Le 75ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale se déroule en présence de quelques personnalités, face à un seul porte-drapeau, sur des Champs-Elysées déserts. La population est incarcérée chez elle bien que le 8 mai soit, encore, un jour férié. Angoissée pour sa vie après deux mois de propagande anxiogène, craintive des pouvoirs discrétionnaires de la force d’occupation qui sillonne le pays depuis le 17 mars, elle est appelée à fêter, mais discrètement, la défaite d’un régime totalitaire et le courage des soldats et des résistants qui l’ont rendue possible, tout en se soumettant “en même temps” à un autre régime totalitaire, celui articulé par le Santé Suprême, la Technocratie et le Moralisme (1).
75 ans après le culte de la personnalité hitlérienne ou pétainiste, nous sommes conviés au culte de la dépersonnalisation covidienne. Aux Masques citoyens! Cachez ces sourires obscènes, rasez les murs sans les toucher, surveillez bien les distances réglementaires, obéissez aux milles injonctions imbéciles de la technocratie En Marche, rampez avec vos Ausweis attestations de déplacement, de travail, “d’impérieuse nécessité” évaluée par la police selon ses objectifs de chiffre d’affaires (135 millions d’euros, à peu près, déjà engrangés depuis le 17 mars).
Une telle critique paraîtra obscène à toute personne conditionnée par la propagande et la désinformation organisées par le régime et la majorité des médias de masse. Il faut prendre le temps, juste un peu de temps, pour aller chercher une information plus complète, plus réaliste sur la situation: quel est le risque réel d’attraper et de diffuser le Covid-19, quel est le risque réel de tomber gravement malade voire de mourir? Quel est le coût réel économique, social, psychologique du confinement prolongé et du semi-dé confinement à venir? Avec quels arguments sortir de cette crise de nerf (2)?
De la sidération à la logique du parapluie.
Des réponses existent, certes non définitives, mais néanmoins basées sur le réel. Ce blog, comme beaucoup d’autres, tente de faire connaître ce que disent les épidémiologistes indépendants, de voir comment cela se passe ailleurs, d’identifier les enjeux de pouvoir et d’opportunités commerciales derrières les décisions du gouvernement français.
Le régime d’Emmanuel Macron tente de faire durer l’effet de sidération, s’évitant ainsi, ou du moins reportant le plus loin possible, le contre-coup qui viendra, peut-être, lorsque la peur aura diminué son emprise. L’état d’urgence sanitaire étendu jusque fin juillet nous déshabitue à la liberté. L’empilement des usines à gaz vise à détourner toute l’énergie des hommes et des femmes retournant au travail, à l’école, à la nature, à la vie. Tant que l’on s’active à gérer la complication, on ne pense pas à la questionner.
Des gens a priori éduqués, intelligents, honnêtes obéissent à des ordres, des règlements débiles par peur non pas tant du virus, mais des conséquences administratives et judiciaires de la désobéissance. C’est l’essence du totalitarisme. La politique du parapluie, la soumission à l’absurde par peur de la sanction administrative, de la critique sociale, de la relégation économique.
On va désinfecter des trains n’ayant plus roulé depuis six semaines, donc parfaitement débarrassés de toute trace du virus (qui peut survivre, dans le pire des cas, quelques jours à l’air libre) car “c’est la procédure”. On va obliger des gamins à porter des masques, à respecter des distances de sécurité, à se brûler la peau au gel hydroalcoolique alors que l’immense majorité d’entre eux, sinon tous, ne sont pas contaminés, et ne risquent rien s’ils le deviennent.
On va réguler, arbitrairement, les transports publics. Créer le chaos, des files interminables mais ceux et celles qui décident de cela ne sont évidemment pas les mêmes que ceux et celles qui en subissent les conséquences. Et puis, ce sont des centaines de milliers d’opportunités de PV en plus. A 135 euros pièce, à l’encontre d’une population qui souffre déjà, c’est dans la droite ligne de la prédation néo-libérale: choyer les riches, frapper les pauvres.
Houellebecq a sans doute raison: demain sera pareil, en pire.
Que diraient-ils?
Quel regard porteraient les anciens Résistants sur cette technocratie débile, cette police d’occupation, cette propagande anxiogène, cette soumission généralisée qui leur rend aujourd’hui hommage du bout des lèvres? Comment comprendraient-ils que la société valorise, dans les mots du moins, leur désobéissance à la loi de l’époque, leur combat contre les SS, la police, la milice, le fascisme?
