Une nouvelle économie pour l’ère des transitions?

La transition est à la mode: écologique, énergétique, numérique et même, paraît-il, économique. La combinaison d’une nécessaire diminution de la consommation énergétique pour, sinon sauver la planète, du moins permettre aux humains de continuer à vivre dessus, avec un Covid ayant remis au goût du jour la production relocalisée et la notion de “biens essentiels”, serait selon certains le signe d’une transition économique où le seul profit à court terme qui nous régente aujourd’hui, serait “amélioré” avec prise en compte d’une “rentabilité” intégrant des critères liés à l’environnement et à la résilience. C’est bien mais, est-ce suffisant?

La partie transition énergétique / écologique est en phase de discussion depuis des décennies via, notamment, les COP et de nombreuses études sur ce qu’il serait possible de faire (1). La partie transition économique, hors les aspects de réduction des transports / relocalisation et des émissions polluantes via la fameuse taxe carbone, reste des plus discrètes. Les dirigeants planétaires, occidentaux comme orientaux, n’ont encore et toujours d’autre horizon que la croissance, quoi qu’il en coûte.

Faut-il une transition économique?

Ces dirigeants croient, peut-être par manque d’imagination, qu’il sera possible de faire une transition écologique sans trop toucher au modèle économique classique. Et en effet, il y a un courant de pensée qui dit que les investissements requis par la transition écolo-énergétique seront à intégrer dans l’économie classique, et que la croissance mondiale d’ici 2050 permettra d’absorber ces coûts de transition. Il faut juste trouver les bonnes solutions techniques et économiques.

A l’inverse, certains tel Jean-Marc Jancovici établissent un lien direct entre consommation d’énergie et PIB, d’où découle l’idée que l’on ne peut plus espérer générer de croissance si, en même temps, on diminue la production énergétique afin de “sauver” le climat. On ne peut donc que décroître, et la question est de savoir si c’est sous la forme d’un crash brutal ou d’un atterrissage en douceur.

En tout état de cause, aucun changement majeur n’est prévu dans la manière dont on organise l’économie, et encore moins la finance au-delà de quelques opérations de greenwashing. Il est simplement prévu que nous subissions les décisions politiques des banques centrales, et les stratégies commerciales des banques de détail, pour ce qui est de la monnaie et de la dette (l’une étant le miroir de l’autre), comme ce fut tout récemment le cas avec les émissions de dettes “Covid” pour “renflouer” des économies frappées par la – très temporaire – décroissance forcée.

Comme c’est aussi le cas depuis 2008 avec le Quantitative Easing pratiqué par la FED américaine et le BCE (QE, terme anglo-saxon signifiant “faire tourner la planche à billets sans le dire”) et le rachat, par ces mêmes instances, d’actifs pourris détenus par les banques de détail (cad privées), ce qui permet aux riches de devenir encore plus riches en nous fourguant leurs dettes contre du vrai argent. Un ensemble de pratiques contraires à ce que ma génération apprenait dans les cours d’économie, mais le retour aujourd’hui de l’inflation marque peut-être aussi le début de la fin du grand n’importe quoi en matière monétaire (2).

L’ombre portée du Great Reset.

Une chose est sûre, les banques centrales et les régimes autoritaires vont accélérer leur emprise sur toutes les facettes de nos vies au nom de la santé, de l’écologie et de l’économie. L’arme fatale est en cours de développement, et déjà mise en œuvre par la Chine: une monnaie électronique issue et contrôlée par la banque centrale (donc par le régime) qui remplace la monnaie classique, le E-Yuan. Des équivalents sont à l’étude aux USA et en Europe (3), le tout dans la logique du Great Reset de l’ami Schwab (4):

Le reste, c’est l’idée – développée dans The Great Reset – de modifications profondes dans nos modes de gestion de l’économie, des relations internationales, et des relations sociales et humaines. Modifications au sein desquelles les gouvernements seraient amenés à prendre un contrôle bien plus fort sur l’économie afin de réduire les inégalités, afin de réduire la dépendance à de longues « chaines de valeur » dont la plupart passent par la Chine, afin de garantir une sécurité économique et sanitaire à l’ensemble de la population.

https://zerhubarbeblog.net/2020/12/04/de-quoi-the-great-reset-est-il-le-nom/

Dette + intérêt = croissance + prédation.

Est-il possible de proposer autre chose? Sans doute, et la première question à se poser est: pourquoi la croissance? Tout économiste vous dira que c’est le seul moyen de maintenir, voire d’augmenter là où c’est nécessaire, le niveau de vie de l’ensemble d’une population mondiale elle-même en croissance. Faute de quoi, c’est la misère, la révolte et la guerre.

