Les mises en garde face à un crash économique, écologique et sociétal n’ont rien de nouveau, mais elles se bousculent sur nos écrans depuis quelques mois, depuis la réalisation que nous sommes dans un temps de forte inflation associée à la création de dettes insoutenables par les banques centrales (le “quoi qu’il en coûte” covidien venant s’ajouter à dix ans de planche à billets), et accélérée par la crise énergétique associée à la guerre entre l’Otan et la Russie sur le dos des Ukrainiens (1).
Les catastrophistes ressemblent généralement plus à Pablo Servigne ou à Aurélien Barreau qu’à des traders américains en chemise blanche nous parlant depuis des bureaux de gratte-ciel air-conditionné à l’empreinte écologique désastreuse. Ou alors, c’est sur le mode davosien qui, précisément pour éviter une telle catastrophe, nous invite à embrasser une débonnaire servitude sous une autorité technocratique bienveillante (ah ah) où nous ne posséderions plus rien (car eux posséderaient tout), mais où nous serions heureux.
La délusion de l’expertise monétaire.
Nous sommes conditionnés à penser que les technocrates, et notamment ceux des banques centrales comme la Fed américaine ou la BCE ici, agissent en qualité d’experts visant à réguler le système économique, pour le maintenir dans une zone acceptable entre inflation galopante et récession, en jouant sur la masse monétaire (via la dette) et sur les taux d’intérêt.
Le narratif actuel est que pour juguler une inflation qui se promène officiellement autour des 9% (mais qui est en réalité quelque part entre 30% et 100% si vous regardez vos tickets de caisse), il faut progressivement monter les taux directeurs au-dessus de zéro. La Fed américaine vient d’annoncer sa quatrième hausse en quelques mois, passant le taux à 2,5%, du jamais vu depuis 1994 (2).
La BCE, pour sa part, vient de passer son taux de zéro à 0,5%:
Ce resserrement de la politique monétaire a déjà été amorcé en juin, avec l’arrêt des nouveaux achats de dette sur les marchés. La BCE espère ainsi réduire la masse monétaire en circulation et freiner l’inflation, qui a battu le mois dernier un nouveau record dans la zone euro, à 8,6% sur un an. L’institution de Francfort finit donc par rejoindre le peloton des autres banques centrales, comme la Fed américaine, bien plus actives depuis des mois contre la flambée des prix.
https://www.francetvinfo.fr/economie/inflation/inflation-la-banque-centrale-europeenne-releve-ses-taux-directeurs-pour-la-premiere-fois-depuis-2011_5270176.html
Peut-on sérieusement penser que remonter ces taux de quelques %, ou fractions de %, va impacter un tel niveau d’inflation dont l’origine principale, rappelons-le, est l’usage massif de la planche à billets depuis tant d’années, menant à un décalage entre la monnaie (donc, la dette) et la production économique réelle, de l’ordre de 3 à 1?
En effet, un tel décalage est le moteur principal de l’inflation, d’où une volonté de réduction de cette masse monétaire qui existait déjà en 2019, juste avant le Covid (3), mais qui fut mise de côté au nom du fameux “quoi qu’il en coûte” covidien. A l’époque, le taux d’inflation était encore quasiment nul, mais aujourd’hui, selon certains experts en chemise blanche introduits ci-dessus, ces petites hausses de taux directeurs n’auront pas d’effet sur l’inflation, et ne servent en réalité qu’à faire croire au petit peuple que les autorités font quelque chose, alors que la vérité est toute autre.
Destruction de la classe moyenne.
Selon le trader américain Gregory Mannarino, figure connue de la finance US invitée sur de nombreux plateaux, auteur de livres, animateur d’un blog et d’une chaine YT à succès (4), le jeu de la Fed et de la BCE est de maintenir un haut niveau d’inflation, tout en faisant semblant de s’y attaquer via quelques mesurettes, avec pour objectif de détruire la classe moyenne qui, dans sa majorité, n’a pas les ressources pour lutter contre une telle hausse des prix.