Comment comprendraient-ils que la société actuelle considère héroïque le risque constant de se prendre une balle, d’être dénoncé, de subir les pires tortures dans les sous-sols de la Gestapo au nom de la Liberté, alors même que cette société aujourd’hui se terre, obéit à des injonctions débiles par peur du Chef ou de la police, applaudit chaque soir des milliers de soignants (qui, eux, ont effectivement pris de gros risques en travaillant dans des endroits hautement contaminés vêtus de sacs poubelles) tout en tremblant de peur à l’idée de sortir sans combinaison de guerre bactériologique, alors même que l’épidémie est en phase finale, qu’une minuscule partie de la population est aujourd’hui contaminante, et que l’on a les moyens de protéger ceux et celles véritablement à risque?
La Résistance s’organise.
Ce 8 mai 2020, l’Allemagne commémore, pour la deuxième fois de son histoire, la fin de la guerre 39-45. La première fois eut lieu en 1995, pour le 50ème anniversaire. François Mitterrand s’était alors rendu à Berlin pour un discours dont je cite ce passage:
L’ennemi d’hier était l’ami d’aujourd’hui. Au fond, que s’était-il passé ? Je sais que le débat existe en Allemagne. Il ne peut pas ne pas exister. Est-ce une défaite que nous célébrons ? Est-ce une victoire ? Et quelle victoire ? C’est peut-être sans doute la victoire de la liberté sur l’oppression sans aucun doute. Mais c’est surtout à mes yeux, et c’est le seul message que je voudrais laisser, une victoire de l’Europe sur elle-même.
https://www.vie-publique.fr/discours/205118-allocution-de-m-francois-mitterrand-president-de-la-republique-sur-la
Il faut toujours se demander de quelle victoire on parle. Que vaut une victoire sur un virus si elle signifie, en plus de tous les autres dommages collatéraux (3), la défaite de la liberté?
Cette question traverse de nombreux esprits. Une résistance s’organise, et pas seulement littéraire ou théorique. Un rapport intitulé “Au regard des conventions internationales, le confinement forcé général est-il légal?”, vient d’être publié par des instituts d’avocats: l’Institut des droits de l’homme du barreau de Paris (IDHBP) et l’Institut des droits de l’homme des avocat(e)s européen(e)s (IDHAE). Je cite ce passage de la présentation du rapport:
La question de savoir, si la France ne devait pas privilégier des mesures qui, tout en ayant pour objectif de protéger avec le plus d’efficacité les personnes à risques létaux, permettaient le maintien des fonctions vitales du pays est posée.
D’autres pays européens, tels l’Allemagne, la Suisse ou la Suède ont exploré, avec bénéfice, des alternatives au CFG (Confinement Forcé Général, ndt), moins attentatoires aux libertés et ont un nombre de morts moins élevé qu’en France, rapporté à leur population.
Il a certes été soutenu que le CFG ne pouvait être écarté dans les pays européens de culture latine, la population y étant « indisciplinée » et « tactile ». Mais le Royaume-Uni, qui a succédé, par ordre d’entrée en CFG, à l’Italie, l’Espagne puis la France, lesquelles, ont la surmortalité due à la pandémie la plus forte au monde, derrière les États-Unis (pour les pays où elle peut être connue avec quelque exactitude…), se classe, depuis le 30 avril 2020, juste derrière l’Italie, dans ce sinistre score.
Au demeurant, l’indiscipline supposée des populations méditerranéennes ne justifie pas, dans une société démocratique, de l’étendue considérable des atteintes faites, par le CFG aux droits fondamentaux. En effet, il découle du principe d’indivisibilité de ces droits que le droit à la vie n’a de sens que s’il permet pleinement l’exercice des autres droits attachés à la dignité humaine.
Ce pourquoi René Cassin, l’un des principaux rédacteurs de la Déclaration universelle du 10 décembre 1948, affirmait : « Le droit à la vie, oui, mais pas à n’importe quelle vie ! »
http://idhbp.org/uploads/files/pre-rapport_tout_001-410_BAT.pdf
La supposée indiscipline de la population française, et des populations latines en général, est présentée par ceux et celles que le confinement privilégie comme le fait légitimant la répression policière et la mise aux fers des libertés fondamentales. Or rien ne supporte une telle allégation, le régime lui-même reconnaissant le courage et la discipline française. Le confinement a été respecté partout sauf quelques rares lieux déjà connus pour d’autres problèmes, avec ou sans police. Personne ne le conteste, et il est par ailleurs intéressant de creuser un peu les origines de cette supposée indiscipline, comme j’ai tenté de le faire dans “Covid-19: Répression et le mythe de l’indiscipline française” (4).
La résistance est encore très timide. Il en faut beaucoup pour que des élus osent affronter le risque de passer pour des “inconscients”, voire des criminels, en affrontant l’absurde que la Technocratie veut leur imposer. L’affaire des plages offre un espoir mais il faudra attendre, sans doute, une forme de désobéissance civile de la part de gens poussés à bout pour faire bouger les lignes.