Cette réponse classique part de l’hypothèse que la croissance de la qualité de vie est synonyme de la croissance économique, elle-même synonyme de la croissance financière. Cette hypothèse est centrale au système: si j’emprunte 100 avec un intérêt de 5 pendant un an, je devrai rembourser 105 et donc trouver quelque part les 5 pour le banquier, même si je n’en tire aucun bénéfice propre. Je dois donc générer de la croissance et le jour où j’aurai moi-même 100 de disponible, je les prêterai à quelqu’un qui me remboursera 105 à son tour.

Comment? par l’extraction de ressources naturelles, initialement gratuites, transformées par le travail afin de générer un produit ou un service vendable avec un bénéfice, ce qui doit permettre de rembourser la dette plus l’intérêt précédemment contracté. Une forme d’économie prédatrice que, de l’avis général ou presque, nous ne pouvons plus nous permettre. Peut-on en sortir en modifiant le système monétaire, et notamment l’intérêt associé à la dette?

Si l’intérêt était de zéro plutôt que 5, je ne devrais rembourser que 100 donc pas besoin d’aller chercher les 5 dans la croissance, mais les banques ne prendront pas le risque de prêter si elles n’en tirent aucun bénéfice.

Sauf, et là est la clé: sauf si le fait de ne pas me prêter à taux zéro leur coûte 5, autrement dit si elles sont soumises à un taux négatif de 5 sur de l’argent non utilisé.

Le retour de la monnaie fondante.

Ceci n’est ni plus ni moins que le bon vieux principe de la monnaie fondante, principe d’abord proposé par Jean Silvio Gesell en 1916, et dont il est dit que le grand économiste John Meynard Keynes, dont certains appellent aujourd’hui au retour, « estimait que d’un point de vue strictement technique le principe [d’une telle monnaie] était « irréprochable » et que l’avenir aurait sans doute beaucoup de choses à apprendre des idées de Silvio Gesell » (5)

Et en effet, la mode des monnaies locales complémentaires (6) a remis au goût du jour cet aspect “fondant”, dont l’objectif et d’optimiser la circulation de la monnaie, en rendant inintéressant sa thésaurisation. Appliquer cette idée à une échelle nationale, voire supranationale comme pour l’Euro, aurait un impact majeur sur la gestion financière car plus personne n’aurait intérêt à amasser de l’argent, ni ne pourrait en faire en le prêtant.

Vers une économie du don?

On prêterait pour ne pas perdre de valeur, sans nécessité de croissance du fait de l’absence d’intérêt, ce qui nous rapprocherait d’une forme “d’économie du don” où “l’intérêt” n’est plus le gain financier, mais la création et l’entretien des liens entre ceux qui donnent et ceux qui reçoivent.

Reste qu’un tel système monétaire ne suffirait pas, à lui seul, à modifier concrètement le système économique prédateur actuel car il existe d’autres vecteurs de thésaurisation prédatrice, à commencer par la privatisation des ressources naturelles, des effets de rente, et de la non prise en compte des coûts réels (y compris environnementaux et sociaux) dans le calcul des prix.

Voyons donc quels seraient, outre la question de l’intérêt sur la monnaie/dette, les autres grands chantiers permettant d’en venir à une économie compatible avec une humanité sevrée de son addiction à l’exploitation effrénée des ressources naturelles.

Annulation des dettes odieuses ou impayables.

Le monde dit “en développement” est criblé de dettes à jamais impayables, qui servent de justification à la privatisation des ressources locales par les groupes industriels et financiers étrangers. Ce système de dettes “odieuses” est combattu de longue date, par exemple par l’association CADTM (7). Aux USA, la dette moyenne d’un étudiant en fin de parcours est de 30 000 $ (8), ce qui l’oblige à travailler docilement pour n’importe qui dès sa sortie d’études, pour rembourser sa dette.

La “gestion” de la pandémie Covid-19 a, de son côté, créé en Europe et aux USA une “dette Covid” énorme qui pèsera, si rien n’est fait, pendant des décennies sur les économies et les ménages.

Le joug de ce type de dette est d’autant plus insupportable que l’argent prêté ne provient de personne, mais de la création monétaire au sein des ordinateurs des banques. Son annulation est un prérequis de toute transition économique crédible, et tout le monde l’a bien compris: l’administration Biden a fait un premier pas dans la réduction de la dette des étudiants américains, et la question de la pérennisation éternelle de la dette Covid (cad toujours présente dans les comptes mais jamais remboursée) est tout aussi d’actualité (9).

Suppression des rentes économiques.

