Le confinement, un suicide collectif pour sauver la technocratie.

William Dab, ancien directeur de la Santé, n’accorde que bien peu de bons points au gouvernement dans sa stratégie de lutte contre le Covid-19. Après avoir salué le superbe travail des soignants, il s’attache ensuite à:

critiquer les mesures de prévention, qui ne sont “pas à la hauteur de l’épidémie.” Ou plutôt l’absence de politique en la matière. “La seule mesure de prévention est en réalité le confinement généralisé assorti de recommandations d’hygiène. Autrement dit, on fait peser sur la population la totalité des efforts de prévention”, estime-t-il avant de de décrire les désagréments ”économiques, psychologiques, familiaux, médicaux” que provoque le confinement. 

Une politique “imparfaitement respectée” qui plus est pour William Dab, puisque “ceux qui continuent de travailler et qui prennent les transports en commun peuvent se contaminer.” 

https://www.huffingtonpost.fr/entry/coronavirus-la-gestion-de-lepidemie-est-mediocre-selon-william-dab_fr_5e91885bc5b6f7b1ea816f95?utm_hp_ref=fr-homepage

La Tribune, autre journal généralement peu enclin à la critique du Macronisme, souligne le haut risque de cette politique inepte menée par des technocrates, dépassés, qui font n’importe quoi pour tenter de sauver leur peau:

La France, sixième puissance économique mondiale, a été incapable de faire face d’une manière raisonnable à cette pandémie mondiale. Faute de moyens, le confinement national a été décidé dans la précipitation quand le pouvoir s’est aperçu (un peu tard) que nos services de santé n’allaient pas pouvoir faire face à l’afflux de malades graves. C’est en réalité une solution prise par défaut, dans la plus totale impréparation et urgence. Eberlués, les Français n’ont pu que constater l’indigence de l’hôpital public, et l’incurie de l’Etat, à travers le manque cruel de masques, de tests, et de respirateurs. Il faut se rendre à l’évidence, depuis trente ans, la France est devenu à bas bruit « un pays sous-développé en matière de santé », comme l’a dénoncé le professeur Juvin, chef des urgences de l’hôpital Pompidou à Paris.

Depuis le début du confinement, la colère gronde dans les hôpitaux, mais également dans chaque famille française. Face aux plaintes déposées pour mise en danger de la vie d’autrui, les ministres du gouvernement, comme les hauts fonctionnaires, sont tétanisés, multipliant les signaux contradictoires. Car bloquer et confiner l’ensemble d’un pays, et notamment sa capitale politique et économique  (Paris représente 30 % de la croissance française chaque année et centralise la plupart des réseaux de communication), n’est pas du même ordre que de mettre sous quarantaine une partie de la Chine. 

https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/face-au-covid-19-les-technocrates-francais-pris-au-depourvu-844119.html?fbclid=IwAR2rTH5RnhTYfxujCt8ASlBYM7yZszKlroSW4CbCQA-Bsclvm1NyVwVtd-g

Une guerre contre les plus fragiles.

Les “gens qui ne sont rien” en Macronie paient, et de loin, le plus lourd tribut de la fuite en avant de la technocratie (1). Pourtant vantée (surtout par elle-même) pour ses capacités d’analyse, sa technicité, sa rationalité, la technocratie se révèle être incapable d’une simple évaluation coût-bénéfice du confinement, préférant mener le pays à la catastrophe que regarder les choses en face (2) (3).

Aux abois, le régime a lâché ses chiens à l’encontre de la population, la répression étant la seule manière pour lui de garder un semblant de contrôle de la situation. Lâchée telle un renard dans un poulailler, la police s’en donne à cœur joie, se vautre dans l’absurde (4), libère ses bas instincts de prédation tout en participant à “l’effort” de contamination générale.

