Covid-19 et pathologie du complot.

Ce titre est paradoxal, au sens où il ne dit pas que la crise covidienne servirait de support à un “complotisme” populaire de nature pathologique. Il dit, au contraire, que c’est la pathologie du complot qui transforme une problématique sanitaire en une catastrophe générale.

Une pathologie qui n’est pas tant celle des “complotistes” voués aux gémonies sur tous les plateaux médiatiques et dans les bonnes pages des journaux respectables, mais au contraire celle qui sévit dans les sphères de la haute administration et de la politique, là où règnent des gens qui savent que leurs privilèges sont acquis aux dépens de la société en général, et qui “complotent” contre elle afin de se prémunir du risque de révolte, en développant pour ce faire le principe de l’Etat totalitaire sous couvert de “guerre” contre le Covid.

Il y a une constante dans l’histoire de l’Humanité, qui est que ceux qui ont des privilèges au détriment de ceux qui n’en ont pas, se sentent persécutés par ceux qui n’en ont pas car ceux-là, qui sont les plus nombreux, pourraient se rendre compte qu’ils ont confisqué des privilèges et même, pourquoi pas, vouloir les tuer.

Ils (les privilégiés) organisent donc des complots à l’encontre de ceux qui n’en ont pas (de privilèges). C’est l’Histoire de l’Humanité, sauf qu’il y a quelque chose d’inédit aujourd’hui, c’est que l’on a pas le droit de le penser, et que toute pensée sur cette question est criminalisées. Pourquoi? Pour éviter de penser les crimes.

Ariane Bilheran – Le totalitarisme et le choix de la vie héroïque – Entrevue avec Pierre Barnérias

Voilà le début de cette démonstration par Ariane Bilheran, psychopathologe et autrice de plusieurs ouvrages sur la manipulation, l’autorité et la psychopathologie de la paranoïa associée à l’exercice du pouvoir (1).

Si vous avez une petite heure, je vous conseille l’écoute de l’entretien ci-dessous, et si vous ne l’avez pas je vous invite à la trouver car l’investissement, à mon avis, en vaut largement la peine.

La nature paradoxale du complot.

Le complot originel est l’apanage des privilégiés qui “complotent” afin de se prémunir d’un possible soulèvement de ceux dont ils profitent et dont, logiquement, ils se méfient. De Platon et les oligarques, à Arnaud Montebourg fustigeant hier, sur Thinkerview (2), une oligarchie d’énarques ayant pris le pouvoir sur l’Etat français sans que la démocratie y puisse grand chose, les “élites” de par le monde n’ont de cesse de fabriquer des systèmes de préservation de leurs propres privilèges.

Cette situation est décrite, d’une manière un peu différente, par Thorstein Veblen dans sa théorie des classes de loisirs, déjà discutée sur ce blog dans le cadre de l’Etat prédateur, où ces classes de loisir légitiment leurs privilèges en faisant croire à la population qu’elles sont nécessaires pour donner un sens à leurs vies: soldats, clergés, artistes, politiciens, sportifs, grands patrons qui se démarquent par leur consommation ostentatoire, sont ceux et celles qui donnent aux classes dites “laborieuses” un sentiment d’appartenance à quelque chose de plus grand qu’elles-mêmes, et au profit desquelles elles (les classes laborieuses) acceptent de payer, d’obéir, voire même d’applaudir.

La personne qui démontre la réalité du “complot” est traditionnellement appelée “philosophe”. Celle qui cherche à se prémunir d’un complot imaginaire, en l’occurrence la personne privilégiée qui s’estime persécutée par le “complotisme” de ceux dont elle profite, est nommée “paranoïaque”.

Cette paranoïa n’émane pas d’une quelconque réalité, sauf rares exceptions, mais du sentiment propre au privilégié qui se sait illégitime, qui vit avec ce sentiment de culpabilité qui le mène à développer des stratégies de manipulation, de contrôle et de répression afin de protéger sa position, et ce notamment en accusant toute remise en cause de sa position de “complotiste”.

Le mot, et les termes s’y rapportant tel “conspirationniste”, participent dès lors au langage paradoxal, l’arme de choix des pervers et des manipulateurs. On connait évidemment le “t’es qu’une merde” suivi du “je t’aime et j’ai besoin de toi” du pervers narcissique, mais à l’échelle qui nous occupe ici nous en avons une démonstration flagrante sous la forme de la “guerre” au virus.

L’injonction paradoxale.

