Confinement Covid-19, crime ou incompétence?

L’article précédent, sur le sujet de la pandémie Covidienne et les réponses politiques et sanitaires déployées par les différents pays, actualisait le constat des conséquences aussi néfastes que prévisibles du confinement prolongé:

J’estime, pour ma part, ces décisions (de confinement) criminelles au sens où elles entraînent bien plus de dommages qu’elles n’en préviennent, des dommages allant jusqu’à la mort prématurée de plus d’individus qu’elle ne permettent de sauver. D’où la question: pourquoi?

https://zerhubarbeblog.net/2020/05/27/confinement-covid-19-de-lerreur-a-lhorreur/

Pourquoi?

La réponse à cette grave question ne peut être uniforme, les personnalités et cultures politiques ainsi que les enjeux n’étant pas les mêmes d’un pays à l’autre. On ne peut comparer l’environnement politique et culturel de la Suisse avec celui de l’Inde par exemple, ce d’autant moins que l’on constate des différences de stratégie entre pays par ailleurs comparables telles la Norvège et la Suède.

L’éventail des réponses nationales se dessine entre deux extrêmes: d’un côté les pays ayant appliqué un confinement long et dur, de l’autre ceux n’ayant appliqué que des mesures de distanciation physique et de confinement sélectif. Entre les deux, une variété de mesures plus ou moins contraignantes doublées de mesures plus ou moins répressives et d’approches sanitaires plus ou moins évoluées allant de rien du tout à un dépistage massif dès le début de la crise.

Le danger de la légitimation scientifique de façade.

Un récent article du Telegraph, pas vraiment un modèle de journal anarchiste et, en plus, un temps employeur de Boris Johnson en qualité de journaliste correspondant à l’Europe, dézingue littéralement les politiques de confinement sous le titre “L’absence de preuves d’une quelconque efficacité du confinement est un scandale mondial”, avec l’introduction suivante:

Nous avons fait exploser l’économie mondiale au nom d’une expérience de confinement qui n’a sans doute pas marché, à en croire les données les plus récentes. Cette révélation diabolique devrait constituer un scandale à l’échelle mondiale. Elle devrait aussi mener à un salutaire moment d’illumination pour l’Angleterre, alors que nous tentons de sauver notre économie tout en apprenant une leçon sur comment mieux protéger nos gens vulnérables. Et pourtant le narratif Covid devient de plus en plus surréaliste.

We have detonated the global economy to pursue a lockdown experiment that may not have worked, according to the latest evidence. This diabolical revelation should be a world scandal. It should also be a sobering moment of enlightenment for Britain, as we seek to salvage our economy while learning lessons on how to better protect the vulnerable. Instead the Covid narrative becomes ever more surreal.

https://www.telegraph.co.uk/politics/2020/05/28/lack-evidence-lockdowns-actually-worked-world-scandal/?fbclid=IwAR1j1SSWwlsYbbd56O26Es1NkyUE78PGc8HbLuvmGT-etMwGEPfCLnRfW-I

Le cas britannique fut abordé précédemment sur ce blog: initialement parti sur une stratégie “à la néerlandaise” de recherche d’immunité de groupe tout en gérant les dégâts et sans crasher son économie, une étude publiée par le prestigieux Imperial College de Londres, prédisant un taux de mortalité de minimum 250 000 personnes si cette stratégie se poursuivait, fit changer d’avis Boris Johnson qui instaura alors un confinement comparable aux cas français, espagnols et italiens.

Il se trouve que cette étude, menée par un certain Neil Ferguson, qui dût démissionner de son poste du fait qu’il contrevenait lui-même aux règles de confinement qu’il avait fait imposer à l’ensemble de la population, était essentiellement bidon et qu’aucune de ses prévisions n’étaient réalistes.

Cette faillite d’une certaine parole scientifique, ou réputée telle, est un élément clé de la débâcle actuelle: que ce soit de la mauvaise science, ou de la science de connivence au profit de puissants lobbies telle qu’on le constate avec le scandale de l’étude anti-hydroxychloroquine, publiée le week-end dernier dans The Lancet, ou encore de la “bonne” science ignorée par le politique pour des raisons qu’il nous faut explorer, un clivage massif est en train d’apparaître entre la crédibilité des scientifiques qui font de la science, et ceux ou celles qui font du commerce ou de la politique (1).

