Aux portes de l’enfer du religieux covidien.

Dans un pays lourdement bureaucratisé comme la France, la vraie différence de classe se situe dans le rapport à l’institution. Ben sûr, la différence de classe se jauge souvent dans le niveau de consommation et de style de vie, selon que l’on va en vacances à Bray-Dunes ou à Saint-Tropez, mais la vraie différence se situe entre ceux qui ne peuvent contacter qu’un robot vocal sur un numéro payant ou une page internet, et ceux qui peuvent appeler directement un être humain susceptible de répondre à leur demande. Une différence basée bien plus sur le statut social et les relations, que sur le niveau plus ou moins ostentatoire de la consommation.

De la lutte des classe à la domination de classe.

Les institutions elles-mêmes, gérées par les classes privilégiées, s’emploient à maintenir la distinction de classe à travers l’invisibilisation, le dénigrement, le ridicule voire la culpabilisation de toute représentation des classes dites populaires, celles qui parfois se réveillent et endossent un gilet jaune, ou refusent la dictature sanitaire qui sert, elle, les peurs bourgeoises tout autant que la corruption rampante au sein de ces mêmes institutions.

Cet article dans Acrimed, intitulé “Médias de classe, haine de classe”, résume la situation:

De manière plus générale, « pour parler à la télévision, résume l’Observatoire des inégalités, mieux vaut savoir maîtriser le discours en public. La parole est donc donnée, dans l’immense majorité des cas, à ceux qui la manient le mieux, c’est-à-dire aux plus diplômés et aux catégories favorisées [14]. » Lors de la crise sanitaire de 2020-2021, ce sont presque toujours des médecins qui ont été conviés aux matinales des grandes chaînes de radio (92 % des invitations durant les mois de mars et avril 2020) [15] et, plus encore, des chefs de services. Les autres travailleurs médicaux, travailleuses pour la plupart, n’ont pas eu droit de cité. Ce sont pourtant les infirmières, les aides-soignantes ou les agents des services hospitaliers chargées de l’entretien et de la désinfection des locaux qui sont les plus nombreuses à l’hôpital. Ce sont elles aussi qui ont été directement chargées de mettre en œuvre la réorganisation des services, de gérer les plannings et le matériel ou qui furent les plus mobilisées pour dénoncer la destruction de l’hôpital public en 2019-2020 ou les pénuries à répétition (lits, respirateurs, masques).

https://www.acrimed.org/Medias-de-classe-haine-de-classe?fbclid=IwAR0YmmVxBktfCyNsrZ9FZNfJUSStx61MmZTrtvDPvRc0vrpl95jS1tmjCFs

Le champ institutionnel intègre évidemment le champ du politique politicien, celui de la posture et de la gestion du statu quo, comme le dit très bien cet article de l’essayiste politique François Cocq:

Depuis bientôt cinq ans, le quinquennat de M. Macron s’avère être le tombeau de la démocratie.

Plus que jamais, gouverner se résume sèchement à l’exercice personnel du pouvoir par un seul homme. La promesse du renouveau démocratique de 2017 a été enterrée, le lien entre les électeurs et la représentation est rompu. Deux légitimités se font face, non plus en confrontations sporadiques, mais désormais en continu: celle formelle issue des urnes, et celle d’un peuple dont la souveraineté permanente et inaliénable ne souffre plus d’être méprisée à force d’être ignorée entre les élections. Les passages en force du pouvoir sont devenus la norme, l’affaissement du consentement populaire est patent.

Quant aux oppositions, en s’enfermant dans un champ institutionnel d’apparat, elles se contentent de tenir le rôle de faire valoir d’un pouvoir livré à lui-même. Pire, les maux qui frappent l’exécutif n’épargnent pas ses oppositions: incohérence, impuissance, irresponsabilité. Le souffle démocratique a donc sans surprise usé d’autres voies pour s’exprimer tout le long du quinquennat, du mouvement des Gilets jaunes à celui contre la réforme des retraites en passant par la défiance contre la politique sanitaire imposée. Dès lors, les élections intermédiaires ont connu un taux de participation extrêmement faible à tel point qu’aucun problème n’est plus réglé par les résultats qui en sortent.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/arnaud-montebourg-redessine-un-chemin-vers-une-majorite-populaire_fr_6135cce4e4b0eab0ad9accf8?ncid=other_facebook_eucluwzme5k&utm_campaign=share_facebook&fbclid=IwAR3NwJ8txcongEDF6_ih2gPUj5qc7dyoSUP0WBEPRnMr4AbXTKF-XxRDuzs

La violence et la peur, dernière production institutionnelle.

