Le désastre des écoles fermées sous Covid.

Celles et ceux qui me suivent sur ce blog savent à quel point je suis critique de la gestion punitive et contre-productive du Covid à la française, belge et autres, mais il y a un récent élément de politique avec lequel j’étais d’accord: ne pas fermer les écoles. Le ministre de l’éducation nationale française l’avait sans doute bien compris, le coût de la fermeture des écoles dépasse largement tout possible bénéfice que l’on pourrait espérer tirer d’une telle mesure.

Lequel bénéfice reste d’ailleurs inconnu, vu l’absence de statistiques démontrant une quelconque augmentation de la mortalité ou de cas graves causée par les établissements scolaires. C’est surtout un bénéfice politique, un geste de “protection” des enseignants et personnels éducatifs, sans prise en compte des coûts pour les enfants lesquels ne sont, finalement, que la variable d’ajustement d’un jeu de dupes organisé par ceux et celles censées assurer l’intérêt supérieur desdits enfants.

Le cas néerlandais.

Une étude néerlandaise publiée ce mois-ci dans Proceedings for the National Academy of Sciences (PNAS), intitulée “Pertes d’apprentissages liées aux fermetures des écoles pendant la pandémie de Covid” (1), démontre que même dans le cas très favorable de l’expérience néerlandaise, avec une institution éducative très bien équipée en matière de “distanciel”, le taux d’apprentissage des élèves pendant les périodes où les écoles sont fermées est effectivement proche de zéro:

Les auteurs de l’étude, le Dr Per Engzell et les candidats au doctorat Arun Frey et Mark Verhagen, affirment que les résultats sont “désastreux” et qu’ils sont susceptibles de se refléter au niveau international, puisque les élèves néerlandais bénéficiaient des meilleures possibilités d’apprentissage virtuel et ont pourtant perdu en moyenne 20 % des progrès attendus en raison de la fermeture des écoles.

Le Dr Engzell a déclaré : “Les élèves ont fait peu ou pas de progrès en apprenant à la maison et les pertes sont particulièrement concentrées parmi les élèves issus de foyers dont les parents ont un faible niveau d’éducation. Pour eux, la perte était environ 50% pire que pour les autres.”

https://phys.org/news/2021-04-children-school-closures-online.html?fbclid=IwAR1QLhZlbqwNG28NyrELET0oflpYB-E10t996dZgX-V847n4rwu6H_ol2kE

La perte de 20% correspond au fait que les écoles ont été fermées 20% du temps scolaire sur la période étudiée. Les chercheurs s’inquiètent du fait que si cela se passe aussi mal dans un pays aussi bien équipé et préparé que les Pays-Bas, la situation doit être encore pire dans les pays moins bien préparés et/ou ayant connu des périodes de fermeture plus longues, à commencer par le Royaume-Uni pour ce qui concerne ses voisins directs.

Le cas britannique.

Le RU sort à peine d’un “lockdown” prolongé ayant démarré en janvier, avec fermeture des écoles. Au même moment le Guardian présentait une étude sur l’impact du premier confinement:

Le NFER (National Foundation for Education Research) a déclaré que son étude confirmait que “les élèves de deuxième année avaient des résultats nettement inférieurs en lecture et en mathématiques à l’automne 2020 par rapport aux performances observées en deuxième année au trimestre d’automne 2017. Cela représente un écart Covid-19 d’environ deux mois de progrès pour la lecture et les mathématiques.

“Il montre également qu’il existe un écart de niveau important et préoccupant entre les élèves défavorisés et non défavorisés : sept mois pour la lecture et les mathématiques parmi les élèves de deuxième année. Il semble que l’écart de désavantage soit plus important que les estimations précédentes, et qu’il sera probablement encore exacerbé par les fermetures d’écoles au début de 2021.”

https://www.theguardian.com/education/2021/jan/28/primary-schools-pandemic-causing-significant-learning-loss-england

On peut penser que la période qui se termine aujourd’hui, après trois mois de fermeture supplémentaire, va grandement amplifier le désastre scolaire outre-Manche.

Un effet mondialisé.

La situation est évidemment encore pire là où l’infrastructure et l’accès au “distanciel” sont très largement inférieurs à ce qui existe dans les pays “riches”, c’est-à-dire les pays du “Sud” ayant également opté pour la fermeture des écoles comme mode de lutte contre le Covid.

Une étude publiée en mars par l’Université de Cambridge et RTI International, dans le International Journal of Educational Development portant sur le Ghana (2), évalue l’effet sur l’apprentissage scolaire dans un pays où l’école fut fermée entre 3 et 4 mois. Pour l’échantillon de 1 100 élèves de 8 à 14 ans participant au programme scolaire complémentaire (CBE) du Ghana, les 27 points gagnés par ces élèves sur la période 2016-2018 furent réduits à 18 points après les 3-4 mois de fermeture, en moyenne.