Ce clip de 2012, où le prof. Didier Raoult est invité au Sénat pour parler des infections émergentes, devrait tourner en boucle dans toutes les facs:

La crise britannique.

Le drame britannique est donc, aujourd’hui, en plus d’une mortalité élevée malgré un confinement dur, le constat d’une politique catastrophique en termes économiques, sociaux et sanitaires s’ajoutant à l’incertitude associée au Brexit, le tout souligné par une perte de confiance en l’establishment symbolisé par l’actuel scandale autour de Dominic Cummings (conseiller de Johnson) et son propre irrespect confinatoire (2).

Certes, ces scandales autour de libertés prises par des personnalités proches du pouvoir sont incompréhensibles ici en France, où les règles répressives s’appliquent à la population mais pas aux élites qui disposent toujours de moyens de contournement. Reste que la police britannique a dû, ce week-end, faire l’aveu de son impuissance à maintenir enfermée la population (3). Comme quoi la résistance à l’absurde reste toujours possible dès lors qu’une minorité conséquente l’affirme. Comme quoi la discipline, passé un certain stade d’abus de pouvoir, n’est plus une vertu.

Une relation démontrée entre démocratie et honnêteté.

La Norvège constitue un exemple saisissant: un pays riche, éminemment démocratique et social avec pour premier ministre une femme a priori intègre, Erna Solberg, s’est vu imposer un confinement relatif avec fermeture des écoles. Ceci en contradiction avec son voisin immédiat, la Suède, où la politique sanitaire est menée par un scientifique en charge de la santé publique, le Dr Anders Tegnell, qui s’est opposé à tout confinement et fermetures scolaires.

Les Suédois furent traités de fous par la bien-pensance confinatoire alors que les Norvégiens, eux, étaient considérés bons élèves et pourtant, ce mercredi, Erna Solberg reconnaissait sur la chaîne nationale NRK avoir paniqué, admettant que la fermeture des écoles était probablement une erreur. Son propre institut de santé publique lui avait déconseillé une telle fermeture, mais la peur avait pris le dessus (4).

De tels aveux seront sans doute très rares, le fruit d’une culture de la transparence et de l’honnêteté politique confinée, pour le coup, à quelques pays que l’on retrouve dans le haut du tableau du classement de Transparency International (5). Il est d’ailleurs instructif de comparer ce tableau avec l’intelligence des mesures anti-Covid ou, plus exactement, avec le degré de respect de la démocratie et des droits fondamentaux des populations. La Suède et la Suisse partagent la 4ème place, la Norvège 7ème, le RU 12ème, la Belgique 17ème, la France 23 ème à égalité avec les USA…

La panique est donc un élément possible, et parfois recevable pour l’imposition de mesures de confinement qui n’ont en réalité pas d’impact important sur l’aspect sanitaire lui-même, mais un impact relativement important, et négatif, sur tout le reste ou presque, comme décrit dans “Covid-19: de l’erreur à l’horreur” (6).

Une telle panique souligne un manque de compétence du politique, un défaut de jugement susceptible d’engendrer une mortalité supérieure aux éventuels gains initiaux. Je ne sais pas si ceci relève alors de la seule sanction politique ou de la Justice, mais cela ne relève pas, il me semble, de la mauvaise foi ou d’une intention générale de nuire au profit de quelques intérêts non formulés. Voire non formulables.

Les inconnues connues.

Partant des inconnues connues (the known unknowns, pour réutiliser cette fameuse phrase de Donald Rumsfled (7)) il est possible d’échafauder un scénario à l’opposé de la simple incompétence: celui de l’opportunisme voire de la volonté d’imposer une étape supplémentaire dans la marche globale vers le totalitarisme.

La première de ces inconnues est l’origine du virus du Covid-19, le SARS-CoV-2. L’article sur les origines troubles de ce virus (8) illustre sa très surprenante capacité à infecter le corps humain, légitimant de ce fait des doutes sur son origine naturelle. S’il est en réalité issu du laboratoire P4 de Wuhan, et diffusé accidentellement (ou pas), on peut penser que le régime chinois le sait, et le sait depuis le début ou presque.

Ceci pourrait avoir des répercussions immenses sur la géopolitique mondiale et légitimer des demandes de compensation faramineuses à l’encontre de la Chine. Vu les tensions existantes entre les USA et la Chine, je n’ose imaginer l’effet d’une accusation pleine et entière à l’encontre de cette dernière.

