Il fait sombre et humide lorsque nous arrivons sur le petit parking du port de Riec-sur-Bélon. Un vrai soir de février, la balade et la dégustations d’huîtres ce sera pour demain. Nous nous préparons à camper sur place lorsqu’un personnage botté sort de la nuit et nous tombes dessus:
- Vous venez pour des huîtres?
- Bah oui, entre autres.
- Là c’est fermé. Mais vous ne pouvez pas rester ici, c’est un parking privé et ça va gêner les camions.
- Ah, ok. Vous savez où on peut trouver un parking plat dans le coin? On voudrait se balader ici demain matin.
- Bon suivez-moi, je vous ouvre l’entrée du camping, vous pouvez y rester la nuit.
500m plus haut, en effet, une barrière et un chemin d’accès au camping où nous pouvons nous garer. Notre guide se détend, restant debout sous la pluie car “sa femme l’attend” il nous raconte la folle histoire des huîtres du Château du Bélon. Propriété de sa famille depuis 1864 qui y fonda alors la première exploitation d’huîtres de France, notre nouvel ami est l’arrière-petit-fils du fondateur Auguste de Solminihac.
Partageant son temps entre un boulot d’ingénieur dans une grosse entreprise technologique et les huîtrières familiales, confronté à des difficultés financières notre ingénieur a eu l’idée de transformer le poulailler industriel, où nous nous trouvons, en camping dont toutes les toitures sont recouvertes de panneaux solaires. L’énergie ainsi revendue à EDF permet de couvrir certains frais.
En plus des 15 à 20 tonnes d’huîtres creuses traditionnelles dont les naissains sont captés sur place, l’huîtrière affine autant d’huîtres plates, à la forme et au goût très différent.L’affinage de qualité est rendu possible par la source d’eau ferrugineuse qui se déverse dans le Bélon à cet endroit.
François nous informe également sur cet autre projet qui lui tient à cœur: la création d’u nouveau statut de travailleur, le “bi-job”, où il serait possible d’associer sous un même contrat un travail rémunérateur et un travail-passion. Prenant exemple sur lui-même, dont le poste d’ingénieur lui permet de prendre du temps pour son travail d’ostréiculteur, ce système pourrait faciliter la création ou la pérennité d’entreprises artisanales pas toujours rentables
Le lendemain le temps s’est levé. La douzaine d’huîtres et la bouteille de cidre trouvées Chez Jacky dans la besace, nous partons en longeant la berge Ouest du Bélon, nous approchons de la pointe de Penquernéo, puis débouchons sur l’Aven menant à Pont-Aven et ses nombreuses galeries d’art.
La balade nous fait passer par l’allée couverte de Kerantiec, une sépulture datant du néolithique.