Le mirage de l’idéologie covidiste.

Il est frappant de voir à quel point l’adhésion à une idéologie détruit la capacité de raisonnement de gens par ailleurs intelligents, éduqués et cultivés. Quelle que soit l’idéologie, elle impose une sorte de métamorphose de la pensée afin de la rendre compatible avec les versets constitutifs du dogme, une adaptation nécessaire pour s’assurer la reconnaissance du camp autoproclamé du bien, ce camp majoritaire (au sein des institutions du moins) qui distribue la reconnaissance et les privilèges de ceux et celles qui en dépendent.

L’idéologie peut détruire une capacité cognitive, mais pire encore elle peut l’inverser et y laisser pénétrer une forme d’extrémisme décomplexé, n’ayant de compte à rendre à rien ni personne d’autre que l’objectif idéologique.

“C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit la banalité du mal”, disait Hannah Arendt, en référence à l’horreur nazie perçue, par les technocrates nazis, comme parfaitement légitime du simple fait qu’elle permettait de réaliser l’objectif idéologique.

Nous en avons une illustration actualisée avec la récente déclaration de Martin Hirsch, directeur de l’AP-HP et ex-militant associatif humanitaire, donc imprégné jusqu’à la moelle de l’appartenance au “camp du bien”, estimant qu’un non vacciné hospitalisé devrait payer ses frais d’hospitalisation, vu qu’il ou elle a refusé de prendre un vaccin gratuit (récemment dégradé en un “vaccin-médicament”, selon notre bon Delfraissy) censé le ou la protéger.

C’est ainsi que, bien qu’il n’aille à l’encontre d’aucune loi (la vaccination n’étant pas officiellement obligatoire), bien qu’il soit déjà mis au ban de la société du fait du pass vaccinal, le non vacciné deviendrait la cible d’un racket financier légitimé par un haut responsable hospitalier œuvrant, cela va de soi, pour le camp du bien.

Bien sûr, les ségrégationnistes qui fument, font du sport à risque, boivent ou mangent un peu trop, ne font pas leurs 10 000 pas par jour, sont en surpoids etc…, applaudissent à ce genre d’annonce à l’encontre du bouc émissaire qu’est le non vacciné. Jusqu’au jour où Mr Hirsch dira que les gens qui fument, font trop ou pas assez de sport ou prennent l’apéro, augmentent leur risque d’hospitalisation par un comportement désavoué par le camp du bien, et devront désormais aussi payer pour aller à l’hosto.

Confusion entre moyens et objectifs.

L’idéologie est également capable de neutraliser, chez ses adhérents, la capacité de distinction entre les moyens et les objectifs. Prenons en exemple cette historienne interrogée par la RTBF sur la question de “l’amalgame” entre étoile jaune et pass sanitaire / vaccinal / CST selon les endroits:

Dans les images de la manifestation, la comparaison faite entre le Covid Safe Ticket et l’étoile jaune imposée aux juifs pendant la deuxième guerre mondiale est interpellante. “On est dans une instrumentalisation perverse […] de symboles qui n’ont pas lieu d’être”, analyse l’historienne Chantal Kesteloot ce jeudi 27 janvier, à l’occasion de la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste.

https://www.rtbf.be/article/memoire-de-lholocauste-le-passe-nest-pas-un-vaccin-contre-lanti-democratie-analyse-lhistorienne-chantal-kesteloot-10922907?fbclid=IwAR37sw6RujtBxPaJ6UWosxl0IQBrBQOX5fK_uNehiuXRUntdf7OwnVwswY8

Il est évident que les objectifs antisémites du nazisme ne sont pas ceux du covido-fascisme, tout comme ils n’étaient pas ceux du franquisme par exemple, mais les moyens sont, eux, parfaitement comparables, et parfaitement connus: la cristallisation d’une anxiété et d’une frustration, largement diffusée dans la société, sur un évènement de nature sidérante (une guerre ou une pandémie, et encore mieux si, comme Macron, on fait l’association des deux), permet de faire sauter les freins institutionnels et éthiques au nom de l’urgence ou de la gravité de la situation, et de focaliser la haine sur un bouc émissaire (les juifs, les non vaccinés) permettant de cacher l’horreur qui se déroule en arrière-plan (1).

Le fait que certains manifestants anti-dictature sanitaire associent l’étoile jaune au pass ne signifie donc pas nécessairement qu’ils estiment que les non vaccinés sont assimilables aux juifs d’antan, mais simplement que la méthode employée, la stigmatisation et la mise illégale au ban de la société (vu qu’aucun délit n’a été commis), relève de la même méthode et pourrait effectivement, un jour, mener à une forme de “solution finale” que des gens tels Raphaël Enthoven ou Klaus Christophe Barbier (comme de nombreux autres parasites) appellent de leurs vœux, même s’ils ne le disent pas encore tout à fait ouvertement.