La disparition des contre-pouvoirs institutionnels et des oppositions politiques place la population en prise directe avec un pouvoir laissé à ses penchants naturels: corruption, manipulation et violence. La police et les institutions coercitives deviennent nos seuls points de contact avec lui, tandis que les médias dominants, à la solde des amis du pouvoir, distillent leur désinformation, leur propagande anxiogène et leur mépris envers toute forme d’opposition dite “populaire”. Au cœur du système: la gestion par la peur, comme le dit très bien l’ancien de Polytechnique et homme d’affaires Jean Mizrahi:

… Nous sommes désormais face à des gouvernants qui ont intuitivement perçu que l’équilibre entre gouvernants et gouvernés a basculé, et que les gouvernés sont prêts à beaucoup accepter – pour le moment – du moment qu’on leur distille un discours rassurant et qu’on joue la majorité contre une minorité, même réduite à peu d’individus, car la peur est imprimée dans les esprits. Voilà comment un Castex peut aujourd’hui envisager de prolonger un “pass sanitaire” qui n’est rien d’autre qu’un instrument de domination. Ce pass permet de s’assurer que tout français soit en permanence contraint de se justifier. Vous voulez voyager: il faut vous justifier. Vous voulez vous distraire: il faut vous justifier. Vous voulez faire du sport: il faut vous justifier. S’instaure ainsi un schéma mental qui devient normatif : pour être, pour vivre normalement, il faut se justifier. L’individu est mécaniquement placé dans un état d’infériorité, de dépendance, puisqu’il doit constamment se justifier auprès d’une autorité supérieure, même au moyen d’outils virtuels. Le drame est cette acceptation collective, cette docilité moutonnière, et surtout cette bonne conscience de beaucoup, notamment des plus privilégiés, d’être dans le “Camp du Bien”. La peur rend les peuples stupides et dangereux pour eux-mêmes.

https://www.facebook.com/jean.mizrahi/posts/10161372663264899

On ne parle pas, on compte.

Brel disait” Chez ces gens-là on ne parle pas, on compte”. Chez ces gens-là, dont Macron est l’archétype, rien d’autre ne compte que leur pouvoir. Le cas du pass sanitaire est une caricature de la corruption morale de cette engeance, et de l’anéantissement de tout contre-pouvoir politique ou institutionnel du fait, encore, des calculs de leurs dirigeants.

Comme le dit très bien l’analyste politique Mathieu Slema dans Le Figaro, fameux journal complotiste:

Comment accepter qu’un gouvernement mette en place des mesures aussi liberticides sans donner aucun élément de calendrier ? Pourquoi cette incapacité à dire très clairement que le passe est une mesure temporaire qui a vocation à prendre fin prochainement ? Pourquoi ces ambiguïtés permanentes sur un passe qui ne disparaîtra pas tant que le virus sera là, sur un passe qu’on «garde dans la poche» comme si c’était une mesure anodine, alors que le gouvernement, au départ, promettait qu’il ne s’agissait que d’une mesure exceptionnelle et très provisoire ?

Pourquoi s’obstiner à conserver une mesure aussi grave alors qu’elle n’est, à tout point de vue, absolument pas nécessaire ?La raison de cette obstination est simple : il s’agit d’un calcul politique et électoral. Le chef de l’État est un homme en campagne : désormais, chaque mesure, chaque action est décidée et menée dans la perspective de l’élection présidentielle. Il n’en va pas différemment de la politique sanitaire. Les sondages le montrent très bien, l’électorat d’Emmanuel Macron, majoritairement âgé et aisé, est dans son immense majorité favorable au passe sanitaire et à l’obligation vaccinale

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/mathieu-slama-le-gouvernement-envisage-de-prolonger-le-passe-sanitaire-pour-des-raisons-electoralistes-20210921?utm_medium=Social&utm_campaign=echobox&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR1deSZfimEdwMikAJTAj-oivsgQgEy03Xv6utIJ5n0DS-WyPvNPOzUiWeA#Echobox=1632317907

Cette fuite en avant d’un pouvoir laissé à lui-même, surtout aux mains des pervers et des psychopathes que nous ne connaissons que trop, trouble la distinction entre le réel et le narratif du puissant, un narratif qui se considère créateur du réel. Ce que l’on pourrait appeler une version actualisée de la Parole de Dieu / Jupiter…

