L’Iran est déjà sous le coup d’attaques

La semaine dernière aux Nations Unies, le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu faisait les gros titres suite à son sketch visant à démontrer le danger imminent que représenterai le programme nucléaire iranien, marquant une “ligne rouge” sur un dessin ridicule de bombe nucléaire que la “communauté des Nations” ne devait pas laisser l’Iran dépasser.

Manquait à ce discours lénifiant la reconnaissance de certains faits:  qu’il n’existe à ce jour aucune évidence objective que l’Iran développe un programme nucléaire militaire; qu’à l’heure actuelle la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient est en fait Israël; que l’Iran est signataire du traité de non prolifération nucléaire alors qu’Israël ne l’est pas, et que Natanyahu lui-même fut dans les années 80 un membre éminent d’un système de contrebande de technologie nucléaire depuis les Etats-Unis vers Israël, selon des informations récemment publiées par le FBI. Mais le but recherché fuit néanmoins atteint, la presse bêlante affichant en gros titres la ligne rouge que tout dépassement (selon quels critères?) conduirait au bombardement de l’Iran.

La manipulation aussi facile et grossière de l’opinion publique est déjà désespérante en soi, mais pire encore est le fait que l’Iran est déjà sous le coup d’attaques à répétition, et ce depuis plusieurs années: assassinats de scientifiques nucléaires iraniens, attribués par deux chercheurs israéliens au Mossad. Le mois dernier l’Iran arrêtait 14 personnes en connexion avec ces assassinats, et les familles de certaines victimes ont déposé plainte contre les USA, le Royaume-Uni et Israël pour leur probable participation à ces attentats.

Une autre attaque ayant défrayé la chronique en 2010 fut l’introduction du supervirus Stuxnet ayant infecté de nombreux systèmes de contrôle d’installations critiques, et notamment en Iran. La complexité et la précision de Stuxnet ne laissent guère de doute quant au fait qu’il s’agissait là d’une attaque en règle contre l’Iran. Et ce n’est pas fini avec la récente découverte du supervirus Flame, encore plus puissant que Stuxnet et visant également l’Iran.

Mais pire que tout, les sanctions économiques imposées à l’Iran sont dévastatrices pour la population et l’économie iranienne, qui n’arrive plus à se fournir en produits de base qu’elle ne peut trouver que sur le marché mondial. De plus la chute du Rial, concomitante au ralentissement économique iranien, rend les importations “légales” toujours plus chères et tout ceci impacte sérieusement le niveau de vie des iraniens.

Bien sûr, mon propos n’est pas non plus de porter envers l’Iran un regard angélique: le terrorisme d’Etat au nom des dogmes théologiques est une triste réalité et il n’y fait pas bon être un artiste ou journaliste osant sortir des chemins bien balisés du politiquement et théologiquement correct. Mais du point de vue extérieur là n’est pas le problème, le problème est que les mêmes Etats prédateurs veulent “se faire” l’Iran (et la Syrie) après l’Afghanistan, l’Irak et la Libye. Peu importe que dans aucun de ces cas la situation démocratique ne se soit améliorée suite aux invasions ou rebellions pilotées à distance, peu importe que la majorité de la population, après avoir subi et subissant encore de lourdes pertes “collatérales”,  soit confrontée à des conditions de vie bien pire qu’avant. Peu importe car le but est de maintenir la peur, qui permet de faire passer tout et n’importe quoi au nom de la “sécurité” et d’enrichir continuellement la machine infernale du complexe financier-pétrolier-militaro-industriel. L’Iran, malgré ses défauts, reste un pays fier et indépendant pourvu de ressources minières et pétrolières importantes, et cela n’est pas tolérable pour nos propres ayatollahs en costume-cravate.

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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