Coronavirus: Sensationnalisme, exagération et confinement.

Le secteur médiatique surfe aujourd’hui sur l’annonce faite hier soir, par sieur Castaner, que les pharmacies vont servir de relais pour permettre aux femmes battues de demander de l’aide. Souffrance des femmes confinées avec des hommes également confinés qui deviennent violents, situations traumatisantes pour des dizaines, voire des centaines de milliers d’enfants, autant de personnes âgées confinées en Ephads transformés en couloirs de la mort, et une économie en chute libre avec tout ce que cela implique d’angoisses, de dépressions, de suicides, de maladies associées au stress ou à la pauvreté.

Près de quatre millions de contrôles policiers en dix jours pour 250 000 PV. Le confinement, ça rapporte et le chef des flics à beau dire que ses troupes ne cherchent pas à faire du chiffre, on a comme un doute.

Tout cela doit être accepté, et avec le sourire s’il vous plait, au nom de la solidarité. Si vous ne restez pas chez vous, vous être un assassin en puissance. Le rouleau compresseur de la propagande, de la force publique et des médias ne laisse aucun doute: vous souffrez confinés mais ce serait bien pire si vous ne vous confiniez pas. La preuve; il y a un mort en France toutes les 4 minutes, une jeune fille est morte (paix à son âme), ergo l’incontournable confinement est prolongé jusqu’au 15 avril, et probablement plus loin encore si la société ne se révolte pas avant.

Sur quelles bases scientifiques se fonde cette politique? Que sauve-t-on réellement par ce confinement, que savons-nous aujourd’hui, trois mois après le début de la pandémie en Chine, sur la dangerosité du Covid-19 et ses capacités de diffusion? Face au sensationnalisme médiatique et à la stratégie de rattrapage d’un régime ayant complètement loupé le départ de la course, peut-on prendre un peu de recul et retrouver un peu d’objectivité, essayer de voir l’image globale plutôt que de se focaliser sur des problématiques locales (Grand-Est, Ile de France) et des anecdotes, aussi malheureuses et déprimantes soient-elles?

Reprenons d’abord le fondement de la stratégie actuelle. Tout le monde accepte, implicitement ou explicitement, que la bonne méthode eut été de dépister et d’isoler tous les cas, et de protéger tout le personnel soignant. Ceci ayant été impossible du fait de l’incapacité de la pléthorique administration française à gérer quelques stocks, ainsi qu’à des années de rabotage du service de santé publique par une décennie de néolibéralisme, on confine à défaut de pouvoir faire autre chose et on fait passer cela pour de la stratégie.

Le non-dit du confinement.

Tous les scientifiques savent que le confinement, s’il permet sans doute effectivement de ralentir la progression de l’épidémie et donc, surtout, d’éviter le débordement total des services de santé concernés, ne permet pas d’éviter la contagion d’au moins 50% de la population. A ce stade l’épidémie s’arrête d’elle-même faute de nouvelles cibles facilement accessibles. En confinant la population on prolonge simplement la durée de cette contagion afin d’éviter une surmortalité liée au manque de capacité des services de santé.

Une réalité clairement confirmée par ce médecin invité du 24H Pujadas du jeudi 26 mars (à partir de 9:12):

https://www.lci.fr/replay/video-24h-pujadas-du-jeudi-26-mars-2020-2149223.html#spark_seek=580s

De ceci découle une évidence: le nombre de morts sera le même, confinement ou pas confinement, la différence se situant au niveau de ceux qui décéderont par manque d’accès aux soins. Mais plutôt que d’agir fortement sur cette capacité d’accueil insuffisante, plutôt que de trouver quelques milliers de lits temporaires et réquisitionner l’industrie française pour fabriquer autant de respirateurs et matériels de protection, on préfère dire aux enfants: “reste chez toi des semaines sans voir tes copains et copines ni ton école, subis le stress de tes parents, subis la déferlante anxiogène et incohérente des déclarations politiques et de de la petite clique qui squatte tous les plateaux TV depuis deux semaines, fais tout cela sinon tu vas tuer les adultes autour de toi, et surtout tes grands-parents”.

Digne du pire stalinisme. A vomir. D’autant qu’il y a un sérieux doute sur la réelle “insuffisance” des moyens nécessaires (1):

« On est mobilisé depuis 2 mois, et depuis 10 jours en première ligne. Nos personnels sont disponibles. On constate qu’il y a peut-être un problème de collaboration entre le public et le privé, on voit sur le territoire des problèmes comme dans le Grand Est il y a quelques jours. Nous avions des lits de réanimation, 70 lits sur Strasbourg, Metz, Nancy, et ils n’ont pas été mobilisés », continue-t-il. On a peine à croire que nous sommes en « guerre » contre une épidémie et que nos ressources ne sont pas utilisées à 100 %.

https://www.nexus.fr/actualite/-/cliniques-hopitaux-reanimateurs-industriels-prive-demandent-a-etre-requisitionnes-letat/?fbclid=IwAR2oE4edxHF7T1D8GpSWNyIv9Mg-VebgW6eiwiLB-1JLv07nIkKMqhZWnAo

Pour un retour à la rationalité.