Schizophrénie sociale.
J’ai l’impression que “la société”, pour autant que ce terme ait encore un sens, a une relation schizophrène à la liberté: elle estime y avoir droit tant qu’elle n’a pas à en payer le prix. Elle honore ceux et celles qui sont morts pour la défendre ou pour la récupérer des mains de l’ennemi, mais elle crache sur ceux et celles qui lui demandent de prendre un minuscule risque sanitaire pour éviter de la perdre à nouveau.
Elle érige en héros les résistants au fascisme ou au totalitarisme d’antan ou d’ailleurs, mais accepte sans broncher la dictature technocratique et policière d’ici et maintenant. Elle chante les vertus de l’écologie et de la nature, mais pour autant que la nature ne déroge pas à son rôle de victime.
La peur étend son emprise sur l’Europe, elle est notre pire ennemie mais, en même temps, la meilleure alliée des “démocratures” que nous connaissons aujourd’hui un peu partout. Des régimes où l’Etat de Droit se retrouve bâillonné à la moindre crise, et raboté au fil du temps “pour notre sécurité.”
Lorsque Mitterrand parlait aux Allemands, le 8 mai 1995, en disant que cette date signalait non pas une défaite du peuple allemand mais une victoire de l’Europe sur elle-même, il ne pouvait pas savoir à quel point cette parole pourrait résonner 25 ans plus tard. Il parlait de la victoire sur la haine, fille de l’Histoire, une Histoire dont il avait fallu changer le cours. Il parlerait aujourd’hui, sans doute, d’une victoire à gagner contre la peur et contre ceux et celles qui l’instrumentalisent à leur profit.
Liens et sources:
(3) https://zerhubarbeblog.net/2020/03/29/le-rapport-cout-benefice-catastrophique-du-confinement/
(4) https://zerhubarbeblog.net/2020/04/26/covid-19-repression-et-le-mythe-de-lindiscipline-francaise/
Pratiques policières illégales: https://www.amnesty.fr/actualites/france-alerte-sur-les-pratiques-policieres-illegales-pendant-le-confinement
Polony:
Le rappel de notre condition de mortels doit-il marquer l’ « écroulement » de notre civilisation, pour reprendre le mot d’Edouard Philippe ? Sommes-nous devenus à ce point incapables d’accepter notre finitude que nous sacrifiions sans aucun débat le long terme à la préservation immédiate, sans souci du juste équilibre ? Il n’est pas question de faire la leçon à ceux qui sont confrontés concrètement à des arbitrages périlleux sous l’œil obsessionnel des chaînes d’information continue et des réseaux sociaux. Mais un enseignement se dégage. Face à l’incertitude, la démocratie est, contrairement à ce que beaucoup semblent croire, le régime le plus efficace. Parce qu’il postule la responsabilité des individus et les rend maîtres de leurs décisions, autonomes, se fixant leurs propres règles. Rien à voir avec ce néolibéralisme autoritaire qui postule la minorité des citoyens, retient les informations et multiplie les interdits pour mener à la baguette des gens rétifs sur qui pourtant on se défausse pour éviter qu’ils n’intentent des procès.
https://www.marianne.net/debattons/editos/controler-des-cretins-ou-informer-des-hommes-libres?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR3RNl_h56X0G6V3fURSUtd-ruzqKqTGojrz5FkcVbv-ps-LkzSodo_q610#Echobox=1588848269
Merci pour ces articles! Ces points de vus ne sont pas si simples à trouver. Je me fais un devoir de les relayer car comme vous et d’autres je pense que le vrai danger n’est pas la un on le pense. Certaines questions demeurent pourtant et la premier c’est pourquoi. Pourquoi ces sois dites grandes puissances mettent en peril toute une économie ( dont les fondements sont discutables) pour un virus très peu mortel. Je n’ai pas la réponse. En revanche cette surréaction des états, cette politique de la peur et la réaction de nous autres moutons est très inquiétante.. Et meme si cette pause industrielle donne une bouffée d’oxygène, j’ai très peur du ” monde de demain”. La propagande menée par nos dirigeants est
redoutablement efficace, et la détricoter prend du temps. Mais ne baissons pas les bras, plus que tout j’aimerais preserver un monde libre pour nos enfants!
Merci à vous de lire et relayer. Cette question du pourquoi va de paire avec celle du rapport coût-bénéfice des mesures de confinement. Les morts comptabilisées semblent compter plus que les morts dont on ne parle pas. Cette hypocrisie extrême de la société moderne doit être interrogée.
du 8 mai au 11 novembre, c’est “du pareil au même”. On retient généralement peu de choses de l’Histoire passée, mais, apparemment, pas davantage de l’Histoire récente, même très récente.