11 septembre, 20 ans après.

La défaite sans conditions des Américains et de leurs alliés face aux Talibans, à quelques jours de la commémoration des vingt ans des événements du 11 septembre 2001 qui furent, selon la doxa, l’élément déclencheur de la “guerre contre le terrorisme” et de l’invasion de l’Afghanistan, symbolise magnifiquement ces deux décennies de mensonges, de manipulations, de massacres, de goinfreries militaro-industrielles, de corruption et d’incompétence politique ayant ravagé le Moyen-Orient, et en partie détruit nos propres libertés, au nom d’une guerre sans fin et sans objet militairement atteignable. On ne peut pas, en effet, vaincre militairement un concept, un mode opératoire tel le terrorisme.

Du Vietnam à l’Afghanistan, sur des voies parallèles.

La guerre en Afghanistan a de nombreux parallèles avec celle du Vietnam. D’abord, toutes deux débutent sur un événement présenté par les USA comme une agression qu’il est légitime de venger. L’incident du Golfe du Tonkin, en août 1964, procura une excuse au régime US pour déclarer la guerre totale au Nord-Vietnam, mais l’incident était une pure invention:

L’existence de l’affrontement du 4 août a longtemps été controversée. Des éléments ultérieurs, dont un rapport rendu public en 2005 par la National Security Agency, indiquent qu’il n’y a pas eu d’attaque nord-vietnamienne à cette date. Des officiels de l’agence ayant caché auprès de l’administration Johnson l’erreur de la NSA, une résolution prévue depuis de longs mois put être présentée au Congrès, afin de donner au président des États-Unis les pleins pouvoirs militaires pour déclarer la guerre à la République démocratique du Viêt Nam et engager résolument son pays dans la guerre du Vietnam.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Incidents_du_golfe_du_Tonkin

Il aura fallu 40 ans pour que l’administration US admette la manipulation de l’affaire du Golfe du Tonkin, et il faudra sans doute aussi longtemps pour qu’elle admette la probable manipulation de l’affaire du 11 septembre qui lui permit, alors, d’attaquer l’Afghanistan, d’imposer le Patriot Act transformant les USA en un Etat policier de fait, d’ouvrir les vannes de la finance publique aux agences de sécurité, notamment la CIA, lesquelles avaient faim depuis la chute de l’empire soviétique, et de relancer les affaires de l’armement puis du pétrole irakien au profit, notamment, des clans Bush, alors président, et Cheney, alors vice-président et ex-président de la société d’ingénierie pétrolière Halliburton, qui profita pleinement de l’invasion US en Irak à partir de 2003.

Ensuite, ces deux guerres ne servent que des fins politiques étrangères comme domestiques. L’ennemi communiste du Vietnam fut remplacé par l’islamiste du Moyen-Orient, permettant de restructurer des axes amis/ennemis clairs suite à la chute de l’URSS. At home, Nixon utilisait la guerre catastrophique du Vietnam à des fins de politique électorale, tout comme G.W. Bush utilisait aux mêmes fins la “guerre contre le terrorisme”.

Mises en scène et corruption.

L’architecte des catastrophes afghanes et irakienne est Donald Rumsfeld, qui avait débuté sa carrière de conseiller auprès de Johnson, en pleine guerre du Vietnam. Rumsfeld n’a jamais rien compris à rien, un pur technocrate vat-en-guerre, corrompu jusqu’à l’os, qui prétendait même ne pas être au courant qu’une troisième tour, la WTC 7, était aussi tombée à New York lors de ce fameux 11 septembre.

Qui est l’assistant de Rumsfeld à partir de 1969? Dick Cheney. On retrouve donc les mêmes deux acteurs symboles de l’impérialisme US, eux qui trouvaient que Kissinger était trop soft (!), et qui alimentaient les enfers du Vietnam puis de l’Afghanistan et de l’Irak au profit de leurs amis et mentors.

Et ce à chaque fois avec le même mode opératoire: diaboliser l’ennemi, créer un élément déclencheur permettant de faire battre le cœur patriotique des Américains bernés, envoyer la troupe, financer grassement le complexe militaro-industriel, et en profiter pour museler encore plus la démocratie au nom de la “sécurité”.