Dans les mots du sociologue Lucien Cerise:

“Comme pour tout travail de Storytelling, la narration covidienne doit composer avec le réel. Pour le pouvoir suprême, l’idéal serait qu’il n’y ait plus de réel et que tout se résume à sa parole, à sa narration, sans jamais rencontrer de limite, ni de contradiction, mais nous n’y sommes pas encore. Donc, quand le pouvoir dit quelque chose, c’est l’expression de ce qu’il souhaite, sous-tendu par un fantasme de toute-puissance, mais mitigé par le calcul du rapport à un réel extérieur, non encore résorbé dans la narration, et donc en position de résistance et de limite. Le réel se manifeste « quand on se cogne », dixit Lacan. Dans les termes de Jean Baudrillard : la narration covidienne déploie un espace virtuel, qui s’affronte à un réel sous la forme de manifestations de colère populaire, mais qui s’exprime aussi par d’autres voies, et peut même apparaître à l’intérieur du virtuel, quand deux narrations mensongères s’affrontent, ce qui rétablit un effet de limite et de réel, ou à l’intérieur du pouvoir, ce sont les fameuses contradictions internes du capitalisme.”

https://strategika.fr/2021/09/14/pass-sanitaire-biopolitique-et-apartheid-social-lucien-cerise/?fbclid=IwAR368wY9NmR-YFTdg-wIg_mlJEcHBLYm1038RKy1v91_dLR03eTU1-D6MT0

Aux portes de l’enfer des croyances manipulées.

La combinaison de la peur (du terrorisme, du Covid, du climat, de l’insécurité…) et de la parole d’un pouvoir se considérant, de surcroit, d’essence divine, mène droit aux portes de l’enfer des croyances manipulées, autrement dit du sentiment religieux – terme à prendre par opposition au sentiment spirituel, dont il est précisément l’inverse.

Les ressorts des dominations religieuses, moyenâgeuses comme actuelles, et du narratif politique covidien sont les mêmes: un discours anxiogène et culpabilisateur qui prétend décrire le réel mais qui ne sert qu’a “justifier” la coercition et le chantage, au profit d’un “clergé” qui bénéficie ainsi de la soumission de la population et peut se repaître sur son dos.

Le cadre théologique de ce que Michel Foucault nommait le “biopouvoir” se présente sous le nom de “science”, mais c’est un pseudo: la pseudo-science médicale est au service de la poussée totalitaire covidienne au même titre que l’était la pseudo-science agricole de Lyssenko au service du totalitarisme soviétique, ou la pseudo-science génétique au profit du régime nazi:

Le politique, corrompu, inepte et asservi à toutes sortes d’intérêts particuliers, utilise la science pour sortir du politique, pour interdire tout débat car la science, nous dit-on, n’est pas une affaire d’opinion. Toute science indépendante qui s’avise de questionner cette science devenue « officielle » se voit étiquetée « complotiste » par les VRP de Big Pharma et les chiens de garde politico-médiatiques qui « informent » sur les plateaux télé, menant ainsi le public « BFM » à ne plus faire la différence entre la vraie science critique, objective et indépendante, et les extrémismes factuellement « complotistes » qui servent d’épouvantail: si vous ne croyez pas au masque, vous êtes complotiste et probablement fasciste et antisémite car les fachos ne croient pas au masque. Donc on préfère croire au masque.

Cette manipulation grossière n’est que cela: une manipulation grossière. En effet, la science est le plus souvent une affaire d’opinion et ses applications ne peuvent généralement exister en-dehors d’une contextualisation politique. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », disait Rabelais. Le débat scientifique est au cœur même de la science, et l’absence de débat, voire son interdiction de fait, effraie les scientifiques honnêtes et les observateurs de la science.

https://zerhubarbeblog.net/2021/04/30/scientisme-covidien-marchepied-totalitaire/

Le pass sanitaire, cache-nez de l’obligation vaccinale, est devenu le fer de lance du sermon religieux covidiste au sens où il représenterait la victoire prochaine du Bien sur le Mal. Peu importe que ce faux Bien soit dénoncé par de nombreux scientifiques, philosophes et autres. Peu importe qu’il ne survive à aucune analyse rationnelle autre que purement politicienne: il nourrit le pouvoir en confortant les ignorants et les apeurés qui mettront d’eux-mêmes à l’index tout propos mécréant, tel celui-ci par Jean-Michel Claverie:

Les tableaux contrastés d’Israël et de l’Inde devraient nous amener à nous interroger sur la pertinence des campagnes de vaccination, écrit le virologue Jean-Michel Claverie. Oui, mais voilà : dans la confusion actuelle, ceux qui doutent sont vite assimilés à des complotistes ou des ignares…

https://www.igs.cnrs-mrs.fr/actualite/vaccins-le-doute-est-il-encore-permis-chronique-de-jean-michel-claverie-dans-les-echos-du-3-septembre-2021/

Une inévitable transformation.

