Starship, le mégaprojet lancé depuis plusieurs années par la société SpaceX fondée par Elon Musk, vient de vivre une étape qui restera dans la grande Histoire de l’aventure spatiale humaine. Starship SN8, pour Serial Number 8, est le premier appareil complet à avoir décollé, plané, et (presque) atterri tout seul.
La genèse du projet est présentée dans cet autre article, de janvier 2020 intitulé “Elon Musk et la grande évasion spatiale” (1), que l’on peut résumer ainsi: Starship est une fusée réutilisable capable d’emporter 100 tonnes en orbite terrestre grâce à un gros booster dit Super-heavy, et d’y réatterrir toute seule. Elle doit également être capable “d’atterrir” sur la Lune et sur Mars, et d’en redécoller toute seule en y ayant fait le plein de carburant. Son objectif premier est de coloniser Mars d’ici à 2050.
Starship, c’est la fusée de Tintin et Tournesol remise au goût du jour. Construite en acier, rutilante, disposant d’ailerons lui permettant de réguler sa chute dans l’atmosphère, tout comme la fusée rouge et blanche elle effectue la fameuse manœuvre de retournement pour atterrir verticalement.
Un Raptor au cœur du projet.
Starship est donc différent de tout ce que l’Humain a pu construire auparavant en matière de véhicule spatial. Au cœur du système, un nouveau type de moteur dit Raptor, différent des moteurs Merlin conçus par SpaceX pour ses fusées Falcon 9 et Falcon Heavy. Le Merlin, tout comme la plupart des moteurs de fusées, fonctionne à base d’un mix de dérivé de kérosène et d’oxygène liquide.
Le Raptor, par contre, fonctionne avec un mix de méthane et d’oxygène liquide, ce pour une raison essentielle: il est possible d’extraire du méthane, et bien sûr de l’oxygène, sur Mars, à partir des ressources naturelles disponibles sur place.
Un premier vol historique.
Ce mercredi 9 décembre 2020, donc, après plusieurs reports, les trois Raptors du Starship SN8 furent mis à feu et la fusée décolla lentement de son pas de tir pour atteindre l’altitude de 12,5 km au-dessus de sa base de Boca Chica, au Texas.
La chute libre se passe comme prévu, la fusée se maintenant à l’horizontal grâce à ses ailerons (qui sont actionnés par des moteurs Tesla, l’autre boîte de Elon Musk…), tout comme la manœuvre de retournement rendue possible par la coordination de l’angle de poussée des moteurs (qui pivotent par rapport à l’axe central de la fusée) et les ailerons. J’avoue avoir frissonné à la vue de cette acrobatie, et que l’image de Dupont et Dupond se fracassant la trogne dans la fusée de Tournesol, car se tenant l’un à l’autre plutôt qu’à la fusée, m’a clairement traversé l’esprit!

La fusée n’a malheureusement pas pu suffisamment ralentir sa chute, et s’est posée trop vite, explosant sous l’impact. En cause, un manque de pression des carburants bridant la puissance des moteurs, un problème que SpaceX va évidemment régler avant l’essai suivant, qui sera la lancement de Starship SN9, sans doute en janvier 2021.

On peut néanmoins parler d’un moment historique, d’une prouesse technologique, voire d’une stratégie de déconfinement massif (2). Ci-dessous la vidéo du lancement via SpaceX, version longue:
Liens et sources:
(1)
(2)
Site de SpaceX / Starship: https://www.spacex.com/vehicles/starship/
[…] premier essai du Spaceship eut lieu en décembre (8), se terminant par un joli crash. Le second essai eut lieu hier, le 2 février, se terminant lui par […]