Après le Golfe du Tonkin et les attentats du 11 septembre 2001 (qui eurent bien lieu, mais sans doute pas du seul fait de Ben Laden, j’y reviendrai plus bas), on a pu assister au grand cirque des armes de destruction massive de Saddam Hussein, pure invention US “légitimant” l’invasion de l’Irak, la déstabilisation de la région puis, avec la destruction de la Libye (merci Sarkozy), la porte ouverte à Daech, la guerre de Syrie et l’implantation du terrorisme islamique au Mali, entre-autres.

Ce récent épisode de Interdit d’Interdire illustre parfaitement le propos:

Révélations et catastrophes.

La réalité des manipulations, de l’incompétence et de la corruption du régime US, dans le cadre du Vietnam comme de l’Afghanistan, est documentée par deux grands actes héroïques de la presse US qui publiait, en 1971, les Pentagon Papers (1), d’où fut tiré l’excellent film éponyme et où le public découvrait toute l’horreur de la chose.

Ensuite, en 2019, parurent les Afghanistan Papers (2), où à nouveau le public découvrait le manque total de direction, d’objectif, de stratégie de la caste politique et militaire malgré les quelques deux milles milliards de dollars jetés dans le marécage afghan, plus les quatre milles milliards jetés dans les sables irakiens et syriens (3).

Enfin, jetés, pas vraiment: le complexe militaro-industriel s’est gavé de cet argent pendant 20 ans, ce qui était quand même le but initial visé par le triumvirat criminel de Bush, Cheney et Rumsfeld. La question serait, évidemment, quel autre usage on aurait pu faire de cet argent…

En Afghanistan, en Irak et comme au Vietnam, ces guerres impérialistes au profit d’intérêts particuliers se sont terminées par une cuisante défaite militaire et politique, laissant une situation pire qu’elle ne l’était avant l’offensive, mais ceux qui récoltent la défaite ne sont pas ceux qui ont commencé la guerre, donc personne n’est responsable et, au fond, tout le monde s’en fout.

Sauf ceux et celles restées derrière, bien sûr. Sauf les survivants des familles massacrées là-bas, sauf les familles des soldats qui s’en retournent chez eux morts, handicapés ou traumatisés à vie, en n’ayant jamais compris ce qu’ils faisaient dans ce merdier.

11 septembre et Etat Profond.

L’objet de cet article est la commémoration des vingt ans des attentats du 11 septembre 2001, sujet mis à la Une de ce blog chaque année du fait de son importance centrale dans la bascule entre une fin de XXème siècle où tous les espoirs d’un monde meilleur semblaient permis, et un début de XXIème siècle parfaitement dystopique.

L’Histoire nous montre que les déclencheurs de grands événements n’arrivent pas par hasard, que les puissances “complotent” pour arriver à leurs fins, et qu’elles font un usage systématique de la propagande et de la manipulation de masse pour “fabriquer le consentement” des populations (4).

Le 11 septembre 2001 s’inscrit pleinement dans un tel processus, la question étant de savoir si le régime US de G.W.Bush n’a fait que saisir une opportunité que lui fournissait Ossama Ben Laden en attaquant les tours du WTC, le Pentagone et la Maison Blanche avec des avions détournés, ou si l’Etat Profond US était partie prenante dans ces attentats afin de forcer le basculement de l’opinion publique en faveur d’une vaste “guerre contre le terrorisme”.

Guerre dont l’Etat Profond, composé du complexe militaro-industriel, des services secrets et d’intérêts financiers (5), comptait tirer d’énormes bénéfices, ce qui fut effectivement le cas avec près de six milles milliards de dollars récupérés sur le dos du contribuable américain et une domination absolue de la politique US, aussi bien à l’étranger qu’au niveau domestique. Follow the money, un dicton de détective toujours aussi vrai.

Fin de cycle.

Obama tenta une inflexion en renouant le dialogue avec l’Iran via l’accord sur le nucléaire, ce au grand dam d’Israël et des faucons US pour lesquels l’Iran était la suite logique de la guerre sans fin. Il se laissa malheureusement embarquer dans l’agression contre la Libye, ce qui facilita grandement la création de l’Etat Islamique en Syrie et en Irak, avec les conséquences que l’on sait.

