la réalité que lorsqu‘elle lui fait mal »… mais pour beaucoup d’autres de nos dirigeants , les raisons sont bien moins respectables : intérêts particuliers plutôt qu’intérêt général, conflits d’intérêt voire corruption , manque de courage politique, fainéantise d’esprit, oublie qu’il sont avant tout là pour protéger les populations,  incapacité à remettre en cause un système qui les privilégie mais qui nous envoie tous droit dans le mur !

C’est contre ça qu’il faut se battre de toutes les manières possibles tant qu’il est encore temps ! C’est une question de survie et c’est maintenant ou jamais ! Et il n’y a pas de raison que la transition écologique pèse sur les plus démunis, sur ceux qui souffrent déjà le plus du système ! On peut, on saurait faire autrement…

Pour réaliser mon « Invincible Espoir », là où beaucoup ont perdu toutes leurs illusions à ce sujet, je crois encore, moi, que la Politique avec un grand P a un rôle majeur à jouer dans la solution : alors, quand on sort le portrait de M.Macron des mairies, on ne lui manque pas de respect, et encore moins aux institutions ou à la fonction présidentielle : au contraire on démontre qu’on veut encore croire à la capacité du pouvoir politique à agir. Dans la période actuelle on pourrait même presqu’aller jusqu’à dire que c’est un honneur qu’on lui rend en lui prêtant encore le courage de lutter contre les lobbies et les multinationales qui pourrissent nos vies ….en réalité, en lui je n’ai jamais cru …mais c’est une autre histoire et chacun aura le 26 mai la possibilité de s’exprimer à ce sujet ; ceux qui me connaissent savent  ce que personnellement je ferai pour essayer d’envoyer au parlement européen des députés qui portent un vrai projet de transition écologique et sociale !

En attendant, pour le 28 mai,  nous avons besoin de vous, de vos messages d’encouragement et de soutien, de vos signatures, de vos dons aussi pour pouvoir assurer notre défense et organiser les mobilisations massives prévues pour ce procès. Mais aussi et surtout de votre mobilisation, si vous le pouvez, le 28 mai à Bourg-en-Bresse !
Merci de partager au maximum.

https://framavox.org/g/0onQhsTP/alternatiba-anv-cop-21-beaujolais-val-saone

Cerner la problématique climatique.

Il reste un énorme travail d’analyse objective à faire sur la question du dérèglement climatique et des réponses à y apporter. Dire que l’on a tout compris est, à mon humble avis, une dangereuse illusion. Dangereuse au sens où des politiques idéologiques, ou basées sur de mauvaises analyses, seraient sans doute pires que le mal que l’on connaît déjà.

Nous avons besoin d’un vrai débat public sur la question des causes et des conséquences. C’est ainsi qu’en ayant répondu aux questions sur ce qu’il convient de sauver, et le sauver de quoi, nous pourrons peut-être répondre à la question du comment.

https://zerhubarbeblog.net/2019/04/25/de-quoi-la-transition-ecologique-devrait-elle-etre-le-nom/

Reste que si l’opposition au pouvoir est criminalisée le débat sera clos d’office. On ne “sauvera” pas le climat si l’on ne sauve pas d’abord la liberté d’expression et le droit à l’opposition politique.

Liens et sources:

(1)

(2)
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/video/2019/05/16/violences-policieres-les-images-decryptees_5463052_4355770.html?fbclid=IwAR1qifFx1zMkovmAljLnhcq_PmyskiHauLJ4EdAiXYvUjB-AraJLNjIj7jA

(3)

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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