Déployant un discours de criminalisation des personnes qui ne respecteraient pas le confinement, le gouvernement brandit ces chiffres pour montrer l’efficacité des mesures liberticides mises en place. Pour autant, les motifs des verbalisations restent pour le moins abusifs, comme le montre avec clarté le site internet Survol.fr qui recense dans un Carnet de Notes intitulé « Verbalisé (parce que) » un certain nombre de témoignages de verbalisation outrancière. Nous faisons ci-dessous un petit tour d’horizon des différents cas présentés sur le site.

https://www.revolutionpermanente.fr/135EUR-pour-un-achat-de-tampons-ou-de-gateaux-un-site-recense-les-abus-policiers-sous-le?fbclid=IwAR2Gfo7s7xdifTl76-r093Pwp70pW4g542OLdzHb9TLDXkK9QpyfcOhECPU

A l’extérieur de l’Hexagone, c’est un sentiment de sidération. En Suisse, le président du Conseil d’Etat du canton de Genève, Antonio Hodgers, répondait ainsi aux critiques ineptes du sénateur français Loïc Hervé:

Tandis que le chef des armées Macron déclame que la France est en guerre et donne une dimension martiale à la gestion de la crise, le Conseil fédéral suisse insiste sur la responsabilité individuelle et préfère la métaphore sportive du marathon. Mais ce décalage notable entre les discours de nos deux pays relève, à mon sens, plus d’une conception différente du rôle de l’Etat que d’une réelle divergence de nos politiques sanitaires.

Le modèle français a voulu un confinement complet de la population consistant en l’interdiction de sortir de chez soi, sauf pour des motifs d’exception. La Suisse a considéré que la seule manière de ralentir la diffusion du virus est la compréhension par chacun.e des règles sanitaires. Que l’adhésion de la population est un outil bien plus efficace que toutes les forces de police qui ont d’ailleurs d’autres enjeux à gérer.

https://www.heidi.news/sante/la-reponse-d-antonio-hodgers-au-senateur-qui-accuse-la-suisse-de-menacer-la-sante-des-francais?utm_source=facebook&fbclid=IwAR1uqnWUXdpoIRLzrYRccWNmDc0CJ3-JuGELJX1YF9URQuOBqOz42DrontI

En Allemagne, le président ne cherche pas à se cacher et à justifier l’injustifiable avec un discours de guerrier de pacotille:

Frank-Walter Steinmeier prend ainsi le contre-pied du président français Emmanuel Macron qui, martial, avait martelé à la télévision française mi-mars être “en guerre” contre la pandémie et annoncé un confinement généralisé de sa population.

Une voie que n’a jusqu’ici pas suivi l’Allemagne qui n’applique pas un confinement strict. Avec un nombre de décès officiellement liés au Covid-19 contenus à ce stade à quelque 2500 morts, le pays semble pour le moment mieux faire face à la pandémie que nombre de ses voisins européens.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/la-lutte-contre-le-coronavirus-nest-pas-une-guerre-selon-le-president-allemand_fr_5e91df9ac5b6f7b1ea823eed

Un début de Résistance.

Ici, pourtant, la résistance commence à s’organiser. A Toulouse, des avocats remettent en cause la légalité du confinement:

Ce jeudi après-midi, des avocats toulousains à l’audience de comparutions immédiates du tribunal correctionnel ont mis sur la table la question de la légalité du confinement.

Les défenseurs affirment qu’il ne s’agit pas de remettre en cause l’état d’urgence mais les juges doivent veiller à ce que le gouvernement ne porte pas atteinte aux droits et aux libertés.