Trump choisi l’option du repli avec la promesse du retour des troupes d’Irak et d’Afghanistan, et le rétablissement de l’axe traditionnel US-RU-Arabie-Israël face à l’axe chiite dominé par l’Iran (plus Irak, Syrie, Sud-Liban), axe soutenu par les Russes et, dans une certaine mesure, les Chinois. Les accords d’Abraham, signés en août 2020, couronnent cette stratégie en rétablissant les liens diplomatiques entre Israël, les Emirats arabes unis, et Bahreïn. L’Arabie avait déjà normalisé de fait ses relations avec l’Etat Hébreu, enterrant ainsi le vieux conflit israélo-palestinien sous la terre fertile du business entre Israël et le monde sunnite.

Biden n’aura eu d’autre choix que continuer la politique de Trump du retour des GIs, quoi qu’il en coûte ensuite aux gens restés derrière. Il pouvait juste espérer que cela se passerait de manière digne et contrôlée… raté.

Nous sommes donc arrivés, 20 ans après, à la fin d’un cycle au Moyen-Orient, mais certainement pas à la fin de la “guerre contre le terrorisme” qui, un temps sortie des feux de la rampe par le Covid, reste le fond de commerce de l’oppression étatique. On peut, grâce au terrorisme, traiter les gilets jaunes comme des terroristes, et imposer tout et n’importe quoi au nom de la “sécurité” et de l'”anti-terrorisme”. Une dérive dont le point de départ symbolique est le 11 septembre 2001.

Les vérités officielles, version politiquement correcte des fake news.

Dans notre monde dominé par le mensonge, où la majorité des médias et les grands réseaux sociaux sont aux mains d’oligarques dont les fortunes dépendent de leur proximité, sinon de leur intimité, avec les personnalités politiques qu’ils financent par ailleurs, toute opinion sur le 11 septembre contraire à la “vérité officielle” n’a plus aucune place, et est immédiatement reléguée à un complotisme débile mâtiné d’antisémitisme par principe (6), de platisme pour faire marrant, et d’anti-vax pour faire moderne.

Une censure par l’establishment dont la plus récente illustration, à ma connaissance, est celle autour de la série documentaire de Spike Lee intitulée NYC Epicenters 9/11-2021½, qui relate à travers des interviews d’habitants de New York, comment la ville a survécu aux attentats du 11 septembre puis à la crise covidienne (7).

Tout allait bien pour Spike Lee jusqu’à l’annonce de l’épisode sur le 11 septembre, où il avait invité des gens des deux “camps”: d’un côté celui de la “vérité officielle” représenté par Shyam Sunder, fonctionnaire du NIST (équivalent des poids et mesures) qui avait mené une enquête sur la chute des tours, dont la conclusion était qu’elles étaient toutes tombées “naturellement”, du fait des avions pour les deux tours jumelles, et du fait d’incendies pour la WTC 7.

De l’autre, celui des détracteurs qui maintiennent que ces tours furent surtout abattues par un processus de démolition contrôlée activé en parallèle avec les attaques, camp représenté ici par Richard Gage et le groupe Architects and Engineers for 9/11 Truth (8).

L’épisode originel de Spike Lee, qui doit être diffusé ce 11 septembre, durait deux heures et offrait les deux versions à l’attention des téléspectateurs. Mais suite à la diffusion de teasers, la censure s’est abattue sur Lee et il a été obligé de rééditer l’épisode, qui est passé de 120 à 90 minutes en expurgeant toute référence “complotiste”, cad non alignée avec la version officielle.

Pour avoir suivi la saga du 11 septembre 2001 depuis le début, une affaire dont la complexité dépasse largement de la seule question des tours du WTC, ce blog défend une analyse loin de la version officielle, mais loin également des propositions “complotistes” les plus farfelues, dont plusieurs sont désormais reprises par la mouvance Qanon, telle l’inexistence des avions qui seraient, pour eux, des hologrammes (9).