En effet, cette classe ne peut pas augmenter ses revenus aussi rapidement, donc maintenir son niveau de vie, et son fort taux d’endettement (chose sans doute plus spécifique aux USA qu’à l’Europe) indexé, lui, à l’inflation, va la conduire sur la pente d’une paupérisation massive et la faire rejoindre, in fine, une classe prolétaire dont la survie ne tient qu’à sa dépendance quasi-totale à l’Etat.
Ce que Mannarino appelle la mise en esclavage de la classe moyenne, et il s’en explique dans cette interview pour la chaîne d’information financière Stansberry Research (en anglais):
Le but de l’establishment serait donc de passer d’une société actuelle à trois niveaux (three-tier society), composée en gros des riches, de la classe moyenne et des prolétaires, à une société à deux niveaux avec seulement un petit % de riches, et un gros % “d’esclaves économiques”.
Autrement dit, de revenir à un système de type féodal 2.0 où la paupérisation économique issue de l’inflation, associée à une surveillance omniprésente issue de la technologie numérique (5) ainsi qu’à la disparition du cash au profit des monnaies digitales directement gérées par ces mêmes banques centrales (6), donnerait à l’Etat un contrôle total sur la vaste majorité de la population.
C’est très clairement le modèle chinois, où le e-Yuan est déjà à l’essai, où le crédit social fait déjà partie du “normal” et où les systèmes de surveillance – grâce, Ô surprise, au Covid – sont les plus développés (7). Un système dont le seul développement possible est celui d’un enfer de coercition, comme les Chinois le vivent au nom du zéro-Covid et des semaines d’enfermement total selon le bon plaisir du dictateur.
On peut, bien sûr, ne pas accepter cette analyse, et ne voir dans les Mannarinos & Cie que des prédateurs financiers qui râlent du fait des pertes boursières de ces dernières semaines. Mais, pour ceux qui suivent un peu ces sources, autant là-bas qu’ici avec, par exemple, la chaîne de l’économiste Marc Touati, qui s’inquiète vivement de l’implosion de la zone Euro et fustige la politique de la BCE (8), on sent une incompréhension par ces acteurs économiques face à l’apparente incompétence des instituts de régulation, notamment les banques centrales et les politiques économiques des Etats occidentaux.
Le féodalisme 2.0, une idéologie rationnelle?
Ces institutions n’étant pas irrationnelles, leurs politiques et méthodes répondent a priori à des objectifs rationnels, et si on a laissé à ce point filer la dette, donc l’inflation, si on a tout fait pour créer un environnement anxiogène et inflationniste avec la guerre en Ukraine et les sanctions anti-Russes dont nous sommes les premières victimes via les prix de l’énergie (9), c’est que cela correspond à quelque chose dont le Great Reset (10) de Klaus Schwab et ses amis les young global leaders (11) sont sans doute la main gantée.
Les survivalistes et autres preppers anglosaxons, tout comme nos catastrophistes écologiquement corrects, tiennent ce genre de discours depuis longtemps et ne diffèrent que par leurs modes de préparation: comment éviter un tel scénario et, au pire, comment y survivre? Pour certains, un féodalisme 2.0 serait préférable à un ensauvagement général où des bandes armées et affamées terroriseraient nos contrées. Un rationnement même sévère serait préférable à une pénurie globale où l’alimentation et l’énergie ne seraient accessibles qu’aux plus riches.
Il serait alors effectivement rationnel de tuer la classe moyenne afin de la soumettre à un féodalisme esclavagiste 2.0 (également appelé techno-féodalisme), de réduire son niveau de santé physique (12) et mentale (13) afin de la mener à se dépolitiser, et d’investir massivement dans les systèmes de surveillance et de répression justifiés par une “économie de guerre” (14) dont nous sommes bien évidemment la cible.