Pour eux, l’obligation de fournir une attestation qui elle-même ne relève aucune clarté découle d’une interprétation diverse. De plus, ils réaffirment que ne pas remplir une attestation au crayon à papier où à l’encre effaçable n’est pas prévu dans le décret indique la dépêche.

https://www.toulouseinfos.fr/actualites/societe/41722-toulouse-des-avocats-remettent-en-cause-la-legalite-du-confinement.html?fbclid=IwAR1krTgzSA2XBCD5i3K8GKbqdEtNkuv3ECvUMXmXjZDi0m7Y6SiekXga6-w

Plus radical, un collectif des Hautes-Pyrénées en appelle à ne plus se munir des attestations à la con requises par le régime, et de ne plus payer les amendes. Anne de Brouwer, Alain Bonneau, Merilu Solito, Michèle Setti et Renaud de Bellefon lancent un appel afin de ne plus présenter l’attestation de circulation:

« Il répond à une inquiétude que nombre d’entre nous, peut-être de plus en plus, partageons sur la privation de liberté aujourd’hui, l’instrumentalisation (réflexe et réfléchie, les deux peuvent exister conjointement) de la crise sanitaire actuelle par les pouvoirs en place, sur comment demain se dessinera (rattrapage du temps perdu à produire, consommer, etc ou prise de conscience d’un changement radical nécessaire ?). Ces inquiétudes sont partagées comme en témoignent ces deux documents, l’un du Syndicat de la magistrature, l’autre de l’observatoire des droits de l’Homme. Ce type de réaction n’est peut-être pas dans l’air du temps, ce temps où la peur tant du virus que du « flic », guide nos actes et positions. Néanmoins il faut partager ce questionnement de l’un d’entre nous « la santé ou la liberté, qu’est ce qui est le plus important ? Nous vous prions donc de le publier dans vos médias, car c’est un appel public nécessaire en ces temps de démocratie au ralentie.  », explique Renaud de Bellefon.

https://www.lasemainedespyrenees.fr/2020/03/31/bigorre-renaud-de-bellefon-ne-veut-plus-presenter-son-attestation-de-circulation/?fbclid=IwAR1-b5RV0sutnBPwFM0FDP6OeDtv9OBvSWQ3eqrg1eaYBEPmCp23shDRTK4

Sous le choc, sidérée par l’ampleur de ce qui lui arrive, submergée par la propagande politico-médiatique cherchant à lui faire croire que le Coronavirus sera éradiqué par le confinement, la population française ne réagit pas. Elle succombe à la peur, à l’irrationalité. Pourtant il n’y a pas de mystères: le confinement n’a d’autre but que de soulager les urgences pour éviter que des gens ne meurent faute de soins. Il n’a pas pour but de limiter l’épidémie en tant que telle, tout le monde sachant bien que celle-ci, sauf une très peu probable vaccination massive dans les jours à venir, ne s’arrêtera que lorsque 50% à 60% de la population aura été touchée.

Pour y faire face, il faut protéger les gens à risque et rendre leur liberté aux autres pour que la vie continue. Sans quoi les dommages sociaux associés au confinement seront pire que ce qui aura pu être sauvé. En fait c’est déjà le cas si l’on ne prend pas pour seul critère le nombre de morts. Mais ne prendre que ce critère, aussi simple que peu significatif (5), est tout ce que la technocratie sait faire, et elle s’en sert pour semer la peur et ainsi délégitimer toute opinion contraire. Et ca marche, mais pour encore combien de temps?

Evaluer les bénéfices du confinement.

Les Inrocks publient “Les “impressions dissonantes” de Geoffroy de Lagasnerie sur la crise en cours”:

Le confinement a produit un éclatement et une délégitimation de toutes les formes de vie non institutionnelles et familiales. L’autorisation de certains contacts et l’interdiction d’autres a produit une reconfiguration psychique des liens que chacun de nous entretient avec les autres – certaines relations intimes ont été définies comme des relations étrangères que nous ne pouvons plus entretenir : il est possible de vivre à 8 dans une maison si l’on est mari et femme avec enfants et grands parents mais deux amis célibataires ou amants qui n’habitent pas ensemble mais pourraient malgré tout être vus comme formant une petite unité domestique sont interdits de se voir. Un policier est placé entre eux….