L’injonction paradoxale d’un virus susceptible d’anéantir une proportion importante de l’Humanité, justifiant dès lors des moyens qui tuent encore bien plus que le virus, sidère. L’injonction paradoxale appelant au sacrifice des jeunes afin de ne pas porter préjudice aux vieux, sidère. L’injonction paradoxale interdisant les balades dans les bois à plus d’un km de chez soi, mais conseillant de s’aérer en ouvrant les fenêtres, ou ne voyant pas d’inconvénient au fait de prendre un métro bondé, sidère. La mise au banc des accusés d’un professeur français de renommée internationale, qui sauve des gens, au profit d’une vaste opération de corruption par l’industrie pharmaceutique, sidère. La répression omniprésente à l’encontre de la population, des petits commerces, librairies etc… qui sont nécessaires à la société et ne constituent en rien un risque sanitaire, sidère.

L’omniprésence de l’absurde nous sidère, et ce n’est pas pour rien qu’elle est à la base de la novlangue orwellienne dans 1984 (3).

La gestion par la peur: terreur et empathie.

Cette sidération empêche de penser et empêche d’agir. Elle est l’arme du tyran qui, aujourd’hui, fort de ses connaissances précises en termes de manipulation (connaissances en bonne partie issues du profilage réalisé et vendu par les GAFAM, voir par exemple NSA, GAFAM et Capitalisme de Surveillance), a développé une gestion par la peur extrêmement efficace ayant pris la forme d’une “contagion délirante”, comme le dit A. Bilheran.

Cette gestion par la peur a deux axes: la terreur répétée en boucle d’une part, avec ses chiffres effrayants et ses prédictions alarmistes souvent fausses (4), et l’appel à l’empathie d’autre part. A nouveau nous connaissons tous, de près ou de loin, cette personne bienveillante, trop bienveillante, qui s’intéresse à nos problèmes pour ensuite nous manipuler, nous détacher de notre environnement naturel (le processus de sectarisation), et se servir de nous à d’autres fins.

Ce sectarisme, nous le vivons en direct par le biais des confinements et des fermetures de tout ce qui relève de la vie sociale et culturelle. Couper nos liens humains habituels pour nous “protéger”, rhétorique de base de toute secte, pour ici les remplacer par le “distanciel”, cette technologie ouvrant notre espace privé à l’omniprésence, l’omniscience voire l’omnipotence des systèmes de contrôle et de propagande, marque l’avènement d’un vieux rêve humide de tout tyran digne de ce nom, et que l’on retrouve dans tout récit d’un avenir technologique dystopique.

La manipulation par l’empathie, ici, est symbolisée par l’injonction à ne pas faire courir de risques à l’autre, quel qu’en soit le coût, même si le risque est minuscule. C’est ainsi que l’on soumet les enfants qui sont accusés d’être les tueurs potentiels de leurs grands-parents, de leurs professeurs s’ils n’obéissent pas aux injonctions sanitaires, s’ils ne portent pas le masque, s’ils osent ne serait-ce que l’ombre d’une embrassade (5).

Du rationnel à l’émotivisme.

Cette méthode de manipulation par la terreur et l’empathie est vieille come le monde. Elle est aujourd’hui développée, ici comme ailleurs, à un niveau sans doute jamais égalé auparavant grâce à la technologie d’une part, mais d’autre part du fait de notre croissante incapacité à gérer nos émotions, cet abandon dramatique à l’émotivité.

Cette valorisation moderne de l’émotivité, ancrée dans le libéralisme, va à l’encontre de l’essence même de la philosophie qui implique la capacité à prendre du recul. Elle sert les secteurs marchands et idéologiques, mais également tout système de pouvoir:

La moralité du libéralisme moderne, dénué de finalité autre qu’utilitaire, ne peut s’imposer que par la violence. Cette violence s’exprime notamment par le discours moraliste et l’émotivité auto-promotionnelle. Qu’une règle soit enfreinte par un groupe qui partage la même morale que moi et je trouve cela légitime. Que cette même règle soit enfreinte par un groupe se réclamant d’une morale différente et cela devient illégitime – et même totalement inacceptable, justifiant la plus pure des indignations.

Les gens partageant un intérêt commun se regroupent sous des bannières moralistes qu’ils ou elles défendent essentiellement avec des armes émotives, les seules à même de faire fi de toute argumentation rationnelle, rendant inaudible toute justification du camp adverse.

https://zerhubarbeblog.net/2018/04/23/du-liberalisme-au-moralisme-emotif/

Exemple frappant d’un recours du paranoïaque à l’émotivisme à défaut d’arguments rationnels: le “pétage de plombs” de Oliver Véran à l’Assemblée Nationale:

Le droit à la vie héroïque.