Ce qui apparaît aujourd’hui comme une démence nihiliste (15) de la part de politiciens illuminés (16) serait alors, en réalité, une démarche rationnelle, avec un but précis de prise de contrôle de l’humanité par une petite minorité de “seigneurs” tenant fermement les leviers du pouvoir.
Ce féodalisme 2.0 se distinguerait de l’original principalement par son échelle et son fort contenu technologique, un vaste système carcéral géré par des IAs ayant accès à toutes nos données, nos déplacements, nos rencontres, nos ressources, constituant un profilage précis de chaque personne permettant un “nudging” efficace, menant à l’impossibilité de penser hors du cadre imposé.
Certains crieront au délire complotiste, mais il faudra alors expliquer pourquoi c’est précisément cette dynamique-là que nous constatons partout: est-il encore rationnel de penser que le délire ségrégationniste covidien, l’orgasme médiatiquement manipulé des guerriers de canapé devant la boucherie ukrainienne, le suicide économique et énergétique, les dérives vers l’absurde identitaire woke et assimilés, le délitement de l’éducation, l’ignorance et la bêtise érigées en vertus, ne relèvent que d’accidents involontaires? Il est en tout cas permis d’en douter.
Liens et sources:
(1) https://zerhubarbeblog.net/2022/03/02/du-covid-a-lukraine-bienvenue-dans-la-societe-du-spectacle/
(4) https://gregorymannarino.substack.com/p/today-we-will-hear-from-world-control
(5) https://zerhubarbeblog.net/2020/01/20/nsa-gafam-et-le-capitalisme-de-surveillance/
(6) https://zerhubarbeblog.net/2021/02/20/diem-e-yuan-cryptomonnaies-et-banques-centrales/
(7) https://zerhubarbeblog.net/2021/03/06/zero-covid-confinement-passeport-et-effondrement/
(8)
(9) https://zerhubarbeblog.net/2022/07/13/suicide-europeen-aux-marches-de-lukraine/
(10) https://zerhubarbeblog.net/2020/12/04/de-quoi-the-great-reset-est-il-le-nom/
(11) https://en.wikipedia.org/wiki/Young_Global_Leaders
(12) https://zerhubarbeblog.net/2022/07/07/constat-dune-surmortalite-anormale-hors-covid/
(13) https://zerhubarbeblog.net/2022/01/06/du-covid-a-la-formation-psychotique-des-masses/
(14) https://zerhubarbeblog.net/2022/06/26/apres-la-guerre-leconomie-de-guerre/
(15) https://zerhubarbeblog.net/2022/04/04/survivre-au-nihilisme-politique/
(16) https://zerhubarbeblog.net/2021/10/28/macron-et-la-marque-de-la-bete/
https://www.contrepoints.org/2022/08/06/436464-les-causes-profondes-de-linflation-en-zone-euro
[…] (9) https://zerhubarbeblog.net/2022/07/28/guerre-inflation-et-pauperisation-vers-un-feodalisme-2-0/ […]
“Pourquoi tolérons-nous la menace d’une nouvelle guerre mondiale en notre nom ? Pourquoi permettons-nous les mensonges justifiant ce risque ? L’échelle de notre indoctrination, écrivait Harold Pinter, est “un brillant et malin acte d’hypnose, comme si la réalité n’existait pas alors même qu’elle se déroule sous nos yeux. “”
Ainsi débute cet article visionnaire du Guardian du 13 mai 2014, par John Pilger, qui détruit la propagande atlantiste au sujet de l’Ukraine, et nous met en garde contre l’escalade à venir, au seul bénéfice de la politique US.
Nous subissons aujourd’hui la suite logique de cette grande manipulation, aidée par la corruption et l’imbécilité d’une majorité du monde politique et médiatique européen.
https://www.theguardian.com/commentisfree/2014/may/13/ukraine-us-war-russia-john-pilger