La privatisation des ressources naturelles, que ce soit des mines, des puits de pétrole, l’eau, des parties du spectre électromagnétique ou des brevets, crée un effet de distorsion et d’accumulation de richesse aux mains de quelques possédants. Cette privatisation, en soi, ne pose pas problème et peut même être bénéfique dès lors que le propriétaire conserve et protège la ressource sous-jacente, mais dans la vaste majorité des cas cette privatisation permet l’exploitation à outrance, transformant les dons de la nature en entreprise de destruction parfaitement incompatible avec le principe d’une transition écolo-énergétique.

A nouveau, ce problème est bien identifié et certains y travaillent, comme par exemple la Bolivie ou l’Alaska qui interdisent toute privatisation de leurs ressources pétrolières. Le principe est que toute ressource émanant des “communs” appartient à la communauté, que son exploitation est régulée par la communauté, et que l’exploitant de la ressource loue un droit d’accès prenant en compte l’ensemble des coûts réels de cette exploitation.

Internalisation des coûts sociaux et environnementaux.

Le slogan du néo-libéralisme est la privatisation des profits et la socialisation des pertes. Cela se fait par la non prise en compte des coûts environnementaux (pollution, émissions de GES, perte de bio-diversité, etc…) et des coûts sociaux (maladies liées aux méthodes de production, chômage du fait des délocalisations, etc…). La taxe carbone, en discussion depuis des années, vise à corriger les prix des importations qui ne prennent pas en compte le coût environnemental des émissions de CO2, mais ce n’est qu’un élément du problème.

Une transition économique crédible doit se doter d’un système de comptabilité prenant en compte tous ces facteurs au niveau du calcul du prix de chaque chose. Il est trop facile, notamment pour les pays dits riches, de sous-traiter ailleurs les manufactures polluantes, d’importer les produits finis en laissant les coûts réels à la charge des pays producteurs, pour ensuite tenter de se faire passer pour les bons élèves de la transition écologique.

La relocalisation économique et monétaire.

Le Covid a remis, un temps, la relocalisation économique sur le devant de la scène. Dépendre de la Chine pour des masques, ou des USA pour des vaccins sont des exemples qui ne sont que la partie médiatisée d’un vaste iceberg de dépendance, envers des pays plus ou moins lointains, pour nos biens et équipements de base.

Il est évidemment illusoire, et inefficace, de vouloir tout faire chez soi vu que certains pays ont des avantages naturels ou culturels pour produire certaines choses plus efficacement qu’ailleurs, mais il faut retrouver un juste équilibre pays par pays. L’internalisation des coûts réels jouera un rôle clé dans cette nouvelle répartition, lorsque l’on verra que la rentabilité des délocalisations vers les pays dits à bas coûts relève en fait de l’illusion, une fois que l’on fait le calcul complet.

Parallèlement à cela, la notion de monnaie locale pourrait trouver un second souffle dans le cadre d’une mise à échelle nationale plutôt que communale ou départementale (parlant pour la France). Le boum des monnaies locales complémentaires, depuis le début des années 2000, n’a pas porté les fruits attendus du fait de circuits trop courts, de territoires trop petits, et d’une vision souvent trop idéologique pour capter l’intérêt d’une majorité.

L’histoire montre que ces monnaies locales sont en général le fruit de problèmes économiques spécifiques: la désertification économique mène à l’appauvrissement et au manque d’argent pour faire fonctionner une communauté, qui s’invente dès lors une monnaie parallèle visant à permettre les échanges malgré tout (10).

De surcroit fondante, une telle monnaie peut apparaître n’importe où dès lors que la situation l’exige. Le grand exemple de ce phénomène reste le WIR suisse, créé en 1934 pour compenser le manque de francs suisses pour les échanges inter-entreprises (11). Le système existe encore aujourd’hui, et s’est ouvert au grand public.

Le dividende social.

Nous devons travailler pour gagner de quoi vivre. Cette réalité s’est quelque peu amendée chez nous du fait du filet de sécurité sociale (chômage, APL, RSA, etc..), faisant que de nombreuses personnes vivent en fait de l’Etat plutôt que d’un travail productif. Cette situation tient au fait que l’augmentation de la productivité, notamment du fait de l’automatisation, rend inemployable une partie de la population ne possédant pas les compétences requises, et cette situation va globalement se développer à l’échelle planétaire.

Plutôt que conditionner la survie de ces personnes (enfin, certaines en vivent en réalité très bien) à l’arbitraire des politiques du moment, le dividende social propose de redistribuer, de manière égalitaire et inconditionnelle, l’ensemble des rentes de l’Etat vers la population.

Ceci est la base d’un vaste débat de société autour du fameux revenu universel, débat qui ne sera pas abordé ici mais qui fait partie, sous une forme ou une autre, de cette transition économique. En effet, l’émancipation de l’arbitraire des politiques et des décideurs économiques est sans doute nécessaire pour que la population évolue vers une forme de productivité sociale non financière.

La décroissance économique.