La transformation d’une pandémie parfaitement gérable en un déferlement totalitaire tout aussi mondialisé relève d’un nouveau 11 septembre 2001, en réalité la continuité du premier augmenté des capacités numériques de contrôle et de surveillance actuelles, et prenant place dans un vide idéologique absolu où ne survivent que quelques religions plus ou moins sectaires. Nous vivons le crépuscule d’une civilisation qui se réclamait des Lumières, aujourd’hui face à ses incohérences et gangrénée par la corruption des élites mondialisées prêtes à tout détruire pour défendre leurs propres privilèges.

C’est sans doute aux portes de l’enfer covidien que se joue aujourd’hui l’avenir de notre civilisation. Elle doit se modifier en profondeur pour sortir de sa logique de prédation, d’accumulation et de destruction. Elle a le choix entre une forme de totalitarisme sanitaro-religieux, un vaste bétail humain géré par une petite élite disposant de tous les moyens de coercition et de manipulation – le rêve humide de gens comme Macron et Véran, et des technocrates en général -, et un changement de paradigme basé sur l’intelligence, la coopération, le refus de la consommation ostentatoire et de l’accumulation.

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

12 réponses

  1. El Cantor de la Plata

    Excellent texte, mais par exemple ici en Belgique francophone, le covidisme est un pâle cache sexe à la médiocrité. Les exécutifs de Bruxelles et de Wallonie sont dans le fossé et donc, le Covidisme est une bouée de secours, en particulier en Wallonie ou cela tente de cacher le fiasco total de la gestion des inondations du 14 juillet ! La presse et les élites semblent lobotomisés et comme la France l’a fait, elles le font ! Pour l’instant seule la Flandre droitière et ultra vaccinée résiste et elle est cernées par les Pays-Bas, la France, Bruxelles et la Wallonie qui ont des passes !

  2. Car nous devons entendre et accepter de reconnaître ce que les spécialistes de la psychopathologie collective nous disent : nous sommes bel et bien emportés dans une véritable dérive de nature paranoïaque, une forme de psychose collective caractéristique des déferlements totalitaires. Dans laquelle toutes les lois et les fondements éthique de nos sociétés sont dynamités au profit de règles arbitraires et absurdes, qui ne s’embarrassent plus de respecter ni l’ordre juridique ni même un élémentaire bon sens.
    https://anthropo-logiques.org/viol-des-esprits-et-psychose-de-masse/

  3. Nous avons changé de paradigme civilisationnel et il n’y aura pas de retour en arrière, nous sommes à l’ère sanitaire de l’hygiénisme radical et de l’idéal de pureté et nous sommes gouvernés par une caste médico scientifique au service d’un biopouvoir sanitaire tyrannique et totalitaire régissant nos vies quotidiennes.
    https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/sars-cov2-saison-4-end-game#.YVq75863g5o.facebook

  4. “Les membres du Groupe d’experts de stratégie de crise pour la COVID19 (en abrégé, GEMS) incarnent cet amalgame (*) parfaitement étranger à la déontologie scientifique. Les experts officiels ont été bien aidés dans cette usurpation du pouvoir par les autorités politiques, qui elles-mêmes ont d’emblée failli dans l’exercice de leurs missions”.

    “C’est que, à confier les clés de la gestion de la crise sanitaire à des experts relevant presque tous d’un champ restreint de disciplines, on a pas été capable de se donner une vue plus large et plus complète des problèmes…”. “Alors que, en démocratie, tout, ou presque, doit pouvoir être debattu, l’objectif assigné à la gestion de la pandémie de Covid19 a été érigé au rang de dogme intangible. La question n’est plus réellement politique ; elle est devenue théologique. Étrange résultat de la part d’autorités se revendiquant officiellement de la science”.

    (Le confinement par les nuls. Nicolas Thirion, philosophe du droit (ULG). Presse universitaire de Louvain).

    (*) mélange des fonctions scientifiques et politiques par des personnalités académiques, en principe indépendantes.

    Et ça continue…

    Voici ce qui tue notre état de droit et notre démocratie !

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