Une autre inconnue est le degré d’opportunisme politique à l’origine des décisions de confinement. A l’extrême, un tel virus s’attaquant principalement aux personnes âgées ou souffrant de morbidités typiques de populations mal-nourries (notamment le diabète), des personnes donc souvent pauvres et/ou peu productives, est une aubaine pour tout régime désirant réduire cette population vue comme une charge inutile.

Le confinement ne freine pas réellement le taux de mortalité des âgés, et même le renforce du fait de la misère émotionnelle qu’il impose à tous ces vieux interdits de voir leurs proches. De nombreux articles de presse attestent de cette misère, tout comme de celle des gens qui décèdent ou vont décéder par manque de soins pendant le confinement, l’ensemble du système de santé ayant été réquisitionné pour les victimes Covid.

Certes, en termes de chiffres réels la surmortalité directe associée au Covid-19 est marginale: le pic d’avril est déjà résorbé, la grippe ayant apparemment été moins forte cette année. 600 000 personnes décèdent chaque année en France, 20 000 de plus ne représenterait pas un grand succès pour une politique d’éradication mais il n’y a pas de petits profits et, surtout, la surmortalité réelle due au confinement est encore loin d’être connue, et ne le sera vraisemblablement pas avant quelques mois ou un an.

Une troisième inconnue est le présupposé derrière la montée en puissance du virtuel: le “distanciel” ou télétravail qu’ont découvert des centaines de milliers d’employés et d’élèves, chose présentée pour ces derniers (et surtout leurs parents) comme garantissant une “continuité pédagogique”. Chose garantissant surtout, en réalité, un boost inégalitaire catastrophique pour ceux et celles dont l’environnement matériel et familial ne se prête tout simplement pas à ce genre d’expérience. L’école en présentiel est déjà fortement inégalitaire, l’école en distanciel est inégalitaire au carré. Qui cela arrange-t-il?

Symbole de cette intégration avec le virtuel, la fameuse application StopCovid. Objectivement, vu tout ce que nous laissons déjà comme traces sur Internet et les réseaux sociaux au profit des GAFAM et de leurs clients, l’objection de pistage “illégitime” est assez marrante mais s’inscrit dans un syndrome – parfaitement justifié – de méfiance face à l’autorité. La crise du Covid-19 pourrait être l’occasion de tester la perméabilité du traçage numérique légitimé par une problématique sanitaire aujourd’hui, autre chose demain.

Un drame particulier pour l’économie de la proximité physique.

Plus généralement, la récession économique et ses conséquences matérielles, psychiques et sanitaires vont, de l’avis général, affaiblir voire tuer bien plus de monde que le Covid-19 proprement dit. Cela était parfaitement prévisible et vise, surtout, la population qui oeuvre majoritairement dans le secteur qui se relèvera le plus difficilement, celui dépendant du contact humain: hôtellerie-restauration, tourisme, culture vivante etc, ces activités qui comptent en gros pour 10% des économies type OCDE.

Cette partie de l’économie dite des loisirs, celle qui permet de supporter l’autre dite productive, va non seulement souffrir énormément des restrictions dites “sanitaires” mises en place partout, mais va aussi faire souffrir ceux qui en ont besoin pour leur équilibre. Exemple, les enfants ayant besoin d’activités extra-scolaires et de vacances organisées, toutes supprimées ou fortement limités au nom de la terreur covidienne.

La vidéo récemment publiée par The Economist illustre cette fragilité particulière:

Le public le plus susceptible de souffrir de cette situation est le plus éloigné des classes dirigeantes. Sa souffrance n’empêchera personne de déguster du homard sous les ors de la République. Et, bonus, sa misère pourra servir d’avertissement à ceux et celles juste au-dessus, ceux et celles qui parfois endossent un gilet jaune et obligent le Fouquet’s de fermer.

Eviter le complotisme.

On ne peut dire, évidemment, que le Covid-19 et le confinement général seraient le fruit de complots macabres d’un Nouvel Ordre Mondial passé à la vitesse supérieure, mais les conséquences sont les mêmes: fragilisation d’une partie de la société considérée comme non productive, voire “ennemie” des privilèges du pouvoir institutionnel. Expérience sociale à grande échelle de la manipulation par la peur et la répression. Légitimation de l’Union Européenne présentée comme sauveur et financeur de dernier ressort. Affaiblissement de la Chine via un mouvement de relocalisation industrielle – voire mise en responsabilité directe.