Le héros est celui ou celle qui transcende le risque de mourir au profit de quelque chose de plus grand que lui ou elle. Je paraphrase encore ici les propos de Ariane Bilheran: C’est le héros qui transgresse les règles, même celles des dieux, au nom de valeurs supérieures: l’amour, la charité, et le sacrifice, c’est-à-dire ce qui rend sacré le lien humain.

Ce qui nous humanise est notre capacité à n’être ni des êtres purement naturels, là où règne alors la seule loi du plus fort, ni des être uniquement de culture, mais des êtres capables d’apprendre à philosopher, et donc à mourir, voire à mourir en héros. Dès lors, l’injonction à la survie, à l’abandon du lien et de la liberté au nom de notre “sécurité”, est une attaque ontologique envers notre humanité, qui disparaît dès lors qu’elle n’est plus pensable en termes de transcendance.

Cette approche de la moralité rejoint, il me semble, celle développée par Alasdair McIntyre, philosophe écossais qui publiait en 1980 After Virtue, un essai cherchant à démontrer comment la charpente morale qui préexistait au libéralisme politique s’est effondrée à l’époque des Lumières, ne laissant à sa place qu’une idéologie libérale se vidant peu à peu de tout son sens (6).

Ces éléments me paraissent utiles pour comprendre les ressorts de la manipulation dont nous sommes actuellement victimes: la disparition de notre capacité philosophique, celle qui rend possible et désirable la vie héroïque, celle qui refuse la survie misérable dans un environnement inhumain, est mise à profit par une stratégie de domination utilisant les méthodes sectaires de la terreur et de l’empathie.

Le retour du Samizdat.

Le complot, alors, est le fait de ceux et celles qui organisent cette domination, et les “complotistes” sont, ici, ceux et celles qui tentent de comprendre et de décrire les causes et les conséquences de la situation parfaitement absurde qu’ils et elles constatent.

Comme dans toute lutte, n’existent ni le parfaitement méchant d’un côté, ni le parfaitement bon de l’autre. Dans cette lutte-ci, contre la poussée totalitaire, l’arme principale est la propagande et son adversaire, la contre-propagande. Ceci est très bien illustré par le documentaire Hold-Up, sorti le 11 novembre, un exercice de contre-propagande ayant mis le feu aux culs des mercenaires et chiens de garde du régime paranoïaque (7).

Une excellent description de cette bataille de la communication a été réalisée par Slobodan Despot, qui confère au film le titre de “Samizdat”, terme russe décrivant la diffusion clandestine d’œuvres poétiques sous la censure soviétique:

L’opposition y trouve un front et des visages — et surtout, elle est désignée comme telle, avant tout par ses adversaires. L’illusion d’une société ouverte et démocratique tombe. Ces histoires de dissidence, de réseaux secrets et d’opposition tacite que les Occidentaux consommaient comme une série TV pour se faire agréablement peur, ils savent désormais qu’elles sont devenues leur réalité. Et que, à l’inverse, les rites démocratiques qu’on continue de pratiquer sont un théâtre sédatif.

https://www.tribunejuive.info/2020/11/17/slobodan-despot-hold-up-la-part-infalsifiable/?fbclid=IwAR0lelERPiDam5eC3hxoD43DaEqtI7paJlKNpXbzKfISSDAYmlKZztFzIsI

Reste que nous ne sommes pas en Union Soviétique, et que malgré tous ses efforts, telles la diabolisation des “opposants” aux mesures sanitaires ou la loi “sécurité globale” visant à réduire la liberté de la presse (8), le régime n’a pas encore tous les moyens de répression de l’information.

Confirmation scientifique de l’inutilité du confinement.

Ainsi, au fur et à mesure où apparaissent aux yeux du grand public les preuves de l’absurde, comme ci-dessous dernièrement sur LCI, le régime doit doser son usage de la répression afin de ne pas “réveiller” trop de gens qui pourraient, alors, envahir les rues non plus par centaines, mais par centaines de milliers:

Et pour enfoncer le clou, cette toute récente interview du Pr Toussaint, au sujet d’une étude qu’il vient de publier démontrant, elle aussi, que le confinement n’a aucun effet:

Nous sommes à un moment critique: la légitimation du confinement prend l’eau alors que ses dégâts économiques et sociaux (9), ainsi que l’absurde répression qui l’accompagne, nourrissent un vent de révolte même ici en France, un “pays qui se tient sage” (10), en tout cas plus sage, jusqu’ici, que l’Italie, l’Allemagne ou le Royaume-Uni.

Confirmation scientifique de l’inutilité du masque.