Certaines voix, bien sûr, tentent de s’opposer à la marée noire sensationnaliste. L’épidémiologiste John Ioannidis, auteur d’une tribune dont j’ai récemment parlé dans le billet sur la mortalité du Covid-19 (2), insiste sur le fait que nous ne disposons pas encore de données épidémiologiques satisfaisantes, mais que sur base de ce que l’on sait déjà en y regardant de près, que se soit en Asie, en Italie ou aux USA (où il réside), le taux de mortalité retenu par les gouvernements passés en mode panique, taux entre 2% et 3% de la population infectée, semble très probablement très exagéré.

Il estime que le taux réel, donc la dangerosité réelle du point de vue de la population globale, est en-dessous de 1% et, sans doute, pas très éloigné du taux de mortalité de la grippe et pathogènes respiratoires associés (taux entre 0,1 et 0,5%).

Il s’explique dans cette interview, en anglais:

Ioannidis, en lien notamment avec les scientifiques italiens qui tentent de comprendre ce qu’il se passe chez eux (et il se passe à peu près la même chose en France), estime que le virus est, pour l’essentiel, mortel pour des gens âgés (65+) et souffrant déjà de certains problèmes de santé. La population italienne a une moyenne d’âge élevée et comprend de nombreux fumeurs, des cibles de choix du Covid-19 du fait de leurs nombreux problèmes pulmonaires et cardiaques. Il différencie également ceux qui seraient morts du Covid-19, et ceux qui étaient déjà en très mauvaise santé et où le Covid-19 ne fut que la goutte qui fit déborder le vase.

Il remarque que les foyers d’infection, en Italie, sont concentrés en quelques endroits, notamment en Lombardie, notamment à Bergame qui devint une “bombe à Coronavirus” suite au match Atalanta-Valence du 19 février, match qui regroupa 45 000 personnes et donna lieu à une nuit très festive, et mortelle pour certain.e.s (3).

Incertitudes sur le taux réel de mortalité.

De manière générale, Ioannidis estime que le nombre de personnes infectées est largement supérieur au nombre de personnes détectées. Par un facteur entre 10 et 100. Autrement dit le taux de mortalité calculé sur base du ratio entre le nombre de décès et le nombre d’infectés, d’où vient le chiffre entre 2% et 3%, est faux et serait en tout cas plus proche de 0,3% que de 3%. Similaire, en fait, à la grippe mais avec un ciblage fort sur une population spécifique où se développent des complications souvent mortelles.

Ioannidis reconnait qu’en l’absence de suffisamment de données, et dans l’incapacité de dépister les gens infectés, le confinement peut être une solution de court terme, le temps d’affiner le modèle épidémiologique. Le confinement, en lui-même, est inefficace pour affecter l’épidémie (autre que simplement retarder quelque peu son évolution) à moins de le maintenir pour dix-huit mois! Socialement, politiquement, économiquement impossible évidemment.

Mais même un confinement de courte durée a des effets délétères, certes encore plus dans un pays tels les USA sans couverture sociale mais même ici une récession peut mener à une surmortalité qui devient vite supérieure à la surmortalité liée à l’épidémie elle-même.

Il faudrait donc que les médias arrêtent de surfer et d’amplifier les angoisses d’une opinion publique pas forcément au courant des réalités objectives. Il faudrait que les politiques arrêtent de dire n’importe quoi (genre les médecins malades attrapent le virus en dehors des hôpitaux, dixit Olivier Véran, ministre de la Santé) et d’essayer de faire porter à la population le fardeau de leur propre incompétence. Il faudrait, enfin, que le régime fasse un calcul un peu sérieux du rapport coût-bénéfice, en termes de décès mais également en termes de l’état des populations les plus touchées par le confinement. Et s’il vous plaît libérez-nous de Michel Cymes.

Liens et sources.

(1) https://www.nexus.fr/actualite/-/cliniques-hopitaux-reanimateurs-industriels-prive-demandent-a-etre-requisitionnes-letat/?fbclid=IwAR2oE4edxHF7T1D8GpSWNyIv9Mg-VebgW6eiwiLB-1JLv07nIkKMqhZWnAo

(2)

(3) https://www.eurosport.fr/football/ligue-des-champions/2019-2020/le-match-zero-du-coronavirus-comment-atalanta-valence-est-devenu-une-bombe-biologique_sto7710611/story.shtml

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

8 réponses

  1. 8889solidarité

    A l’heure qu’il est seule la solidarité nationale et internationale permettra à l’humanité de surmonter l’une des + graves crises affectant actuellement la planète terre.Certains pays comme la Chine, la Russie et Cuba ont récemment montré l’exemple en mobilisant une aide conséquente en faveur de notre voisin italien durement éprouvé:l’intelligence et le coeur des hommes nous donneront le courage nécessaire pour surmonter la pandémie du coronavirus, terrible fléau de notre temps.

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