L’apparente irrationalité des mesures de confinement pose problème dès lors que, sortis de la sidération, on en cherche le sens. C’est le manque de sens qui est, le plus souvent, à l’origine des thèses dites “complotistes” qui, ensuite, justifient la censure et la délégitimation de toute critique politiquement incorrecte. Pour éviter ce piège il faut regarder chaque possibilité en face.

Surréalisme à la française.

Dans le cas français, déjà ratissé en long et en large via plusieurs articles sur ce blog, le régime a adopté une posture incohérente et répressive plutôt conforme à sa position sur l’indice de Transparency. La corruption endémique à la structure décisionnaire française, associée à la kakistocratie (promotion de l’incompétence en échange de la fidélité), particulièrement visible sous la houlette macroniste, ont naturellement mené au désastre que l’on sait.

Le surréalisme mentionné par The Telegraph ci-dessus s’applique aussi bien ici qu’outre Manche:

Le ministre de l’intérieur a insisté vendredi au micro de RTL sur le fait que la règle des 100 km, au-delà desquels il est interdit de se déplacer, était « encore en vigueur ce week-end » prolongé de la Pentecôte. « Il y aura encore des contrôles. » Néanmoins, a-t-il poursuivi, « l’objectif n’a jamais été de sanctionner les Français par des procès-verbaux, mais de les protéger ».

https://www.lemonde.fr/sante/article/2020/05/29/coronavirus-des-controles-ce-week-end-les-francais-appeles-a-consommer-leur-epargne-pour-relancer-l-economie_6041149_1651302.html

Qu’une petite crapule de seconde zone tel Castaner finisse ministre de l’Intérieur d’une puissance nucléaire atteste de la puissance de cette promotion des imbéciles. Qu’il affirme, en plus, que sa politique de répression à base de verbalisation massive – répression unique en Europe, sinon au monde – se fasse dans le but de “protéger” les Français, alors même que l’on sait que le confinement est contre-productif, ce en plus à l’aube d’un long week-end à trois jours du déconfinement “réel”, relève de la seule volonté de nuire poussée à un niveau relevant, à mon avis, soit de la justice pénale soit de l’hôpital psychiatrique.

Il existe donc beaucoup de réponses possibles à la question du “pourquoi”, pourquoi ce confinement qui crée plus de malheurs qu’il n’en évite. Entre la panique de bonne foi et l’opportunisme cynique voire criminel, il appartient à chaque pays de faire ses comptes et d’en tirer ses conclusions. Ce processus, du moins là où il lui sera possible d’exister, alimentera sans doute un long fil d’articles et de commentaires sur la Toile. Espérons surtout que quelque chose d’utile en sortira.

Liens et sources:

(1) https://zerhubarbeblog.net/2020/05/06/covid-19-etude-des-luttes-ou-lutte-des-etudes/

(2) https://news.sky.com/story/coronavirus-a-timeline-of-dominic-cummings-movements-11993086

(3) https://www.telegraph.co.uk/news/2020/05/31/lockdown-rules-unenforceable-public-will-do-want-warn-police/?li_source=LI&li_medium=liftigniter-rhr

(4) https://www.dailymail.co.uk/news/article-8373857/Norways-PM-admits-closed-schools-nurseries-fear.html

(5) https://transparency-france.org/actu/indice-de-la-perception-de-la-corruption-2019-de-transparency-international-il-y-a-urgence-pour-la-france-a-relancer-la-lutte-contre-la-corruption/#.XtUZwjozaCg

(6) https://zerhubarbeblog.net/2020/05/27/confinement-covid-19-de-lerreur-a-lhorreur/

(7) https://en.wikipedia.org/wiki/There_are_known_knowns

(8) https://zerhubarbeblog.net/2020/05/23/les-origines-troubles-du-sars-cov-2-le-virus-du-covid-19/

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

21 réponses

  1. Thomas M.

    Article bien écrit et argumenté, ponctué d’exemples parlants, qui balaye très bien le champs des possibles « pourquoi ». L’aveu de la PM norvégienne, dont il faut saluer l’humilité, m’avait échappé. Je n’ai pas l’impression que cette « confession », comme disent les journalistes qui se copient entre eux, a été massivement relayée chez nous, en France. Oh, comme c’est étonnant ! Au passage, kakistocratie : néologisme ? 🙂

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