La technocratie, au cœur du mal.

La pensée technocratique est véritablement le terreau fertile de la banalité du mal. Elle se cache sous une forme de naïveté qui prétend que les entorses temporaires aux principes républicains sont justifiées pour autant que l’on revienne, ensuite, au monde normal, celui de l’Etat de Droit, une fois la crise terminée.

Croire cela, pourtant, c’est un mirage, c’est comme croire au Père Noël. Le totalitarisme, et surtout le totalitarisme technocratique, avance à cliquet: toute mesure liberticide imposée au nom d’une urgence quelconque se retrouve, ensuite, intégrée au droit commun. Les mesures dites anti-terroristes, par exemple, sont aujourd’hui utilisées contre les Gilets jaunes et, demain, contre toute forme d’opposition politique. Idem pour les drones, désormais légaux. Idem, demain, pour la reconnaissance faciale et le crédit social.

Nous vivons depuis deux ans sous état d’urgence sanitaire, et avant cela sous état d’urgence anti-terroriste. Etant donné qu’il n’existe pas de critères objectifs pour qu’il se termine, il ne se terminera pas, ou sera remplacé par un autre état d’urgence. Idem pour le pass vaccinal qui, selon le petit enc… Gabriel Attal, se terminera “dès qu’on pourra s’en débarrasser” (2). Sans que le moindre critère objectif ne soit défini, ce qui montre par ailleurs le niveau de corruption du Conseil constitutionnel, qui n’y trouve rien à redire.

L’affabulation du Conseil constitutionnel.

On en jugera en écoutant cet entretien avec Me François-Henri Briard, avocat au Conseil d’Etat, pour qui le pass vaccinal est fondé en droit, et pour qui le fait de devoir présenter un QR Code pour des activités sociales normales ne pose aucun problème car il relèverait du droit à la santé.

A la santé de qui, en l’occurrence, on se le demande vu que les vaccinés contaminent et s’infectent tout autant que les autres mais, surtout, ce juriste tombe dans le même panneau de la temporalité des mesures: la limite de la mesure serait le 31 juillet 2022, date de la fin de l’état d’urgence actuel, mais étant donné qu’aucun critère objectif ne permet de juger des conditions d’arrêt dudit pass, le régime (quel qu’il soit à ce moment-là) ne sera pas tenu d’y mettre fin car il pourra toujours prétendre que la menace persiste – et elle persistera toujours vu que le Sars-CoV-2 est en voie de devenir endémique.

Je n’imagine pas que ces juristes ne comprennent pas ceci, et s’ils ne le sanctionnent pas c’est par accord idéologique. Ou par conflit d’intérêts, dans le cas spécifique de Mr Fabius, dont le fils est cadre chez McKinsey France, obviously.

La liberté en débat.

Cette naïveté (ou hypocrisie, plus probablement) est saillante dans ce débat sur Interdit d’Interdire, ou deux intellectuels libéraux s’affrontent sur la question de la disparition de la liberté sous l’autoritarisme covidien.

Nicolas Bouzou est économiste libéral, donc par définition en faveur des libertés au sein d’un Etat de Droit. Il défend néanmoins le pass vaccinal, et les mesures coercitives en général, au nom du camp du bien, tout en précisant que ces mesures deviennent inacceptables dès lors qu’elles ne sont plus légitimées par la situation. Sans pour autant être en capacité de définir ce qui, précisément, fait qu’elles sont légitimes ou non.

Si ce monsieur est honnête, et il est probable qu’il le soit, il représente l’essence même du problème: l’incapacité d’une analyse politique réaliste de la situation par aveuglement idéologique. Il fait partie de cette masse énorme de technocrates qui estiment que les valeurs républicaines de l’Etat de Droit ne fonctionnent pas en période de crise, et qu’il faut alors leur préférer des méthodes autoritaires et coercitives que l’on abandonnera ensuite.

C’est terrible car, non seulement on ne les abandonne pas, mais le fait de penser que l’Etat de Droit n’est pas capable de faire face aux crises implique que l’Etat de Droit n’a aucun fondement, qu’il n’est qu’un simple décor derrière lequel se cache la seule vraie politique, celle de l’autoritarisme et de la violence, celle du virilisme symbolisé par le robocop et les agences de “nudging” à la McKinsey.

Nicolas Bouzou fait certainement partie de ceux et celles qui critiquent, au nom du camp du bien, les coups d’Etat récents au Mali et au Burkina Faso. Il est pourtant incapable de reconnaitre ce même coup d’Etat à sa propre porte et, pire encore, l’appelle de ses vœux. Le miracle du mirage idéologique.