Le confinement tel qu’il est pensé dans sa forme actuelle accomplit le destin réactionnaire d’une éradication des relations non familiales et soutient une économie psychique qui, de fait, dévalorise symboliquement toutes ces formes de vie et les qualifient comme superflues, avec les souffrances psychiques que cela occasionne mais que personne ne prend au sérieux pour évaluer les bénéfices du confinement .

https://www.lesinrocks.com/2020/04/01/idees/idees/les-impressions-dissonantes-de-geoffroy-de-lagasnerie-sur-la-crise-en-cours/

Evaluer les bénéfices du confinement. Une obscénité, bientôt un motif de tabassage policier et d’emprisonnent car au pays de la technocratie suicidaire, les questions rationnelles sont interdites. Personne ne se la pose dans les médias qui répercutent toutes les heures la propagande du régime et nous passent la pommade le reste du temps.

On se la pose encore moins au gouvernement, encore moins dans les instances dites “scientifiques” telle l’INSERM ou le Conseil scientifique qui, tel le marteau, ne voient les problèmes que sous forme de clous: pour eux, la société n’est qu’un hôpital où l’on compte les entrées, les sorties et les décès. Le reste est académique.

Combien de cas, en vrai?

Le régime technocratique français, ayant été incapable de se procurer à temps une capacité de test suffisante, navigue à l’aveuglette. Il n’a aucune idée de la proportion de la population déjà en contact avec le virus, donc aucune idée de sa létalité réelle. Cette étude parue dans le Lancet estime que:

Le nombre de cas confirmés Covid-19, officiellement déclaré par différents pays et massivement rapportés par les médias nationaux et internationaux, sont massivement en-deçà du nombre réel de contaminations, selon un récent rapport de l’Université de Gottingen.

Leurs données montrent que ces pays ont seulement dépisté, en moyenne, 6% des infections au coronavirus, et le nombre réel de personnes infectées au niveau mondial serait plutôt de l’ordre de plusieurs dizaines de millions. L’étude est disponible en ligne (6)

The number of confirmed cases for the novel coronavirus disease COVID-19 officially issued by countries and widely reported by national and international media outlets dramatically understates the true number of infections, according to a recent report from the University of Göttingen.

Their data shows that countries have only discovered on average about 6% of coronavirus infections and the true number of infected people worldwide may already have reached several tens of millions. Their study is available online.

https://medicalxpress.com/news/2020-04-covid-average-actual-infections-worldwide.html?fbclid=IwAR0Y9wu4ofWE045ahfuh7G1X9u0DkxVZoF42aSmRPL8ezPW7IUxjSxdzX0c

Avec un peu plus de 130 000 cas dépistés (à l’hôpital), si ce chiffre égale 6% de cas le nombre réel serait de l’ordre de 2,1 millions. Sachant que la France doit être la dernière de la classe en matière de tests, elle est certainement largement en-dessous de cette moyenne: on ne connait peut-être que 1% ou 2% de la réalité – auquel cas il pourrait y avoir de l’ordre de 9 millions de contaminés, soit 13% de la population, ce qui est en ligne avec nos précédentes estimations (5).

Ce soir l’inénarrable Macron va (encore) s’adresser à la Nation. Nul doute, comme d’habitude, en termes infantilisants, en brandissant la répression comme valeur de salut public, en appelant à l’unité nationale pendant que ses flics rackettent la population et que sa technocratie monte des murs pour se protéger du retour de boomerang qui viendra, tôt ou tard. Ou pas, si nous nous laissons faire, si nous continuons à courber l’échine sous la peur d’un virus qui, certes très dangereux, l’est toujours moins que la technocratie qui nous mène au suicide collectif pour sauver sa propre peau.

Liens et sources:

(1)

(2)

(3)

(4)

(5)

(6) http://www.uni-goettingen.de/de/document/download/ff656163edb6e674fdbf1642416a3fa1.pdf/Bommer%20&%20Vollmer%20(2020)%20COVID-19%20detection%20April%202nd.pdf

A propos Vincent Verschoore

Animateur de Ze Rhubarbe Blog depuis 2008.

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