PrEP, Prévenir plutôt que guérir.

Les médias ont aujourd’hui réussi à placer un sujet n’ayant rien à voir avec l’affaire Benalla et c’est très bien, malheureusement ces mêmes médias sont trop occupés par ladite affaire pour oser autre chose que republier l’annonce faite par l’ANRS à la conférence d’Amsterdam sur le Sida, AIDS 2018, d’un résultat d’une étude parisienne démontrant un succès total pour la prévention d’infection au VIH grâce à la PrEP (1).

Cocorico c’est bon, les homosexuels mâles les plus à risque de contracter le VIH via des relations sexuelles non protégées peuvent y aller gaiement, il suffit de prendre la petite pilule bleue avant le rapport (et même après si on a un doute, comme c’est la sécu qui paie au diable l’avarice) et on reste séronégatif. Chose démontrée, donc, par cette étude de l’ANRS intitulée “Prévenir” démarrée en 2017 (et dont les résultats ne devaient être connus qu’en 2020), cogérée par les AP-HP et l’association AIDES (2).

Le but de l’étude, basée sur environ 1 400 volontaires (hommes homosexuels séronégatifs ayant un comportement dit “à risques”), est de vérifier la performance de la PrEP (traitement préventif contre le VIH à base d’un médicament nommé Truvada composé de Ténofovir et de FTC). Le Truvada préventif se prend, au choix, une fois par jour ou juste avant un rapport. Et le résultat après un an est qu’aucune infection n’a été constatée, zéro cas de conversion de personne suivie séronégative en séropositive. Je dis: tant mieux pour eux bien évidemment. Mais quand même.

Ce n’est pas la première étude sur la PrEP, cet article de 2015 sur ce blog intitulé “Travada mon amour” (3) présente des résultats d’autres études au moment du lancement de la PrEP en France. Ces études montraient un effet PrEP (diminution du risque d’infection) entre 44% et 86% de résultats positifs selon les conditions. L’étude Prévenir a un résultat de 100%, résultat qui invite quelques questions.

D’abord, on ne sait rien des styles de vie des personnes concernées, et notamment concernant la prise de drogues – facteur d’affaiblissement du système immunitaire. Ensuite on ne sait pas si les rapports sexuels étaient à chaque fois avec des hommes différents, où avec un petit nombre de partenaires. Et enfin on ne sait pas si ces partenaires étaient eux-mêmes séronégatifs, séropositifs avec charge virale détectable (donc a priori contagieux selon la doxa sidéenne), ou séropositifs sans charge virale détectable (donc a priori infectés mais non contagieux).

Pour avoir un résultat sérieux il aurait évidemment fallu avoir un contrôle de ces paramètres, et notamment savoir quelles personnes ont eu combien de rapports avec des séropositifs contagieux, les autres ne pouvant par définition n’avoir qu’un résultat de prévention de 100%. L’étude ayant été menée en région parisienne sur une base volontaire, une région riche où l’accès à la tri-thérapie est très développé, on peut penser que la grande majorité des partenaires séropositifs des volontaires de l’étude sont sous tri-thérapie (donc avec faible charge virale), et qu’en fait le nombre de partenaires réellement “à risques” est faible.

De plus, le taux d’infection entre partenaires sérodiscordants non protégés se situe autour de 1 infection pour 900 rapports non-anals ou anal-insertifs, mais de 1 infection pour 71 rapports anal-réceptifs (le risque pour celui ou celle qui est pénétré.e par un séropositif contagieux) (4). Dans le pire des cas donc, c’est-à-dire un homme séropositif contagieux pénétrant un homme séronégatif, ce dernier a une “chance” sur 71 d’être infecté – sans PrEP.

Pour les autres cas c’est une “chance” sur 900, donc sur une étude ayant duré une année (Prévenir ayant démarré en 2017), même sans PrEP et vu la probable faible proportion de séropositifs contagieux en contact avec les personnes de l’étude, il n’est pas très étonnant d’avoir un résultat aussi sensationnel. Même en poussant la caricature avec des gens qui baiseraient tous les jours avec un partenaire différent on ne dépasse pas les 365 rapports annuels, et si seulement un dixième de ces rapports est réellement à risques ça en fait 36, la moitié de la statistique la plus défavorable. Il faudrait alors, statistiquement parlant, deux ans à ce rythme pour obtenir une première infection.