L’argument développé au fil de cet article part de l’hypothèse que Jean-Marc Jancovici a globalement raison, c’est-à-dire que la croissance économique classique est fortement corrélée avec la consommation énergétique, et plus généralement avec l’exploitation des ressources naturelles dont les énergies fossiles. De ce fait, s’il faut moins extraire et moins consommer afin de rester dans les fameux 2° d’augmentation de la température globale (à nouveau, vaste débat non traité ici), la décroissance économique, en termes de PIB, est un effet inévitable de la transition écolo-énergétique, et la transition économique doit alors avoir pour objectif de maintenir, et surtout améliorer, la qualité de vie de la population dans une économie mondiale décroissante.

La combinaison de monnaies fondantes et du dividende social permettent d’envisager la décroissance économique au sens classique du terme. Moins de monnaie mais plus d’efficacité, moins d’inégalités, et moins de dépendance à l’arbitraire de la compétition économique mondialisée, ouvrent la voie à une croissance détachée de la consommation énergétique, et plus généralement de la consommation des ressources naturelles. Une croissance en bonne partie non quantifiable (sauf si nous acceptons de nous faire puçer) car non financière, mais servant au développement personnel, social, scientifique, etc.

Monnaie et culture du don.

Nous sommes issus, et partie prenante, d’un univers du don. Nos mères nous donnent la vie, la Terre nous donne ses ressources, le Soleil nous donne sa chaleur. La logique économique, qui vise à transformer tout ce qui est gratuit en valeur commerciale et financière permettant l’accumulation des richesses, au prix de la dégradation de l’environnement, est sans doute un mal nécessaire dans le cycle de développement d’une civilisation technologique nécessitant une “carotte”, ici le profit, pour s’engager sur la voie d’un “progrès” aux multiples facettes.

Ce cycle, selon la thèse du changement climatique de nature anthropique en tout cas, doit se terminer dans les années qui viennent, sous peine de catastrophe risquant de nous ramener à une dystopie dont personne ne veut, mais que peu de gens arrivent à imaginer réellement. Le catastrophisme des collapsologues et l’hystérie militante de certains tendent à désintéresser le grand public de ces questions, et quitte à tous disparaître sous peu quoi que l’on fasse, autant en profiter à fond jusqu’au bout.

L’autoritarisme n’est pas la solution.

Le discours positif sur la transition écolo-énergétique, et a fortiori sur la transition économique, est rare. Il est en général présenté comme une vision utopique de bisounours shooté au CBD. Cependant cette idée de gérer la décroissance via, entre autres, une monnaie à taux d’intérêt négatif, est au cœur d’un livre de Charles Eisenstein, Sacred Economics (12), d’où est tirée cette courte vidéo (12 minutes, en anglais) introduisant l’idée d’une économie basée sur la valeur du lien et une nouvelle manière de considérer la monnaie.

Certains verront ce programme comme une version hippie du Great Reset mentionné plus haut: vous n’aurez plus rien, mais vous serez heureux. La critique est recevable et mérite débat.

L’Histoire des régimes totalitaires à l’ère technologique, du nazisme au marxisme-léninisme au covido-fascisme d’aujourd’hui, ce dernier parfaitement illustré par la Macronie, démontre que l’hypothèse d’une gestion autoritaire au profit du bien commun par des experts supposés bienveillants est ontologiquement fausse. Cela n’existe tout simplement pas, et pour la bonne et simple raison, fameusement édictée par John Emerich Acton au début du XXème siècle, que “le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument” (13).

Liens et sources:

(1) https://zerhubarbeblog.net/2021/10/26/cop-et-transition-energetique-quelles-realites/

(2) https://zerhubarbeblog.net/2020/10/06/le-mystere-de-largent-magique/

(3) https://zerhubarbeblog.net/2021/02/20/diem-e-yuan-cryptomonnaies-et-banques-centrales/

(4) https://zerhubarbeblog.net/2020/12/04/de-quoi-the-great-reset-est-il-le-nom/

(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie_fondante

(6) https://zerhubarbeblog.net/2013/05/19/lancement-de-la-monnaie-locale-bousol/

(7) https://www.cadtm.org/Une-association-pour-l-annulation

(8) https://en.wikipedia.org/wiki/Student_debt

(9) https://www.actu-juridique.fr/fiscalite/droit-fiscal/finances-publiques/pour-annuler-la-dette-covid-il-faudrait-modifier-le-traite-sur-le-fonctionnement-de-lunion-europeenne/

(10) https://zerhubarbeblog.net/2011/01/17/bresil-le-palma-monnaie-des-favelas/

(11) https://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_WIR

(12) https://www.amazon.fr/Sacred-Economics-Money-Society-Transition/dp/1583943978

(13) https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Emerich_Edward_Dalberg-Acton

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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