Même ce symbole absolu de la manipulation covidienne, ce fameux masque tellement inutile au départ et tellement vital, désormais, que son mauvais port, que vous soyez malade ou non, peut vous valoir de 135 euros d’amendes à six mois de prison, va sans doute être remis à sa place au fur et à mesure que cette “contagion délirante” s’essouffle. En espérant évidemment que le régime, aux abois, ne déclenche de nouvelles catastrophes justifiant ainsi, toujours pour notre “sécurité”, la mise aux fers définitive de millions de personnes sous le joug et le regard de merlan frit des milices décérébrées par l’addiction à la bâtonite.

Pour terminer, donc, cet extrait d’une étude sur les masques qui vient de paraître dans le journal médical Annals of Internal Medicine. L’objet est de vérifier dans quelle mesure l’usage du masque a un effet sur la transmission du Sars-CoV-2. Elle fut réalisée par une équipe danoise, sur base de près de 5 000 volontaires travaillant dans un même secteur afin d’homogénéiser les conditions. 3030 personnes durent porter un masque pendant le travail, 2994 servirent de contrôle en ne portant pas de masques.

Des infections au Sars-CoV-2 eurent lieu pour 42 participants portant le masque (1,8%), et 53 participants sans masques (2,1%).

Conclusion: la recommandation du port du masque chirurgical, en plus des mesures barrières déjà en place, n’a pas réduit le taux d’infection des porteurs de masques par plus de 50% au sein d’une communauté avec un taux d’infection modeste, de la distanciation physique, et un usage peu généralisé du masque. Les données sont compatibles avec un moindre degré d’autoprotection.

Infection with SARS-CoV-2 occurred in 42 participants recommended masks (1.8%) and 53 control participants (2.1%).

Conclusion: The recommendation to wear surgical masks to supplement other public health measures did not reduce the SARS-CoV-2 infection rate among wearers by more than 50% in a community with modest infection rates, some degree of social distancing, and uncommon general mask use. The data were compatible with lesser degrees of self-protection.

https://www.acpjournals.org/doi/full/10.7326/M20-6817?fbclid=IwAR3bWxDcZfo3aPtuleMX24onLSv9T1PYkiEozcO7YuvPo6mhwy9qye1_IUU

Conclusion de la conclusion: en dehors de zones à forte charge virale, tel l’hôpital, le masque n’a qu’un effet marginal sur le taux d’infection, de l’ordre de 0,3%. Un taux largement non significatif vu le nombre de facteurs susceptible d’influer sur ce résultat.

Ceci confirme que le masque ne sert en réalité à rien d’autre que symboliser la soumission et à faire plaisir aux hypocondriaques, et sans aucune mesure avec le coût économique, écologique et, surtout, psychologique qu’il engendre. Il sera donc, évidemment, rendu encore plus obligatoire.

Liens et sources:

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Ariane_Bilheran

(2)

(3) https://www.penser-critique.be/novlangue-instrument-de-domination/

(4) https://www.lefigaro.fr/sciences/9000-patients-en-reanimation-mi-novembre-emmanuel-macron-a-t-il-exagere-le-risque-epidemique-20201116?fbclid=IwAR2rC0PepVFBPB7ymSYQvRkBx_KNdvM7RHCUWR6c48PL6ZCpQRQtYUK1t9U

(5) https://zerhubarbeblog.net/2020/09/02/masques-a-lecole-au-temps-des-assassins/

(6) https://en.wikipedia.org/wiki/After_Virtue

(7)

(8)

(9)

(10)

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

18 réponses

  1. deux situations parallèles : 1) le Covid, avec d’un côté la “vérité” officielle assénée sans répit depuis des mois, face aux réalistes qui soignent (Raoult, etc.) ou essaient de donner des informations remises en perspective avec les épidémies passées, et 2) le climat avec d’un côté les prophéties menaçantes et l’injonction d’avoir peur (“je veux que vous paniquiez !”), face à une armée de gens sérieux et posés tels François Gervais, Patrick Moore, Drieu Godefridi et j’en passe.

  2. […] Si ces émeutes sont simplement le fait de quelques centaines ou milliers de militants anti-confinement, non représentatifs de la population générale, parler de risque de « guerre civile » nous ramène à la même exagération anxiogène que la « guerre » de Macron contre le virus, une terminologie visant en fait à justifier l’offensive des élites contre la population (2). […]

  3. […] Le complot existe néanmoins mais il est ontologique au sens où les élites savent qu’elles bénéficient de privilèges acquis aux dépens des populations dont elles redoutent un éventuel réveil. Une crainte qui les pousse à « comploter » contre ces populations, c’est-à-dire à créer des situations et des narratifs légitimant leur position dominante. Un phénomène social bien étudié, voir par exemple « Covid-19 et pathologie du complot« . […]

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