Face à lui, l’analyste politique Mathieu Slama tente une opposition fondée sur le réalisme politique (les mesures liberticides et anti-démocratiques ne disparaissent pas avec la fin des crises), et sur la philosophie. Il représente ici la mouvance opposée à la mise de côté des libertés fondamentales au nom d’une quelconque urgence, l’opposition à la ségrégation “sanitaire”, et la demande d’une évaluation objective des politiques dites sanitaires en comparant, notamment, avec les pays n’ayant pas sacrifié leur éthique sur l’autel du covidisme.

Ségrégationnisme, idéologie et formation psychotique.

L’aveuglement idéologique va de pair avec la formation psychotique des masses, précédemment décrite (1). Il en est l’étage supérieur car il touche principalement les soi-disant élites, ces politiciens et hauts fonctionnaires, ces responsables institutionnels qui, lorsque qu’ils ne sont pas directement corrompus (3), fonctionnent sur un plan hors-sol de chiffres, de courbes, d’intérêts, de discours assenés avec l’arrogance de celui ou celle détentrice de l’autorité. A tel point qu’un Président Macron, parfait archétype de cette caste, peut se permettre d’insulter et de démoniser publiquement une catégorie de citoyens pour délit d’opinion.

La médecin urgentiste et généraliste Sarah Rebert twittait ceci, en réponse à l’article du Figaro s’interrogeant sur l’adhésion d’une partie importante de la population à la mesure déraisonnable du passe vaccinal (4):

Ce sentiment, très cour d’école, que si l’un a été puni alors qu’il n’a rien fait de pire que les autres, tout le monde devrait être puni. Pire encore, le vacciné peut mettre en avant son sens du sacrifice: “je me vaccine pour les autres!”. Certes cela existe, mais ceux et celles qui ont cette noblesse d’esprit ne sont pas, quasiment par définition, ceux et celles qui sont en faveur de la ségrégation: Les ségrégationnistes se vaccinent pour eux-mêmes, point barre, et tout le reste n’est que gesticulation culpabilisatrice. On en connait tous.

Un champ de bataille mouvant.

Il existe donc plein de gens a priori “sérieux” qui se perdent dans le mirage idéologique, et y abandonnent leur esprit critique afin de souscrire au camp du bien, de sa reconnaissance et de ses privilèges. Rien de pire, en effet, que la relégation sociale, l’ostracisation depuis les couches bien-pensantes, la perte des rentes de situation conditionnées à la soumission idéologique. Typiquement ce que craignent avant tout les parasites susmentionnés.

Heureusement il existe également plein de gens sérieux qui ne s’y trompent pas, et opposent une résistance (5), une friction ralentissant le dévalement de la pente autoritaire vers, en l’occurrence, un covido-fascisme susceptible de muter, ensuite, en n’importe que autre variant fascisant: théologique, écologique, économique, énergétique, anti-russe, le choix est vaste.

Vu de plus haut cependant, et même si le covido-fascisme est aujourd’hui dominant à la face du monde sous ses différentes moutures, la roue tourne. Certes certains pays européens, comme l’Italie, la Belgique, l’Autriche ou l’Allemagne s’enfoncent dans le délire de l’obligation vaccinale, mais le Danemark et le Royaume-Uni pensent qu’il est temps d’en finir.

Même Israël s’interroge, malgré la forte pression corruptive de Pfizer sur ce pays, vu l’extraordinaire poussée des cas malgré un taux élevé de triple, voire quadruple vaccination.

Ci-dessous les graphiques actuels pour les cas et les taux de vaccination troisième dose, pour Israël, le Danemark, la France, l’Allemagne et l’Inde. Qui n’a pas de boosters, ni de cas, mais qui soigne… bref.

Les obligations vaccinales aux USA se heurtent aux décisions juridiques régionales, et au Canada alimentent un mouvement de routiers transformé en quelques jours en vaste manifestation anti-dictature vaccinale. Un mouvement qui semble également prendre racine en Australie et en Europe.