En parallèle à Spike Lee, le camp dit “complotiste” sort son propre documentaire, The Unspeakable (10), basé sur des témoignages de gens ayant perdu un proche lors de la chute des tours. Il doit sortir le 17 septembre sur Youtube. J’imagine qu’il va vite devoir migrer sur des plateformes moins censurées…

Un moment historique qui garde ses secrets.

L’affaire, qui date de vingt ans, peut sembler relever du folklore mais si c’était le cas la censure ne serait pas si forte. Le 11 septembre 2001 a fait basculer notre monde occidental d’un sentiment d’espoir, avec la fin de l’URSS et de la guerre froide, vers une dystopie faite de guerres sans fin, d’une explosion des inégalités, de la fin de nos libertés fondamentales au nom de “la lutte contre le terrorisme” ou, désormais, de la “sécurité sanitaire”. Un monde de prédation néolibérale géré par des psychopathes à la tête d’institutions corrompues qui roulent à leur seul profit, un monde baignant dans les fake news, la manipulation, la propagande anxiogène et l’autoritarisme.

Il y a un avant et un après le 11 septembre 2001 et il est donc important, me semble-t-il, de chercher à connaître la vérité sur cet événement, quitte à passer pour un complotiste. Si cette vérité émerge d’ici dix ou vingt ans cela ne changera évidemment plus rien, mais nous saurons au moins comment et par qui nous avons été manipulés, et nous pourrons replacer ces guerres d’Afghanistan et d’Irak, ainsi que celle contre notre propre civilisation, dans leur vrai contexte.

Je n’entre ici dans aucune analyse des événements du 11 septembre lui-même, ceux et celles que cela intéresse trouveront quelques pistes sur ce blog via le tag “11 septembre 2001“.

L’Afghanistan, un futur Etat Islamique?

En attendant, les médias aux ordres dérouleront la chronologie officielle, le blâme unilatéral envers Ben Laden, Al Qaïda et les Talibans, le presque succès d’un changement de régime à Kaboul symbolisé par quelques femmes éduquées et temporairement échappées de leur burkas. Certains y trouveront même de quoi se féliciter, et en même temps de voir dans la résurgence talibane le moyen de pondre encore plus de lois liberticides “contre le terrorisme”, alors que les Talibans ne terrorisent que les Afghans et ne nous ont jamais rien fait.

Ce qui n’est pas le cas de Daech, qui grâce à nous occupe désormais une partie de l’Afghanistan (on se demande vraiment ce que les militaires US foutaient de leurs journées) et qui sont les ennemis des Talibans (presque) autant que les nôtres. Va-t-on alors s’allier avec les Talibans contre Daech, comme nous le fîmes avec les Kurdes, quitte à les laisser lâchement tomber à la première occasion? Même si un cycle se termine, l’histoire elle-même est loin d’être finie.

Liens et sources:

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Pentagon_Papers

(2) https://zerhubarbeblog.net/2019/12/10/the-afghanistan-papers-tous-les-mensonges-enfin-reveles/

(3) https://eu.usatoday.com/story/news/politics/2021/09/01/how-much-did-war-afghanistan-cost-how-many-people-died/5669656001/#:~:text=That%20includes%20direct%20and%20indirect,University’s%20Costs%20of%20War%20Project.

(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Fabrication_du_consentement

(5) https://zerhubarbeblog.net/2017/03/16/letat-profond-et-autres-cancers/

(6) https://zerhubarbeblog.net/2018/09/11/france-culture-et-lanti-complotisme-primaire-du-11-septembre/

(7) https://www.nytimes.com/2021/08/27/arts/television/spike-lee-911-edit.html

(8) https://zerhubarbeblog.net/2019/09/11/11-septembre-2001-18-ans-apres-la-rage-au-ventre/

(9) https://zerhubarbeblog.net/2017/09/11/119-de-quoi-un-avion-est-il-le-nom/

(10) https://www.ae911truth.org/20th

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

7 réponses

  1. A group of eight family members who lost children, parents, siblings, and spouses on 9/11 filed a lawsuit today against the National Institute of Standards and Technology. The lawsuit alleges that NIST violated federal law in its denial of a request for correction calling on the agency to throw out the conclusions of its 2008 report on the collapse of World Trade Center Building 7.
    https://www.ae911truth.org/nist

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