Dans certains cas, pour les élèves bénéficiant d’un entourage communautaire favorable la perte est moindre, mais pour d’autres -notamment ceux n’ayant pas de ressources familiales propres (comme des livres) ou ne bénéficiant pas de l’aide d’adultes, la perte est encore bien supérieure. Ce phénomène, cependant, ne se limite pas aux pays “pauvres”, mais touche aussi les populations pauvres au sein des pays riches:

Le schéma de la perte d’apprentissage mis en évidence au Ghana peut également s’appliquer bien au-delà du Sud. “Il s’agit d’un défi international”, a déclaré la co-auteure Emma Carter, également du centre REAL. “En Europe et aux États-Unis, les enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés connaissent également de graves difficultés d’apprentissage. Les niveaux de réussite peuvent différer d’un pays à l’autre, mais il est fort probable que le schéma de perte reste le même.”

https://phys.org/news/2021-03-school-closures-year-academic-pupils.html

Début avril, le Monde organisait une édition spéciale sur la fermeture des écoles, dont l’un des paragraphes d’introduction dit ceci:

Touchés par la pandémie, la plupart des pays du monde ont temporairement fermé leurs écoles au cours de l’année écoulée, parfois pour quelques semaines, parfois pour plusieurs mois. Selon des chiffres dévoilés par l’Unicef au début du mois de mars, les établissements scolaires n’avaient pas rouvert depuis un an pour plus de 168 millions d’enfants dans le monde. Environ 214 millions d’enfants, soit un sur sept, avaient manqué plus des trois quarts de leur scolarité en présentiel.

Hausse des inégalités, déscolarisation, retards d’apprentissage, troubles psychologiques… En France et dans le monde, la fermeture des écoles a des conséquences multiples, parfois désastreuses…

https://www.lemonde.fr/societe/live/2021/04/07/l-ecole-bouleversee-par-le-covid-19-participez-a-notre-journee-consacree-aux-consequences-de-la-fermeture-des-ecoles-en-france-et-dans-le-monde_6075831_3224.html#:~:text=Hausse%20des%20in%C3%A9galit%C3%A9s%2C%20d%C3%A9scolarisation%2C%20retards,d’illustrer%20toute%20la%20journ%C3%A9e.

L’enfant, victime expiatoire de la dictature sanitaire.

214 millions d’enfants ont manqué plus des trois-quarts de leur scolarité en présentiel. Rapportant ceci aux études citées ci-dessus, on peut se faire une idée de ce que cela représente en termes de perte d’apprentissage. Certains remonteront la pente, mais beaucoup ne la remonteront pas, notamment les plus défavorisés et parmi ceux-là, surtout les filles.

A ceci s’ajoute, souvent, la torture psychologique du masque permanent à l’école imposé aux enfants, dont nous commençons à mesurer les effets délétères. Des mesures essentiellement politiques que les psychopathes au pouvoir font, à nouveau, payer aux enfants:

Le débat est en réalité beaucoup plus politique que scientifique. L’institution veut rassurer les fonctionnaires afin que ceux-ci ne désertent pas les écoles, ce qui entrainerait leur fermeture et le retour à la problématique économique (parents obligés de rester à la maison pour garder leurs enfants).

Mais à nouveau, les enfants ne sont ici que des objets que l’on manipule en fonction des intérêts des adultes: on les masque pour rassurer les fonctionnaires, et on rassure les fonctionnaires pour ménager l’économie.

https://zerhubarbeblog.net/2021/03/04/la-guerre-du-masque-a-lecole/

Comme d’habitude dans cette affaire covidienne, que cela concerne les confinements, couvre-feux, fermeture de la culture ou des cafés, ou quoi que ce soit, aucune analyse coût-bénéfice crédible n’est réalisée par ces régimes débiles pour lesquels les restrictions punitives et la vaccination sont les seules voies de sortie. Pour la dictature sanitaire, le “quoi qu’il en coûte” sert avant tout à acheter l’obéissance de la population bénéficiant de la manne (que sa jeunesse aura à rembourser plus tard), et à faire passer par pertes et profits la santé mentale et l’instruction des enfants.

Mais Emmanuel Macron n’a pas d’enfants, ne connait que des vieux ou des privilégiés dont les enfants n’ont pas à craindre de “perte de chance”, et donc non seulement il s’en fout mais il est sans doute totalement inconscient de l’existence même du problème.

Pour qui sonne le glas?

Dans ma petite ville de Cluny, la Municipalité avait réussi à faire revenir les enfants au théâtre, au prix de moult protocoles et considérations débilo-sanitaires susceptibles de satisfaire une Préfecture tatillonne, qui se fout complètement des gosses et veut juste éviter toute possibilité de mise en cause en cas de “contamination”, mon dieu mon dieu. Mais le reconfinement a sonné le glas de cette petite ouverture, les rires d’enfants sortis quelques instants de leurs cages ne pesant rien face aux fonctionnaires psychorigides et surpayés se délectant chaque jour de leur pouvoir illimité.

Si ce cauchemar s’arrête un jour et que la Justice y survit, il me semble que le traitement réservé aux enfants tout au long de cette pandémie devra se trouver au cœur d’un Nuremberg à charge des fascistes covidiens.

Liens et sources:

(1) https://www.pnas.org/content/118/17/e2022376118

(2) http://dx.doi.org/10.1016/j.ijedudev.2021.102377

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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  1. roc

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