La partie n’est pas finie, et le mirage idéologique qui aveugle autant de gens dans les sphères d’influence n’est pas levé, mais on y décèle des fissures. La plus belle de ces derniers jours est sans doute l’aveu, par Jean-François Delfraissy lui-même, patron du Conseil scientifique, que le vaccin Covid est une forme de “vaccin-médicament”:

ll le dit lui-même, il ne devrait “pas dire ça”. Le vaccin contre le Covid “est une forme de vaccin-médicament”, a reconnu le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, invité de franceinfo, mardi 25 janvier. “Il est comme les autres vaccins par certains côtés. C’est un vaccin, mais qui a un peu une forme de vaccin-médicament, puisqu’en fait, il protège contre les formes sévères et les formes graves.” “Ça, on ne l’a pas suffisamment dit”, a ajouté le professeur, spécialisé en immunologie.

https://www.tf1info.fr/sante/covid-19-omicron-pandemie-le-vaccin-est-une-forme-de-medicament-reconnait-jean-francois-delfraissy-president-du-conseil-scientifique-2208136.html

Je termine donc sur cette question aux ségrégationnistes, cette partie de la population sous emprise et En Marche, au pas de l’oie, au son du clairon covido-fasciste:

Si le “vaccin” que vous adorez tant est en fait un médicament, comme le dit Delfraissy, merci de nous expliquer en quoi le fait de refuser de prendre un médicament pour une maladie qu’ils n’ont pas, justifie la relégation sociale des non-médicamentés à un niveau qui se situe entre le chien et le lépreux du Moyen-Âge ?

Liens et sources:

(1) https://zerhubarbeblog.net/2022/01/06/du-covid-a-la-formation-psychotique-des-masses/

(2) https://www.ladepeche.fr/2022/01/26/gabriel-attal-des-quon-pourra-se-debarrasser-du-pass-vaccinal-on-sen-debarrassera-10069900.php

(3) https://zerhubarbeblog.net/2021/12/29/vaccination-covid-le-grand-marche-de-la-corruption/

(4) https://www.lefigaro.fr/vox/societe/passe-vaccinal-pourquoi-une-mesure-si-deraisonnable-est-elle-ainsi-largement-soutenue-20220124?fbclid=IwAR2vvXRY5rm_gmwrGx4YPYY-thDcN2zp2vUPFpPp9OCGvDGAa_dL3kSDQlQ

(5) https://zerhubarbeblog.net/2021/12/26/debunker-le-narratif-covidien/

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

11 réponses

  1. Onurb

    Échanges avec un député quant au passe vaccinal : “moi aussi, j’ai des doutes sur cette stratégie axée exclusivement sur la vaccination , mais je pense aussi à tous ceux qui ont accepté une deux trois doses”. Ainsi, cette personne ne s’est pas opposée au passe vaccinale.
    Même raisonnement de cour de récré. Si certains se sont faits arnaquer, tout le monde doit l’être.
    Ce représentant mentionne aussi dans son SMS que le “report de l’obligation vaccinale de 12 a 16 ans [lui] a paru une avancée”. Ils savent donc bien que ce passe est une obligation dans les faits !

    Delfraissy a aussi clairement dit, en parlant du vaccin-médicament “c’est incompatible” (donc, on est soit un vaccin, soit un médicament).
    il a aussi dit (https://twitter.com/franceinfo/status/1485887003237523456) que les modèles animaux montraient que l’immunité post-covid est faible, et donc que l’on aurait probablement pu prévoir que l’immunité induite par le vaccin serait de courte durée (indépendamment même du fait des variants).
    Bravo pour vos articles.

  2. Onurb

    Sur le Paxlovid, vanté par Delfraissy, son mode d’action serait l’inhibition de la protéase du virus. On a déjà essayé des inhibiteurs de protéases pour des virus ARN mutants (VIH) et généré des mutants résistants. C’est pourquoi on utilise des tri-thérapies, pour combattre plusieurs voies du virus.
    L’ivermectine a le même mode d’action (https://www.nature.com/articles/s41429-021-00491-6.pdf) + d’autres, a été montré par Pasteur comme réduisant les symptômes dans un modèle animal, et a d’autres actions potentielles contre le virus, la rendant donc moins susceptible d’induire des résistances.

  3. Hazère-tyuillope

    Merci pour vos articles, et celui ci est excellent comme d’ habitude ! Les esprits évoluent, très lentement, mais évoluent quand même.. il n’ y a pas si longtemps je gardais systématiquement mes pensées pour moi à propos du délire ambiant, là je me rends compte qu’ il est plus facile d’ en parler, les gens en ont marre maintenant, y compris les plus convaincus, encore un peu de temps et même les plus covidistes nieront l’ avoir jamais été…

  4. BENOIT SOUBEYRAND

    Excellent ! mais vraiment dommage de céder parfois à la facilité. Je fais référence aux quelques mots barrés : cela n’apporte rien, au contraire, cela nuit à l’ensemble du texte. Pas certain que l’incidence des cas rapportés pour les pays de l’EU et Israël comparée celle des cas rapportés en Inde soit pertinent (en revanche les couvertures vaccinales le sont très certainement !)

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