Police: face à cela, que faire?

On a beau ne pas vouloir y croire, le fait est que la police française s’est majoritairement rangée du côté de la loi du plus fort, de la grande bourgeoisie, de la mafia néolibérale, de la corruption. En réalité elle l’a toujours été mais on voulait croire que Vichy relevait de l’Histoire, que les choses avaient changé. On a voulu croire que la police était vraiment républicaine et qu’elle respectait son propre code de déontologie, dont l’article 434-11 intitulé “Impartialité” dit ceci:

Le policier et le gendarme accomplissent leurs missions en toute impartialité. Ils accordent la même attention et le même respect à toute personne et n’établissent aucune distinction dans leurs actes et leurs propos de nature à constituer l’une des discriminations énoncées à l’article 225-1 du code pénal.

https://www.interieur.gouv.fr/Le-ministere/Deontologie#:~:targetText=Article%20R.,-434%2D11%20%2D%20Impartialit%C3%A9&targetText=Le%20policier%20et%20le%20gendarme,225%2D1%20du%20code%20p%C3%A9nal.

La récente sortie du préfet Lallement (à une gilet jaune: “nous ne sommes pas dans le même camp”) a franchement coulé les quelques derniers espoirs que les plus optimistes pouvaient encore entretenir sur la question de l’esprit républicain au sein des FDOs.

Le clou final dans le cercueil de cet espoir vient sans doute d’être planté par le syndicat Synergie qui revendique, suite aux agressions d’hier, la chasse ouverte aux journalistes “radicaux”. En réalité, à tous les journalistes qui ne leur servent pas la soupe, à toute opposition à leurs propres intérêts alignés sur ceux de leurs maîtres. Police qui ne respecte pas ses propres règles (port du RIO par exemple) sans en subir la moindre conséquence, l’IGPN s’étant également rangée du côté du mensonge et de l’abus de pouvoir.

Pour preuve aussi, le spectacle sur BFM de Castaner caressant la bête dans le sens du poil en promettant que la reforme de retraites, officiellement plus juste pour tous, ne s’appliquerait pas à elle car, bien évidemment, la “justice” est une notion très relative et la protection mafieuse a un coût.

Cette situation n’a en réalité rien de particulier: à de très rares exceptions près, ou lorsque’elles sentent le vent tourner comme ce fut un temps le cas en Tunisie, les polices de tous les pays servent les régimes qui leurs garantissent leurs privilèges.

Partout où se révoltent des populations opprimées par la prédation néolibérale (ou tout autre système de dictature au profit d’une petite minorité) et son cortège de corruption et de violence, la police frappe, mutile et tue. Sans cette police, ces régimes ne peuvent tenir longtemps. Et s’ils tombent c’est bien souvent la grande sœur, l’armée, qui prend la relève.

Face à cela, que faire?

Ce blog ne tient pas une ligne anti-police de base, sans pour autant se faire d’illusions bien sûr. On trouve ici un commentaire sur le livre-enquête “Paroles de Flics” de JM Godard (1) qui tente de sonder l’âme policière, mais on y trouve également l’analyse de critiques tel Mathieu Rigouste (2) et Alexandre Langlois (3), la présentation d’un documentaire effarant sur la police américaine en roue libre (4), ma propre expérience interrogative à Bure (5) et un certain nombre d’autres articles traitant de ce sujet sensible de la manière, sinon la plus objective possible, du moins en tentant d’éviter l’a priori anti-flic systématique. Mais là cela devient vraiment difficile.

La transformation d’une police a priori “républicaine”, selon les différents sens que l’on peut donner à ce mot mais dont le fondement reste la notion de pouvoir par et pour le peuple, en une garde prétorienne et/ou une mafia au service de ses propres intérêts, est un signal clair de la déconnexion entre l’intérêt général et l’intérêt de la caste gouvernante.

Là où ces intérêts sont plus ou moins en phase les polices restent généralement relativement sourdes aux désirs de répression politique (Allemagne, pays du Nord), là où ils divergent (et la liste est longue) la police est clairement un instrument de répression politique. Suite à Vichy la police française est longtemps restée à cheval sur cette frontière mais, à partir notamment de l’ère Sarkozy et l’introduction de la logique mafieuse au sein de l’ensemble de l’institution, avec Squarcini et la politique du chiffre (6), la police a mis les deux pieds sur la planche savonnée de l’illégitimité et sa chute continue depuis lors.

La situation actuelle me paraît catastrophique, le régime Macron ne faisant qu’ajouter de l’huile sur le feu dans une logique sans doute trop complexe pour que nous, pauvres riens, n’y comprenions goutte. Irresponsabilité (7), démence, jupiterianisme aggravé, mafia pure et dure ou sociopathie contagieuse, je l’ignore mais le virus n’est pas que français et il s’agit plus d’une épidémie mondiale que d’un cas isolé.

Face à cela donc, quel diagnostic et quel remède? Je l’ignore mais, à moins de se contenter de s’y soumettre contre quelques miettes matérielles et Netflix en très haut débit, au-delà des revendications purement corporatistes, il me semble que c’est LA question qu’il faut se poser et à laquelle il faut trouver des réponses actionnables.

Liens et sources:

(1)

(2)

(3)

(4)

(5)

(6) https://www.lepoint.fr/societe/police-le-retour-de-la-politique-du-chiffre-01-04-2016-2029325_23.php

(7) https://maximetandonnet.wordpress.com/2019/12/05/intense-perplexite/

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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