Je suppose que cette annonce un peu prématurée de l’ANRS s’est faite sous la pression de AIDES qui voulait avoir quelque chose à dire lors de la conférence AIDS 2018, et sans doute aussi sous la pression des fabricants de PrEP toujours soucieux de la bonne santé de leur chiffre d’affaires. Et c’est bien sûr là qu’il faut regarder: la PrEP ouvre aux labos un marché de gens séronégatifs (donc a priori non concernés par la médication Sida) qui vont prendre du Truvada pour se débarrasser de l’obligation de porter des préservatifs – avec le bénéfice supplémentaire du grand retour des IST et des traitements qui s’y rapportent (5), sans parler du traitement des effets secondaires de la PrEP longue durée (6).

Bref, comme pour toutes les annonces concernant le VIH c’est un amalgame de mauvaise science, d’intérêts financiers et de marketing du lobby pharmaceutique sur le dos des homosexuels qui croient bon de se gaver de produits chimiques, et sur le dos de la Sécu qui finance tout cela. Je ne serais pas étonné que l’étude Prévenir fasse partie du catalogue des études douteuses, catalogue qui selon The Lancet regroupe pas loin de la moitié des études bio-médicales (7).

 

Notes:

(1) http://www.liberation.fr/france/2018/07/24/sida-la-prep-ca-marche_1668295

(2) http://www.anrs.fr/fr/actualites/313/letude-anrs-prevenir-demarre

(3) https://zerhubarbeblog.net/2015/11/24/truvada-mon-amour/

(4) http://www.catie.ca/en/pif/summer-2012/putting-number-it-risk-exposure-hiv

(5) https://blogs.mediapart.fr/herve-latapie/blog/140717/le-talon-d-achille-de-la-prep-la-flambee-des-ist-prep-en-questions-4

(6) http://www.catie.ca/fr/feuillets-info/co-formulations/truvada

(7) https://zerhubarbeblog.net/2015/06/29/la-moitie-des-etudes-biomedicales-seraient-fausses-selon-the-lancet/

 

 

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

7 réponses

    1. Dudule

      Bonjour.

      Dites, Vincent, qu’est-ce que c’est que ces sous-entendus homophobes dans au moins votre 2e phrase, là, à propos de cet article de L’Obs ? “Aux frais de la secu, dans le seul but d’améliorer le comfort (sic) sexuel des gays”. Et vous enchaînez avec la phrase suivante qui enfonce le clou, je dirais. Ou bien je me trompe ? Démentez-moi, alors. Sinon c’est grave. En tout cas je partage la remise en question de l’existence même du VIH. Ca me paraît bien sûr crucial. Mais pas sur le dos des homos, non. Ca, ce n’est pas possible. Merci de votre attention et (peut-être) de votre réponse à ce message.

  1. Dudule

    Cher V.,

    Dans la doxa VIH-sida, un traitement de style trithérapie semble coûter quant à lui de l’ordre de 1000 à 1500 euros par mois, tous frais également remboursés par la Sécurité sociale (source : https://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20130405trib000757841/1.000-a-1.500-euros-le-cout-mensuel-de-la-tritherapie-d-un-malade-du-sida.html).

    Toujours dans la même “ligne du parti” si j’ose dire, le coût de la PrEP est donc d’environ 400 euros par mois.

    Je ne sais pas s’il y a du lobbying gay ou extra-terrestre derrière quoi que ce soit de tout ça, mais le différentiel de coût est en tout cas du simple au triple, à la louche. Les comptes sont donc vite faits, pour parler de cette façon.

    Le plus essentiel serait de reconnaître (de la part des spécialistes, chercheurs…) que contrairement à ce qui est martelé depuis x temps nous ne savons pour ainsi dire *rien* en matière de “sida”, notamment sa transmissibilité sexuelle si tant est que ce syndrome ait déjà une définition acceptable. L’existence d’un quelconque virus, rétrovirus, de type “VIH” est nettement remise en cause par le Dr E. De Harven, comme vous le savez sûrement, notamment.

    Bien à vous.

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