Le général Petraeus ou le troufion, la pute et le truand.

Le général David H. Petraeus fut longtemps la figure humaine, professionnelle, cultivée de la sauvagerie impérialiste américaine en Afghanistan et en Irak. Il présentait bien, parlait de guerre humaine et de “nation-building”, semblait vertueux voir héroïque.  Il est également l’auteur d’un document doctrinal de la politique US qui dit entre autres ceci:

Au niveau stratégique, l’obtention durable de l’opinion public US en vue d’un déploiement (militaire, ndt) est critique. Seuls les officiers les plus gradés sont impliqués dans ce processus. Il s’agit d’une réelle activité politique. Cependant, les dirigeants militaires s’assurent typiquement que leurs actions et leurs paroles sont directement compréhensibles. Ils s’assurent également que la conduite des opérations ne nuit ni à la capacité des élus de maintenir l’approbation publique, ni à la confiance de ce même public(1).

De ceci ressort l’évidence que le général Petraeus est très conscient du lien entre l’illusion créée aux yeux du public et le support de ce dernier pour les aventures militaires. Et si les aventures militaires ne servent pas directement l’intérêt du public (sinon la création d’illusions ne serait pas nécessaire) il en découle qu’elle sert d’autres intérêts – bien connus par ailleurs: les intérêts politiques des politiciens “militaristes”, les intérêts pétroliers et miniers, et les intérêts de participants au système militaro-industriel – autrement dit les marchants d’armes et de matériel ainsi que les fournisseurs de services paramilitaires.

Le fait que, dans la plus pure tradition anglo-saxonne, le général Petraeus soit tombé pour trempette de biscuit non autorisée en trois exemplaires est parfaitement trivial en soi, du moins d’un point de vue non-américain non-puritain, sauf que cela permet de lever un bout du voile sur une réalité fondamentale: toutes les initiatives militaires américaines depuis le 11 septembre 2001 n’ont d’autre motivation que le gain politique et financier d’une certaine “élite”, qui a su trouver en Petraeus une pute de choix pour faire croire à la nécessité autant qu’à la “propreté” de ces déploiements de force.

Le style de vie du haut du panier de l’establishment militaire US semble en effet plus proche des ploutocrates traditionnels que des militaires mariés aux rigueurs du terrain: cet article du Washington Post dénonce le train de vie – aux frais de la princesse – de certains de ces tops commanders. A quoi s’ajoute l’indécence souvent répétée de ces généraux en retraite de l’armée qui vont “travailler” pour les marchands d’armes, bouclant ainsi la boucle: on démarre une guerre pour le bénéfice du business, on se la joue à la Patton devant la troupe et les médias, et ensuite on va tranquillement profiter du marché que l’on aura ainsi contribué à créer. Et pendant ce temps-là les contribuables se font gentiment enc….. au nom de leur “sécurité” et des centaines de milliers de gens se font tuer pour rien.

Cette affaire pourrait faire craindre au général Petraeus un examen public “dé-glorifié” de son action militaire, en particulier pour savoir si le carnage servait effectivement la “sécurité nationale”, ou plutôt certains intérêts déjà cités. On peut par exemple entendre Petraeus parler des milliards de dollars de minerais qui dorment dans le sous-sol Afghan, et ne sont exploitable qu’au travers la sécurisation (militaire) du pays:

Source: Truth-out.org

(1) At the strategic level, gaining and maintaining U.S. public support for a protracted deployment is critical. Only the most senior military officers are involved in this process at all. It is properly a political activity. However, military leaders typically take care to ensure that their actions and statements are forthright. They also ensure that the conduct of operations neither makes it harder for elected officials to maintain public support nor undermine public confidence.

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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